La marche du monde est préoccupante.
L’année 2016 en l’a manifesté plusieurs fois, du Brexit à l’élection présidentielle américaine. Que nous réserve 2017 ?
Comment l’Europe surmontera-t-elle la crise qui la submerge ?
Comment la France échappera-t-elle à la régression d’une élection présidentielle qui la tire vers le bas ?
Comment la Corse poursuivra-t-elle la voie du renouveau qui s’est ouverte à elle en décembre 2015 ?
Più chì mai, per 2017, à tutti : Pace, salute è libertà !
L’arrivée aux affaires de Donald Trump aux Etats Unis annonce des lendemains difficiles pour le monde. Car, qu’on le veuille ou non, la conduite des affaires de la première puissance mondiale pèsera lourd dans le reste du monde. Barack Obama a préféré prendre les devants partout où il l’a pu. En ratifiant illico l’accord de Paris conclu lors de la COP 21 : l’administration climato-sceptique qui s’annonce à Washington sera ainsi liée par des engagements internationaux désormais officiels, ça devrait limiter la casse.
Autre décision spectaculaire: l’adoption grâce à l’abstention surprise des USA sur instruction directe de Barack Obama, de la résolution de l’ONU condamnant les colonies de peuplement perpétrées par le gouvernement israélien à Jérusalem Est et en Cisjordanie. Rien ne peut plus désormais défaire cette résolution, et la nouvelle diplomatie américaine, si elle aura à nouveau le pouvoir de bloquer une résolution, n’aura jamais les moyens de promouvoir une résolution contraire.
Mais chacun sent bien les tendances lourdes qui découleront de la prise de fonction de Donald Trump, qui accélèreront, au nom d’un supposé bien être américain, de nouvelles crises économiques et politiques.
L’Europe a été affaiblie par le Brexit britannique. La remontée prévisible des taux d’intérêt et du prix des matières premières va fragiliser les équilibres des pays européens les plus faibles, notamment la Grèce, l’Espagne, le Portugal et l’Italie, sans oublier la France qui n’est pas en bonne forme non plus. Dans un contexte économique mondial plus tendu, l’Europe risque de connaître des difficultés nouvelles. D’autant plus que les populismes européens, qui l’ont emporté au Royaume Uni, continuent de se propager et de menacer la construction européenne. Certes on a échappé au pire en Autriche où l’extrême droite, pourtant donnée favorite, a été défaite assez nettement début décembre. Serait-ce le début d’un reflux général de ces tendances rétrogrades ? C’est vraiment le premier vœu que l’on peut formuler pour 2017, car aux Pays Bas et en France, l’extrême droite antieuropéenne est à la veille d’échéances qui pourraient, après UKIP au Royaume Uni, consacrer un parcours qui, depuis dix ans, va crescendo. L’Europe en serait durablement compromise !
En France, l’élection présidentielle occupe progressivement l’avant-scène politique. Les primaires ont déjoué les pronostics, et elles ont déjà écarté Cécile Duflot, Alain Juppé et Nicolas Sarkozy. François Hollande, de son côté, a dû renoncer, et la gauche sera bien en peine de dégager une dynamique à partir de sa primaire tant les candidats qu’elle avance sont peu engageants. Dans un tel contexte, la victoire de l’extrême droite devient un risque réel.
En Corse, un tel scenario n’est pas vraiment anticipé, pas plus d’ailleurs que la victoire d’une droite acquise à un discours « national-français » tel que l’incarne François Fillon. Les résultats de l’année écoulée sont à mettre au bilan de l’Exécutif, Arrêtés Miot prolongés de dix ans, crise maritime évitée, CTC sauvée de la faillite. Mais l’essentiel est encore à conquérir, pour la langue, pour l’autonomie, pour la reconnaissance du peuple corse.
Pour la Corse, 2017 sera une année de la plus grande importance. De notre capacité à confirmer le succès de décembre 2015, d’abord aux législatives dans six mois, puis aux territoriales actuellement programmées en décembre 2017, dépendra la possibilité d’aller plus loin dans le rapport de forces avec l’Etat. Il faudra être bien armé pour surmonter les difficultés du dialogue avec ceux qui accèderont probablement au pouvoir alors que nous les avons toujours combattus.