Cyclone à Mayotte

Alerte violette !

On connaissait les alertes jaunes, oranges ou rouges qui graduent la force des évènements climatiques dangereux. A Mayotte, les vents dévastateurs étaient ceux d’une « alerte violette », autant dire un cataclysme jamais vu encore. Les victimes sont très nombreuses, les dégâts incroyables, et les moyens d’action dérisoires.

 

 

Près de la moitié des logis de Mayotte, particulièrement ceux des « bidonvilles » qui abritent une grande partie de la population de l’île, ont été littéralement soufflés. La Préfecture parle de dizaines de milliers de sans-abri, et de centaines de victimes sous les décombres. Beaucoup plus encore que le bilan de la catastrophe de Valence en Espagne, qui a pourtant frappé les esprits par son ampleur !

L’hôpital fait partie des infrastructures partiellement détruites par le cyclone, et il ne peut plus accueillir les urgences médicales. Plusieurs voies de communication sont détruites ce qui entrave les secours. Les réseaux d’eau sont hors d’usage ; l’île manque d’eau pour les habitants, et de vivres pour assurer leur subsistance.

 

L’habitat précaire a été dévasté. Il donnait un toit aux plus marginaux, les sans-papiers, les sans travail, les sans ressources ; les bidonvilles détruits étaient un habitat « sauvage », construit sommairement sur des terrains squattés, souvent en zone exposée aux inondations. Quels que soient les moyens déployés par la France et l’Europe dont Mayotte pourra bénéficier, comment les engager pour des gens sans existence légale, pour reconstruire sans permis des logements sommaires sur des terrains sans titre de propriété ?

À cela s’ajoute la très longue distance qui isole Mayotte de la solidarité. Que pourront les campagnes de dons sans des organismes pour les acheminer, les stocker et les distribuer ? Pour ces acteurs rompus aux situations de désastre, comment opérer pour arriver au contact de sinistrés isolés au cœur de l’océan Indien ?

Face au désastre qui a frappé Mayotte, un cataclysme qui a franchi une nouvelle étape dans l’intensification des phénomènes liés au réchauffement climatique, l’impuissance menace l’avenir de dizaines de milliers de personnes, femmes, enfants, vieillards. Où iront ces réfugiés climatiques qui ont perdu tout espoir de vivre dignement sur leur terre ? Ne faut-il pas leur offrir un ailleurs pour construire une vie nouvelle ?

À Mayotte, après le cyclone Chedo, les autorités se trouvent face à une situation inédite qui ne pourra que se reproduire dans plusieurs autres territoires exposés aux événements climatiques hors normes qui se multiplient. À Mayotte, nous prenons conscience que nous ne sommes absolument pas préparés pour faire face aux conséquences du réchauffement climatique. •

F.A.