Pour les droits du fleuve Tavignanu

Conférence le 9 octobre à Aleria

Pour approfondir et mieux comprendre la démarche qui vise à faire reconnaître les droits du fleuve Tavignanu qui a déjà recueillie la signature de plus de 4 600 personnes à ce jour, une conférence/débat est organisée en présence de Marie-Angèle Hermitte et Marine Yzquierdo le dimanche 9 octobre à 14h à la Maison des Associations d’Aleria.

 

Juriste, directeur de recherche honoraire au CNRS et directeur d’études honoraire à l’EHESS, Marie-Angèle Hermitte publie depuis de nombreuses années sur la manière dont les éléments de la nature peuvent devenir des sujets de droit et connaît bien les modèles étrangers. Après avoir participé au Parlement de Loire, elle essaie de rassembler les expériences françaises autour des droits des fleuves. Elle a également travaillé à deux reprises à l’Università di Corti sur le Pacte pour les droits de la nature en Corse.

Avocate en droit de l’environnement, Marine Yzquierdo est également membre du conseil d’administration de l’association Notre Affaire à Tous, qui œuvre pour la justice climatique (l’Affaire du Siècle) et les droits du vivant. Elle a également collaboré au Parlement de Loire et aidé le collectif Tavignanu Vivu à rédiger le texte de la Déclaration des Droits du Tavignanu.

Le collectif Tavignanu Vivu qui lutte contre un projet dévastateur de centre d’enfouissement de déchets ménagers et de déchets amiantifères sur les berges du fleuve, organise cette rencontre à un moment où l’on apprend une excellente nouvelle depuis la région autonome de la Murcie en Espagne qui se bat depuis de longues années pour la reconnaissance des droits de la plus grande lagune d’eau salée d’Europe (17.000 hectares).

 

La lagune Mar Menor vient en effet d’obtenir sa reconnaissance par le sénat espagnol. « C’est le premier écosystème européen à se voir reconnaître une personnalité juridique et des droits. Une immense victoire ! » a commenté l’eurodéputée Europe Écologie les Verts, Marie Toussaint qui est parmi les premières signataires avec l’eurodéputé de la Corse François Alfonsi, de la Déclaration des droits du fleuve Tavignanu en Corse. Après le Congrès en mars dernier (parlement espagnol, avec 274 voix pour et 52 contre du parti d’extrême droite Vox), le Sénat (avec 230 voix pour, 3 contre et 30 abstentions) valide définitivement cette loi faisant de la lagune une personne morale au même titre que les individus ou les entreprises !

Eau chaude, peu profonde, la Mar Menor est un écosystème riche de plusieurs espèces de poissons et coquillages. Dès l’Antiquité, elle a été un lieu attractif de villégiature, de nos jours très prisée par le tourisme mondial du fait de ses conditions climatiques exceptionnelles. Elle est reconnue site Ramsar de l’environnement depuis 1994, mais l’occupation humaine, urbanisation et activités nautiques, ainsi que les cultures intensives sur son pourtour usant d’engrais chimiques, ont entraîné une grave pollution. L’eau s’est troublée, les plages ont perdu leur label Pavillon bleu en 2017, l’écosystème est en grand danger. En 2021, un phénomène de mortalité massive de poissons du fait du manque d’oxygène a révolté riverains et défenseurs de l’environnement. Plus de 600.000 citoyens demandent la reconnaissance des droits de la lagune.

Depuis ce 21 septembre, l’Espagne est donc le premier pays européen à accorder des droits juridiques à un écosystème. Désormais tout citoyen pourra saisir la justice pour défendre ses droits et lutter contre les sources de pollution. C’est une jurisprudence que pourront invoquer tous les défenseurs de l’environnement face à des crimes commis contre la Nature. Le Collectif Tavignanu Vivu et la Corse dans leur combat pour les droits du fleuve Tavignanu obtiennent là un nouvel élan dans leur combat.

Soyez nombreux le 9 octobre à Aleria, et partager l’information. •

ARRITTI.

 

Signez la déclaration des droits du fleuve Tavignanu : www.tavignanu.corsica