Les énergies renouvelables, soleil, vent, eau, biomasse, sont des biens communs. Ils doivent être exploités, valorisés de façon commune. La meilleure façon de lutter contre la pauvreté c’est de créer de la richesse, à condition de la partager. Avec les énergies locales, renouvelables, gratuites, c’est possible si nous le décidons aujourd’hui, ici, maintenant.
Le monde de l’énergie, déjà en pleine évolution, connaît une formidable accélération grâce à la prise de conscience du réchauffement climatique et tout récemment à cause de la guerre en Ukraine. Le monde du pétrole, du gaz, de l’explosion va laisser rapidement la place aux énergies à sources renouvelables, locales, sans émission de gaz à effet de serre et gratuites.
La lutte contre le réchauffement climatique et la nécessité d’une moindre dépendance aux importations s’associent pour booster leur développement. En parallèle, les besoins d’énergie augmentent alors même que l’approvisionnement se raréfie et n’est même plus garanti.
Ici, en Corse, nous sommes dépendant à plus de 80 % des hydrocarbures !
Ce sont les besoins en électricité qui vont croître très rapidement pour de nombreuses raisons : 1) la nécessaire décarbonation des activités humaines pour rester en dessous des deux degrés d’élévation des températures, 2) le développement de la mobilité électrique, 3) les exigences de l’Europe de décarbonation des transports pour 2030, 4) l’accroissement de la population, et 5) des usages.
Heureusement, en Corse, nous sommes richement dotés d’énergies locales et renouvelables, soleil, vent, eau, biomasse, géothermie sont abondantes, elles sont aussi des biens communs qui appartiennent à tous et à chacun.
Nos sources d’énergie doivent être exploitées, valorisées de façon commune. C’est le meilleur moyen de lutter contre la paupérisation en marche, l’accroissement des inégalités insupportables : de créer de la richesse ici, à condition de la partager.
Le modèle économique libéral d’exploitation des énergies fossiles a enrichi honteusement un petit nombre au détriment de tous ici, et ailleurs, il doit être remis en cause. Ce modèle a toujours été porteur de conflits et de guerres, pour l’appropriation des ressources et, ou, de leur acheminement vers les pays importateurs. On voit bien que l’addition des intérêts particuliers ne fait pas l’intérêt collectif. Il faut se méfier des indicateurs comme le PIB de la Corse en hausse qui masque les inégalités insupportables, qui se creusent.
Ce changement de modèle peut être facilité par l’implication des citoyens, des collectivités locales dès la conception, la pertinence de projet d’installations de production d’électricité à source renouvelable, permettant une meilleure acceptation. L’intégration dans le paysage des éoliennes, des panneaux photovoltaïques, des retenues d’eau est difficile, nous sommes habitués à la discrétion, relative, des moyens de production et de distribution de l’énergie, les plus gros impacts sont ailleurs, loin. Cette irruption dans notre environnement est aussi un bien, car, justement on les voit, il y a donc un aspect pédagogique.
Sur le plan financier, les gros bénéfices ne sont plus la seule motivation, même si la rentabilité reste indispensable, les retombées d’un projet citoyen restent en Corse.
Nous pouvons multiplier par trois la puissance installée en énergie renouvelable grâce au stockage par batterie, production d’hydrogène, les STEP ainsi monter à plus de 600 Mw.
Avec la multiplication des STEP (station de transfert d’énergie par pompage), nous apporterions une solution à deux problèmes urgents, l’amélioration des ressource en eau et le stockage de la production d’électricité intermittente. Encore faut-il que la première sur le Sampolu soit mise en fonctionnement très rapidement….
D’autres sites doivent être étudiés et réalisés de toute urgence.
La participation citoyenne et collective est aussi essentielle dans la gestion afin de permettre des retombées financières locales, près de 3 € pour 1 € investi.
Non délocalisables, les ENR sont créatrices de nombreux emplois locaux et de compétences nouvelles, très recherchées partout dans le monde.
Nous avons largement les moyens financiers pour développer, ici, ensemble, un nouveau modèle économique vertueux, l’épargne des Corses dépassant les 10 milliards d’euros.
C’est une question de volonté politique. Les décideurs doivent ouvrir des SEML (sociétés d’économie mixte locales) aux citoyens réunis sous forme de Coopératives ou autres formes juridiques. Nous pouvons répondre aux besoins d’électricité de la Corse avec majoritairement les moyens de production par les ENR grâce au stockage massif par batterie ou hydrogène.
Nous pouvons tendre vers une autosuffisance énergétique avec un modèle économique profitable au plus grand nombre avec les énergies locales, renouvelables, gratuites c’est possible si nous le décidons aujourd’hui, ici, maintenant. •
Georges Guironnet
Membre de l’association Énergie partagée et de Energia nostra – https://energie-partagee.org/
Qu’est-ce qu’un projet citoyen en deux mots ?
Un projet citoyen est un projet qui ouvre son capital au financement collectif et local. La gouvernance est donc partagée entre les acteurs locaux et les habitants, ce qui garantit la poursuite de l’intérêt général, maximise les retombées locales et facilite l’adhésion des riverains. •