Le 24 mai dernier, l’ONG Pesticide Action Network révélait que plus d’un tiers des fruits et légumes cultivés en Europe était contaminé par des substances dont l’utilisation est interdite au sein de l’Union Européenne. En effet, depuis 2011, un règlement européen contraint les États membres à remplacer une cinquantaine de substances chimiques utilisées dans les pesticides. Ce document révèle la faible effectivité de cette règlementation, qui est appelée à évoluer ces prochains mois.
La Commission européenne a dévoilé le 22 juin dernier ses propositions concernant la réduction de l’usage des pesticides. La Commission a divulgué les lignes de sa stratégie « Farm to fork » présentée en 2021 qui vise, d’ici à 2030, à réduire de moitié l’usage de pesticides, de réduire de 20 % l’usage des engrais dans les pays de l’Union Européenne ainsi que de consacrer un quart des cultures à l’agriculture biologique.
Cette règlementation suscite de nombreuses inquiétudes, notamment au sujet de la sécurité alimentaire mondiale dans le contexte de la Guerre en Ukraine. Certains pays redoutent qu’une baisse drastique des pesticides et engrais provoque une importante baisse des rendements des culture, même s’il a été indiqué que les « changements seront progressifs ». Selon la Commission Européenne, l’utilisation des pesticides provoque un grave problème de biodiversité en Europe, et pourrait entrainer une grave crise alimentaire sur le long terme. La réduction des pesticides et des engrais serait donc bénéfique à moyen et long terme pour la fertilisation des sols et leur rendement. Cette réglementation s’inscrit donc dans une volonté de restaurer la biodiversité en Europe, en stoppant le déclin des pollinisateurs et en restaurant les habitats naturels d’espèces en danger.
Pour atteindre leurs objectifs, les pays de l’Union Européenne devront fixer un objectif national par une méthode élaborée par la Commission Européenne, qui pondérera les efforts déjà effectués et l’intensité de l’utilisation des pesticides. Si le texte sera examiné par le Parlement Européen et par les États membres, le conseil de l’Agriculture le 13 juin dernier a déjà émis des réserves face à des objectifs homogènes entre pays tout comme les ministres européens de l’Agriculture qui ont également évoqué « l’irréalisme » du projet face au défi alimentaire mondiale. Les États présenteront donc leur plan national à la Commission, qui n’a pas encore précisé les sanctions en cas de non-respect des nouvelles règlementations.
Les agriculteurs seront soutenus par les fonds de la Politique agricole commune (PAC) pendant une période transitoire de cinq ans, pour pouvoir privilégier des méthodes alternatives contre les maladies et les parasites, dont le développement sera assuré en coopération par les États et la Commission. La Commission souhaite également interdire le recours des pesticides chimiques à proximité de zones dite « sensibles » comme les écoles, les parcs ou encore les aires de jeux. •