Le 16ème rapport sur la gestion des déchets urbains pour l’année 2014 en Sardaigne est disponible sur internet. Comment expliquer les très bons résultats obtenus en Sardaigne, avec une amélioration sensible chaque année, et la terrifiante médiocrité de ce que nous réalisons en Corse ?
La Sardaigne a ramassé 725.000 tonnes de déchets en 2014, pour 1,663 million d’habitants. La fréquentation touristique est responsable de 10% de ce tonnage.
Alors que la collecte des OM triées était de 170.000 tonnes en 2009, elle est de 384.000 tonnes en 2014, huit ans plus tard ! Soit plus de la moitié des ordures produites (53%), contre 49% l’année précédente. Chaque année la Sardaigne trie davantage, au rythme de +4% tous les ans.
Principale composante de ce tri : les déchets alimentaires qui sont 43% des tonnages collectés via le tri sélectif. Ces déchets alimentaires sont compostés dans des centres répartis sur tous les territoires, où ils produisent un compost mis à disposition des usagers.
Lisons ce que dit le rapport sur les bio-déchets : « Il s’agit d’un déchet assez facile à récupérer sur tout le territoire de la région, alors que, non séparé, il est la cause de problèmes insurmontables pour l’environnement, à cause des gaz en décharge, et parce qu’il fait baisser le pouvoir calorifique de ce qui va en incinération, tout en provoquant une aggravation des émissions polluantes. » Difficile d’exprimer mieux l’ardente urgence généraliser la collecte séparée des déchets alimentaires sur toute la Corse comme le fait, pour l’instant, la seule Balagne autour de Calvi.
Les autres composantes des OM triées sont le papier (19%), le verre (11%), les plastiques (8%), les déchets verts (7%), le reste (électroménager, vêtements, métaux, etc..) complétant le recyclage.
Sur un potentiel estimé de 280.000 tonnes de déchets compostables (bio-déchets, déchets verts), dans les OM sardes, 197.000 tonnes ont été valorisées et compostées en 2014 (contre 193.000 tonnes l’année précédente, en progression régulière).
Les citoyens sardes sont sans doute une espèce atypique : 214.000 d’entre eux trient à plus de 70% leurs déchets ; 1,2 million (soit plus de 70% de la population totale) trient à plus de 50%, et seulement 5.000 d’entre eux ne trient qu’à moins de 20% comme nous le faisons en Corse ! A peine 3% des citoyens sardes se comportent comme des Corses ! Il y a vraiment de quoi se poser des questions !
En 2014, 80 communes sardes sur 377 ont réalisé plus de 70% de tri de leurs déchets ; elles n’étaient que 15 l’année précédente. Tout est tiré par le haut, et le rapport détaille, commune par commune, les efforts faits pour encourager les citoyens à trier.
Tout ça pour un prix de revient largement inférieur à ce que nous connaissons en Corse : 157 €/tonne, quand le Syvadec vient de porter son tarif à plus de 200 €/T.
Tout aussi intéressant : le traitement des déchets non triés.
Seule une infime partie (3%) est mise telle quelle en décharge, alors qu’il y a vingt ans, c’était le cas pour 70%. Pour les 47% d’OM non triées en 2014 (340.000 tonnes contre 360.000 tonnes l’année précédente), 120.000 tonnes vont en incinération, en baisse chaque année. Et le rapport signale que de ce fait 34.000 tonnes de cendres et de scories ont dû être mis en décharge, avec cependant une forte baisse par rapport à l’année précédente (9.000 tonnes de moins), ce qui traduit à la fois la montée en puissance du tri et l’abandon progressif de l’incinération mise en place par le passé.
Sur les 200.000 tonnes orientées vers les décharges, chaque centre est équipé d’un dispositif de « biostabilisation » qui permet de neutraliser les nuisances et de minimiser de 25% la quantité qui est finalement enfouie. Soit au total, pour 2014, 146.000 tonnes enfouies, auxquels s’ajoutent les imbrûlés de l’incinérateur pour 34.000 tonnes.
Vous avez bien lu : avec une population cinq fois plus importante, la Sardaigne enfouit un tonnage à peine similaire à celui de la Corse !
Franchement, il serait temps que l’on s’y mette sérieusement !
François Alfonsi.