Nouveau rapport du GIEC

Les écosystèmes méditerranéens particulièrement touchés

Le 28 février dernier, le second volet du rapport d’évaluation du GIEC a été dévoilé. « Impacts, adaptation et vulnérabilité » confirme les précédentes analyses du groupe de chercheurs qui alertent sur les conséquences de l’inaction climatique.

 

De nouvelles constatations viennent corroborer les prédictions du précédent rapport scientifique. Alors que la hausse du niveau de la Méditerranée s’accélère, les changements du littoral sont plus violents que prévus lors du dernier rapport. En Méditerranée, les conséquences sont nombreuses : montée des eaux et acidification impactant les écosystèmes, les habitations ou encore les ressources halieutiques

L’activité humaine est alors pointée comme la cause principale de ces changements selon Wolfgang Cramer, directeur de recherche au CNRS, à l’Institut méditerranéen de biodiversité et d’écologie marine et continentale : « Par des moyens scientifiques d’attribution formelle, nous montrons que les impacts du changement climatique sont manifestes dans la plupart des écosystèmes, des hydrosystèmes et des sociétés humaines. Nous avions déjà constaté beaucoup d’impacts lors du précédent volet, mais nous avons maintenant encore plus de certitudes et d’observations pour appuyer nos déclarations. Nous voyons cela notamment à travers les événements extrêmes, comme les canicules, les sécheresses ou les tempêtes. Les progrès de la science depuis le dernier rapport du Giec, il y a sept ans, nous ont permis de démontrer que ces catastrophes sont de plus en plus courantes et que cette hausse est due, dans un grand nombre de cas, à l’activité humaine. Nous montrons également que la plupart des tendances et les projections des précédents rapports du Giec se sont confirmées, ou ont été en dessous de la réalité : la situation s’est significativement aggravée. Je constate par exemple que la hausse du niveau de la Méditerranée s’accélère et provoque des changements du littoral plus violents que prévu lors du dernier rapport. La vulnérabilité du littoral méditerranéen, pour ses écosystèmes comme pour les installations humaines et le patrimoine, est particulièrement importante car, jusqu’ici, la mer ne montrait que de faibles marées et rarement de grosses tempêtes touchant les côtes. Le niveau pourrait monter d’un mètre d’ici à la fin du siècle, comme partout dans le monde, ce qui serait catastrophique car les villes n’ont absolument pas été conçues pour y faire face. On pense bien sûr à Venise (Italie), mais la plupart des cités côtières sont en fait menacées, et en particulier Alexandrie (Égypte) et ses cinq millions d’habitants. »

 

Si la Méditerranée présente un risque de canicule élevé qui pourrait à terme modifier la biodiversité avec la migration de poissons qui disparaitraient dans cette zone, la Corse apparait dans le rapport comme une zone de refuge pour près de 72 % des espèces considérées dans l’hypothèse d’un réchauffement de 0,5°C et de 43 % dans l’hypothèse d’une augmentation de 2°C. Ce rapport, présenté comme un terrible avertissement, montre que seules nos actions détermineront comment l’humanité et la nature s’adapteront aux risques climatiques Un troisième volet, consacré aux moyens de limiter ce réchauffement, sera publié début avril. •

Pauline Boutet-Santelli.