Nouveau port de Bastia

Les trois options

Le sujet a été mal posé, et même très mal posé il y a un peu plus de 10 ans. Pas réfléchi, malgré la tenue d’un débat public national aux conditions biaisées, pas étudié ou de manière très largement insuffisante pour un investissement de cette ampleur. Mal évalué aussi, puisqu’on assénait de manière catégorique un trafic de quelques 10 millions de passagers à l’horizon 2020. On en est péniblement à 2,2 millions aujourd’hui. Et pour couronner le tout, estimé à 220 millions d’euros à l’origine, le projet a été réévalué à plus de 550 millions d’euros ! Quant à l’ingénierie financière, les Chambres de Commerce et d’Industrie devaient le financer alors que leur fonds de roulement aujourd’hui est exsangue ! Imaginez dans quel gouffre financier on voulait nous engager !

Le 26 juillet dernier, devant l’Assemblée de Corse, le président du Conseil Exécutif, Gilles Simeoni, rappelait tous les détails de ce parcours chaotique, ainsi que les initiatives prises par la majorité nationaliste à son arrivée aux responsabilités, avec le lancement des études indispensables : évaluation de l’impact environnemental, notamment concernant la courantologie et le risque encouru sur l’évolution du trait de côte ; évolution du trafic ; estimation financière.

Bref, le « projet Carbonite » n’était qu’un leurre. Son débat était caduc avant même l’arrivée des nationalistes aux responsabilités, les études obligatoires d’impact environnemental n’étant pas faites, de même qu’un certain nombre d’autorisations relevant du Code de l’environnement qui n’ont toujours pas été obtenues.

Aujourd’hui, trois options sont envisageables, avec notamment la nouvelle option du « portu novu » avancée par Gilles Simeoni pour préserver la plage de l’Arinella : « L’option A propose de réfléchir à l’agrandissement du bassin actuel en déplaçant la digue vers le large et, optionnellement, en l’allongeant. L’option B est la plus achevée au plan technique, mais elle pose un certain nombre de questions : comment préserver la plage de l’Arinella, quel sera son impact sur la ville… L’option C au Sud de la Citadelle impactera moins la plage de l’Arinella, le projet est reconfiguré aux besoins actuels et bénéficie d’une sécurité plus grande avec les cercles d’évitement et des techniques préservant mieux l’environnement…» a ainsi expliqué Gilles Simeoni qui souligne l’« enjeu majeur pour Bastia, mais aussi pour toute la Corse » que représente l’idée d’un grand port. Mais il prévient, « on ne peut pas penser son évolution, sans penser aux autres ports de l’île, ni à son impact sur la construction urbaine, paysagère, architecturale de la ville. On ne peut pas imaginer une grande ville méditerranéenne sans dimension touristique, ni tourisme sans plage » et « on ne peut pas réfléchir à la dimension des pollutions marines et aériennes et ne pas intégrer la dimension du développement durable dans ce projet » dit encore le président du Conseil Exécutif qui appelle à la réalisation d’un « écoport » et promet la tenue d’une grande consultation démocratique.

ARRITTI.