Préfète de Région, Président du Conseil Exécutif, président de l’Office de l’Environnement de la Corse, président du Syvadec, élus des intercommunalités, responsables des centres d’enfouissement, tous les acteurs de la collecte et du traitement des déchets étaient réunis ce 19 novembre pour tenter de trouver une issue à la crise des déchets qui perdure. Et ce, au terme de décennies de fausses solutions anéantissant la patience des élus et des riverains des centres d’enfouissement, malgré une politique offensive mise en place par la majorité territoriale depuis 2016 : priorité au tri à la source des fermenticibles pour ôter toute nuisance aux ordures ménagères et aides à la mise en place du tri, mesures de compensation pour les communes qui accueillent des installations de traitement pour soutenir la transition entre le système dont nous avons hérité et un système plus vertueux, création de deux centres de sur-tri dans les deux grandes communautés d’agglomération les plus productives en ordures ménagères afin de soulager les centres de stockage appelés à remplacer définitivement l’enfouissement le temps que le tri puisse être progressivement optimisé. Rappelons aussi qui fait quoi : la Collectivité de Corse donne les grandes orientations stratégiques et apporte son concours financier, le Syvadec doit organiser le traitement, les communes et intercommunalités se chargent de la collecte. Quant à l’État, il doit soutenir politiquement et financièrement cette politique générale. Et s’il propose des mesures exceptionnelles pour sortir de la situation catastrophique dans laquelle la Corse est plongée du fait de décennies de lascia corre et de mauvais choix, ce ne serait que justice qu’il en assure le financement. C’est bien là que le bât blesse. Aucun des centres actuels n’acceptant de faire d’efforts supplémentaires pour accueillir le surplus de déchets d’environ 70.000 tonnes qui sont produites, Syvadec et Etat ont proposé l’export, le temps que la solution du tri monte en charge et apporte enfin les solutions qui auraient dû être mises en place depuis bien longtemps. Or, sur une évaluation de trois années, c’est un coût de 23M qui est avancé. Le Président du Conseil Exécutif n’a cessé de répéter que l’export ne pouvait être qu’un pis aller qui n’était pas sa volonté. De plus, la Collectivité de Corse n’a pas les moyens de couvrir la dépense, sauf à ponctionner le budget qui était prévu pour « la restauration des routes de l’intérieur » notamment. Reste à s’interroger sur les autres acteurs. Syvadec, en charge du traitement des déchets, extraordinairement passif depuis trois ans, mais aussi intercommunalités. Si certaines jouent le jeu, d’autres n’ont fait aucun effort depuis trois ans pour une politique plus offensive en matière de tri. Et ce sont les mêmes parfois qui ont fait les mauvais choix d’hier ! Enfin, tout le monde le sait, les centres d’enfouissement actuels conservent des casiers vides… Des solutions sur place peuvent donc encore se trouver. Au moment de boucler le présent journal, les discussions n’étaient pas rompues. Espérons que le bon sens finira par l’emporter et que chacun apportera sa pierre à la résolution de la crise car celle-ci ne peut être mise en oeuvre que de manière collective.