La pollution atmosphérique nuit gravement à la santé. La qualité de l’air est essentielle dans les villes comme Aiacciu ou Bastia.
Au delà des circonstances climatiques transportant parfois vers la Corse des pollutions venues du désert (poussières désertiques) ou des grands centres industriels européens comme Barcelone, Gênes ou Marseille, trois sources de pollution « endogènes » affectent la ville :
– la Centrale du Vazziu est une des dernières à fonctionner encore au fioul lourd en Europe, ce qui génère des émissions importantes de NOx (Oxydes d’Azote) et de particules fines. Cette pollution en continu contribue à altérer la qualité de l’air dans toute la région d’Aiacciu, avec des retombées importantes sur la ville et dans la vallée de la Gravona. Voilà quarante ans que nous avons combattu cette implantation sur un site notoirement vulnérable. La population a payé un lourd tribut à cette pollution. La politique du fioul et des ressources fossiles et polluantes doit cesser. Place enfin aux énergies renouvelables, non polluantes et non productrices de gaz à effet de serre !
– Dans le port d’Aiacciu, le trafic maritime a connu une forte croissance ces dernières années, en lien avec le « boom » de l’activité de croisière. Certains jours, c’est l’équivalent de deux moteurs du Vazziu à plein régime qui manœuvre et stationne dans le port d’Aiacciu. L’Europe s’inquiète des pollutions dans les villes portuaires, et, déjà, en Mer du Nord et dans la Manche, la réglementation a été renforcée qui interdit de circulation les bateaux les plus polluants. Ils doivent changer de fioul, en passant au fioul léger, pour avoir le droit d’y naviguer et d’accoster dans les ports. Les vieux bateaux retirés des mers du Nord de l’Europe sont très souvent réarmés pour naviguer en Méditerranée où la réglementation leur permet encore d’être exploités. C’est au niveau européen qu’il faut se mobiliser, avec toutes les régions et pays riverains (Provence, Sardaigne, Ligurie, Toscane, Baléares, Catalogne, etc..), pour que la Méditerranée à son tour soit érigée en zone Eca, et interdite enfin aux bateaux les plus polluants. La continuité territoriale ne peut continuer avec des compagnies utilisant des bateaux qui, pendant les 12 heures passées à quai chaque jour, polluent la ville.
– La circulation automobile est en ville un facteur majeur de pollution. On paye là la politique européenne qui a été extrêmement laxiste avec les industries automobiles, acceptant que le diesel soit détaxé par rapport à l’essence ordinaire comme en France, ou bien couvrant les fraudes répétées manigancées par l’entente des constructeurs pour favoriser les motorisations diesel qui sont beaucoup plus polluantes. Et on paye aussi l’absence de politique de la ville pour refonder la mobilité urbaine. Cette erreur stratégique se répète aujourd’hui à travers la profusion de projets de « rocades », inutiles et coûteuses, qui défigureront les derniers « poumons verts » d’Aiacciu et priveront la municipalité des moyens nécessaires pour une autre politique urbaine.
Aiacciu n’est pas une ville que l’on traverse et qu’il faut contourner, comme Corti ou Lìsula, mais une ville où l’on veut se rendre et stationner. Neuf véhicules sur dix entrent en ville, puis y tournent en rond de longs moments avant de pouvoir stationner. De la sorte, l’engorgement est inextricable. La seule politique qui vaille est de réduire ces flux entrants en réalisant des transports en commun à haut niveau de service, en facilitant la circulation douce, notamment les voies cyclables devenues d’autant plus nécessaires que la révolution du vélo électrique apporte une réponse nouvelle aux besoins de la population. C’est sur cette politique que les moyens doivent se concentrer, et non sur des pénétrantes et autres rocades inadaptées aux réalités de notre cité. Cela revitalisera la ville et ses commerces, et cela nous soulagera de nuisances récurrentes dues à la circulation automobile. C’est à ce chantier de longue haleine qu’il faut s’atteler désormais, sans s’égarer dans des projets qui relèvent du gadget, et solliciter l’aide de l’Europe pour le mener.
François Alfonsi.