Le vote du budget de la Collectivité Territoriale de Corse par une majorité désormais établie à 27 voix sur 51 consolide encore la position de force de l’Exécutif conduit par Gilles Simeoni. Ces deux années de transition ont installé un paysage politique nouveau en Corse.
Le premier acquis est au sein du mouvement nationaliste lui-même. L’union réalisée entre les deux tours a permis de gagner l’élection. Telle qu’elle est mise en œuvre à l’Assemblée de Corse, elle est devenue un fait politique durable. Elle crée les conditions d’une gouvernance apaisée alors que le contexte budgétaire est difficile en raison de l’héritage des mandatures passées – héritage qui vient de s’alourdir encore de 84 M€ en raison des errements de la continuité territoriale !- et ne permet pas de satisfaire bien des demandes légitimes. Les nationalistes serrent les rangs grâce à cette union, et cela renforce leur crédibilité. L’Exécutif est solide et solidaire : c’est manifestement un bon point.
L’autre acquis est la crédibilité renforcée du chemin politique proposé par le mouvement nationaliste au peuple corse. Car le « modèle claniste » qui avait cours jusque là a été pris en flagrant délit de manquement aux intérêts du peuple corse. A droite, la prestation déplorable des députés corses « Les Républicains » pour faire échouer la Collectivité Unique a été sévèrement jugée par l’opinion. Dans leur course aux faveurs parisiennes d’une droite supposée gagnante aux Présidentielles, ils ont, comme d’habitude, tourné le dos aux intérêts de la Corse.
A gauche, la situation est quasi-désespérée. Paul Giacobbi, leur député sortant, a un genou à terre et il n’est pas du tout certain qu’il pourra s’en relever. La galaxie de la gauche ancienne est totalement explosée et les tenants de Macron restent transparents.
Reste enfin l’inconnue du Front National dont la progression hexagonale ne peut laisser la Corse indemne, au moins pour l’élection présidentielle. Mais leur implantation corse est faible, et les discours à géométrie variable de leurs dirigeants selon qu’ils s’expriment à Paris ou en Corse ne sont crédibles par personne. Mais la rationalité n’est malheureusement pas la seule motivation de l’électorat dans certaines périodes !
Ces évolutions croisées des familles politiques insulaires se font manifestement à l’avantage du mouvement nationaliste qui conforte chaque jour son avance, activement par les résultats obtenus, et mécaniquement par l’affaiblissement des forces concurrentes.
L’avenir apparaît donc ouvert, à condition bien sûr de tenir bon sur la ligne retenue depuis décembre 2015 : gestion rigoureuse des affaires publiques, vision pragmatique et constructive des avancées négociées avec l’Etat, mise en avant d’un projet autonomiste avec comme fondement la reconnaissance du peuple corse et de ses droits. Et en assurant bien sûr au mieux des compétences disponibles les responsabilités nouvelles qui seront les nôtres.
La cohésion trouvée au niveau de la CTC doit aussi rapidement se matérialiser dans l’organisation politique du mouvement, au niveau de Femu a Corsica, qui n’a que trop tardé à concrétiser les engagements formels pris l’été dernier de se transformer en « parti de gouvernement ».
La grande réunion de Portivechju, celle qui s’annonce au Centre Corse, puis dans les différentes régions de Corse, vont dynamiser la démarche d’ici l’été. C’est là un calendrier requis pour que notre crédibilité soit préservée, et pour que les futures territoriales s’engagent de façon optimale.
Notre responsabilité désormais est d’aller résolument de l’avant.
François ALFONSI