Edmond Simeoni, l’homme, le militant

Cinq ans après, un hommage plein d’émotions

Ce samedi 16 décembre, la salle des conférences de la Citadelle a accueilli l’ensemble des personnes venues à l’hommage en mémoire d’Edmond Simeoni, disparu en 2018. Les membres de Femu a Corsica, sympathisants et proches du docteur Simeoni sont venus en nombre pour assister à l’évènement. Retour sur une soirée poignante.

 

 

Citadelle de Bastia, 17h. Tandis que la nuit étend ses bras sur la ville génoise, de grands portraits enca­drent l’entrée du musée de Bastia, à l’entrée de la salle de conférence. À l’in­térieur, les participants s’affairent pour les derniers préparatifs : au mur, on installe les portraits du docteur Simeoni les uns à côté des autres. Des photographies de moments forts de sa vie : lors de son discours en 1975, marqueur de sa pensée politique ; lors des évènements d’Aleria, dans la cave Delpeille ; en tant qu’élu. Pas seulement des photos du militant, mais aussi des photos intimes : le père, en photo avec Gilles et Marc ; le frère, souriant à son aîné Max pendant les congrès de l’ARC.

Une centaine de personnes est installée dans la salle pour assister à l’hommage. Les élus, les militants, mais également les amis, les proches.

Marc’Andria Castellani est le chef d’or­chestre de cette cérémonie d’hommage. Le passionné d’Histoire nous rappelle, de manière méthodique, chronologique, naturelle, l’histoire de la figure d’Edmond. Une intervention mêlant l’intime à l’ana­lyse historique, présentant au fur et à mesure de la conférence le docteur Simeoni comme un penseur de la Corse de son époque. Critique de la Corse cla­nique et sous perfusion, il rêve d’un projet politique, symbolisé par le combat pour le travail de la terre en Corse par les Corses. « Être nationaliste corse à son époque, c’était de la folie, un suicide social ! »

 

 

« On va te crever, Simeoni ! », les chroniques d’Aleria

Les évènements d’Aleria ont été l’acte fondateur de la vie du militant. Marc’Andria Castellani nous en fait un récit vibrant, chronologique, presque minute par minute. « Lorsque les chars débarquent à Aleria pour déloger les mili­tants, ils arrivent à coup de ”on va te crever, Simeoni !’’ ». S’ensuit le récit des conséquences, une période suspendue dans le temps. La rédition pour sauver ses camarades ; les interrogations, avec une privation de sommeil constante, qui lui vaudra d’ailleurs un échange hors du commun avec le ministre de l’Intérieur de l’époque (« M. Simeoni, comment avez-vous fait pour rester sans dormir pendant autant de temps ? – C’est là la différence entre un militant et un fonc­tionnaire ! » avait répondu le docteur). Enfin, le fil de l’épée de Damoclès au-dessus de la tête : la menace de la prison à perpétuité, au mieux, ou même de la peine de mort… Puis des mobilisations qui s’ensuivirent, lui permettant d’échapper à ces condamnations pour l’exemple, et de poursuivre son combat.

 

Clôture de la soirée, « il est difficile de parler de son propre père »

Le président du Conseil exécutif est appelé pour clôturer les interventions de la soirée : « Il est difficile de parler de son propre père ». Il évoque la peur de voir son père être condamné à la peine capitale alors qu’il n’est lui-même qu’un enfant. L’émotion est là, les remercie­ments fusent.

Un dernier mot en point d’honneur de cette émotion : à Christine Colonna, Gilles Simeoni adresse ses dernières pensées pour Yvan, son frère. Quelques minutes suspendues où les larmes en sa mémoire viennent perturber le recueille­ment silencieux. Car Edmond Simeoni, c’est aussi Yvan Colonna, Alain Ferrandi, Pierre Alessandri. C’est Max, Roland. Mais c’est également les militants actuels, les générations futures. « On est tous les héritiers de cette action » restent les paroles à retenir de cette soirée forte en émotions.

Léa Ferrandi.