Gilles Simeoni élu président de la Commission des Iles de la CRPM

Et la Corse retrouve sa place en Europe !

Gilles Simeoni, au centre, entouré des conseillers exécutifs de Corse Jean-Félix Acquaviva, Fabienne Giovannini et Marie Antoinette Maupertuis, ainsi que du président sortant, George Hatzimarkos, et d’Eleni Marianiou.

Tout est défi, challenge pour la nouvelle majorité en charge des destinées de la Corse depuis décembre 2015! La politique internationale (quasi inexistante jusqu’ici), le nécessaire ancrage européen et méditerranéen (leitmotiv du mouvement nationaliste depuis toujours) font partie de ses priorités. Non pas comme un discours, mais bel et bien inscrits dans l’action et une volonté résolue d’avancer. Ainsi, Gilles Simeoni, a été élu président de la Commission des îles de la Conférence des Régions Périphériques Maritimes (CRPM) de l’Union Européenne. Une étape importante dans la reconnaissance du rôle de la Corse en Europe !

 

 

« L’île de Corse. J’ai quelque pressentiment qu’un jour cette petite île étonnera l’Europe »

… ainsi s’exprimait Jean Jacques Rousseau, émerveillé par la révolution démocratique du général Paoli (tiré du Contrat Social, 1762).

Ce rappel juste pour dire combien  l’avenir de la Corse est ancré dans l’Europe, celle des lumières à laquelle aspirait u Babbu di a Pàtria.

Quelques deux siècles et demi plus tard, et près de 20 ans après la démarche initiée par Jean Baggioni qui avait lui même présidé cette commission de 1999 à 2003, la Corse reprend donc une place au cœur de l’avenir des régions insulaires de l’Europe.

C’est à l’occasion de l’assemblée générale de la Commission des Iles de la CRPM, un organisme lobbyiste pour défendre les intérêts des régions ayant une façade maritime en Europe, que s’est posée la question d’une implication encore plus forte de l’Exécutif territorial de Corse au sein de cette commission dont le rôle pour l’avenir de territoires insulaires en Europe pèse au sein des institutions européennes. Le président du Conseil Exécutif, qui s’est déplacé avec une forte délégation de trois autres conseillers exécutifs et d’un membre de son Cabinet*, a fait forte impression à Gozo, petite île au large de Malte où se tenait la réunion. La population maltaise y était en émoi, après la disparition, le 8 mars, de « The Azur Window», ou fenêtre d’azur, une arche naturelle, magnifique emblème de tout l’archipel maltais. Elle faisait la renommée de Gozo et s’est effondrée, victime de l’érosion maritime et des tempêtes à répétition, mais aussi d’un tourisme de masse peu respectueux de ce patrimoine exceptionnel.

 

Malte à la tête de l’Europe

Depuis le 1er janvier de cette année, et jusqu’au 30 juin prochain, Malte assure la présidence de l’Union Européenne. C’est pour la Corse, et pour les îles, une opportunité pour se faire entendre.

«Nous devons dire ensemble ce que nous voulons pour l’Europe, et nous devons dire ensemble ce que nous nous voulons pour nos îles et pour l’Europe des îles, préciser nos choix, les mettre en forme, les valider, et aller à la négociation »

a invité Gilles Simeoni, qui prend donc la suite de l’égéen, Karlos Hatzimarkos à la présidence de la Commission des Iles. La priorité du nouveau président sera de traduire la reconnaissance des territoires insulaires

« par l’insertion de la clause d’insularité dans toutes les politiques et instruments européens.

C’est cet objectif central que nous devrons nous fixer, notamment au cours de la séquence des deux années à venir (2017-2018) qui sera décisive, ceci avant que la Commission et le Parlement européen ne soient renouvelés en 2019, ainsi que la politique de cohésion à partir de 2020 »

a dit le président du Conseil Exécutif de Corse.

« Je voudrais me retourner un instant encore vers le passé pour vous dire que si mes collègues et amis du Conseil Exécutif de Corse et moi-même sommes ici, c’est aussi et peut être avant tout parce que, depuis cinquante ans, il y a eu en Corse des femmes et des hommes qui se sont battus pour qu’un petit peuple de Méditerranée, le peuple corse, puisse continuer à vivre, à se rappeler son Histoire, à choisir son présent, et à rêver son futur. Nous sommes, avec humilité et détermination, les héritiers et les continuateurs de cette Histoire, qui est indissociable de celle de la lutte pour les valeurs universelles de fraternité et de solidarité, entre les hommes, entre les peuples et entre les cultures.

Indissociable aussi, de notre volonté d’une Europe forte de sa diversité et de sa respiration démocratique, et d’une Méditerranée qui soit un espace privilégié de dialogue et de coopération, notamment entre les îles.

Nous avons, depuis que notre accès aux responsabilités en Corse depuis décembre 2015, cherché à décliner de façon opérationnelle cette vision stratégique »

a rappelé Gilles Simeoni, faisant d’emblée entendre le message de la Corse auprès de tous les représentants des îles, parfaitement en phase avec l’action menée depuis un an en faveur de la prise en compte de l’insularité, tant auprès de l’État français (statut d’île montagne), qu’auprès des institutions européennes, notamment au sein du Comité des Régions où la Corse est brillamment représentée par Nanette Maupertuis, ou au moyen du partenariat stratégique noué avec la Sardaigne et de l’initiative tripartite prise par les Exécutifs de Corse, Sardaigne et Iles Baléares (déclaration de Palma di Majorca du 21 novembre 2016).

Les priorités sous la présidence Simeoni La Commission Européenne, dans son Livre Blanc sur l’avenir de l’Europe présenté le 1er mars 2017 par Karl Junker, a présenté cinq scenarii. La Commission des îles de la CRPM entend faire connaître son propre scenario :

«Nos propositions ne relèvent pas seulement du débat technique ou budgétaire. Elles sont porteuses d’un projet politique global, de valeurs, d’une certaine idée de l’Europe. Disons-le clairement : nous sommes des partisans convaincus de la construction européenne, et souhaitons qu’elle aille plus loin sur le terrain de l’intégration politique, de l’efficacité économique, de la solidarité et de la justice sociale, de l’affirmation sur la scène internationale pour contribuer à un monde plus sûr et plus juste»  Gilles Simeoni.

Le nouveau président souhaite aussi peser sur la politique de cohésion post- 2020. «La baisse des financements européens induite par le Brexit (environ 10 Milliards d’€ par an selon une étude de la Fondation Notre Europe) impactera nécessairement la politique de cohésion de l’UE. La bataille pour l’accès aux ressources va donc être rude. Plus que jamais, les îles se doivent donc de parler d’une même voix, pour identifier leurs intérêts communs et les faire prendre en compte».

Voilà les enjeux! Et la commission se donne de deux axes centraux pour y travailler :

– Faire reconnaître la dimension insulaire comme une donnée structurante des politiques publiques d l’Union européenne, Inscrire une clause d’insularité dans chacune d’entre elles, en s’appuyant notamment sur l’article 174 du traité de Lisbonne, qui dit que: «parmi les régions concernées par la politique de cohésion économique, sociale et territoriale, une attention particulière est accordée aux régions qui souffrent de handicaps naturels ou démographiques graves et permanents telles que les régions les plus septentrionales à très faible densité de population et les régions insulaires, transfrontalières et de montagne ».

Transports, statut fiscal et social, déchets, énergie, autant de thème où la commission pourra concentrer son action. Inscription des îles au coeur de la politique de cohésion post 2020, défense des politiques en faveur du développement de l’accessibilité, de la transition énergétique et lutte contre le changement climatique en démontrant que de nouveaux modèles économiques sont possibles, initiative Smart Island autrement appelée « Iles intelligentes », soutien à l’inclusion sociale afin de renforcer le sentiment d’appartenance à l’Europe pour des territoires insulaires qui se sentent souvent oubliés ou marginalisés par les politiques de l’Union, intégration de la stratégie inter-insulaire dans une vision globale de la stabilisation de zones soumises à des tensions ou des risques (Méditerranée occidentale et orientale par exemple), ou dans le rayonnement de l’Europe sur d’autres continents (régions ultra-périphériques). Le travail est considérable : « il ne se résume pas à changer le rapport entre le centre et la périphérie, ou le regard que les États ou les institutions européennes portent sur les îles. L’enjeu est également de modifier la perception que nous avons de nous mêmes : non pas des assistés ou des populations marginales, mais des citoyens européens, fiers de la dimension insulaire de leurs identités respectives » a dit encore Gilles Simeoni.

Un énorme travail en perspective, qui influera considérablement sur l’avenir de la Corse et lui ouvrira un avenir plus sûr et plus rayonnant.

 

Qu’est-ce que la CRPM?

Créée en 1973, la Conférence des Régions Périphériques Maritimes rassemble environ 160 Régions issues de 25 États de l’Union européenne et au-delà, qui représentent près de 200 millions de citoyens.

Elle agit en faveur d’un développement plus équilibré du territoire européen, à la fois comme un think tank et un lobby pour les Régions.

Grâce à son vaste réseau de contacts au sein des institutions de l’Union Européenne et des gouvernements nationaux, elle vise à s’assurer que les besoins et les intérêts des Régions membres soient pris en compte dans toutes les politiques ayant un fort impact territorial.

Son principal objectif se concentre sur la cohésion sociale, économique et territoriale, les politiques maritimes et la croissance bleue, et l’accessibilité. La gouvernance européenne, l’énergie et le changement climatique, le voisinage et le développement, représentent également d’importants domaines d’activités de la CRPM.

Et la Commission des Iles ?

Créée en 1980, la Commission des Iles est la plus ancienne des six commissions de la CRPM, représentant 24 territoires insulaires, soit plus de 500 îles et plus de 15 millions de citoyens. De la Méditerranée à la Mer du Nord, de la Mer Baltique aux Océans Atlantique, Indien et Pacifique, 11 États de l’Union Européenne sont concernés par la problématique insulaire (Chypre, Danemark, Espagne, Estonie, France, Grèce, Italie, Malte, Portugal, Royaume Uni, et Suède).

La Commission des Iles travaille avec de nombreux autres réseaux insulaires d’Europe, comme le B7 pour les Iles de la Mer Baltique ou le Medoc pour les Iles de la Méditerranée. Elle est également reliée à d’autres associations en Bretagne, en Irlande, en Finlande etc. et regroupe d’autres réseaux de Chambres de Commerces et d’Industrie Insulaires de l’Union Européenne, et d’autres organisations représentant des territoires à forte contrainte géographique comme les régions de montagne, ou les régions à faible densité démographique.

Nombre de ces réseaux étaient présents à Malte pour cette assemblée générale qui a porté la Corse comme porte-parole de toutes ces îles européennes.

 

ARRITTI.

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