L’Union Européenne souffre de trois maux principaux : le déficit démocratique, l’absence d’Europe sociale et la promesse non-tenue de l’unité dans la diversité. L’urgence est d’agir sur les trois fronts simultanément.
Depuis sa création, l’Euro est inachevé.
Le projet de Jacques Delors n’a jamais été pleinement accompli. Il souhaitait introduire une monnaie unique pour faciliter les échanges économiques, coordonner les politiques budgétaires afin de lutter contre l’asymétrie des économies des États, et créer un budget européen afin de compenser les effets négatifs du second objectif tout en protégeant les plus faibles (citoyens, populations ou territoires).
Il a été pleinement suivi sur le premier point : l’Euro est entré en circulation au 1er janvier 2002. Il a été écouté mais pas suivi pour le second, les États n’ayant que très peu appliqué les critères de Maastricht, avec la France comme championne d’Europe du non respect des règles (déficit public inférieur à 3% du PIB et dette publique inférieure à 60% du PIB). Enfin, il a échoué à convaincre que le troisième point était tout aussi important que les deux autres.
Et aujourd’hui, l’urgence d’un budget européen ou, du moins, d’un budget pour la zone euro est cruciale. Le budget européen actuel pèse 1% du PIB européen (environ 160 milliards d’euros pour 500 millions d’Européens) quand celui de l’Allemagne représente 11% du PIB allemand (environ 330 milliards d’euros pour 85 millions d’Allemands) et celui de la France 17 % du PIB français (environ 380 milliards d’euros pour 65 millions de Français). À titre de comparaison, Washington dispose d’un budget équivalant à près de 23 % du PIB américain.
Avec 1 %, on ne fait rien !
Il est donc urgent d’achever l’Euro en mettant en place un vrai budget européen. Son augmentation peut être initiée dès aujourd’hui mais pour atteindre un volume conséquent, il faudra passer par une procédure tout aussi lourde qu’un changement de Traité.
Relancer l’investissement.
L’économie européenne est en panne en partie du fait de la crise économique de 2008, en partie parce que la demande intérieure est trop faible (chômage élevé, salaires et retraites en baisse) mais surtout parce que l’investissement est au plus bas.
Les États, en mettant en place l’Euro, ont décidé de coordonner leur politiques budgétaires et ont réduit leurs budgets d’investissements, notamment dans les collectivités territoriales et locales et, en refusant un vrai budget européen, se sont condamnés à l’austérité.
Il faut donc un budget européen !
Mais pourquoi faire ?
Le budget européen doit être un budget d’investissements résolument tourné vers l’avenir afin d’assurer la transition écologique de l’économie, résolument tourné vers la solidarité afin de ne laisser aucune personne, aucune population ou aucun territoire sur le bord du chemin, et résolument tourné vers le monde afin d’assurer la paix, d’aider les pays les plus pauvres de la planète à se sortir de la pauvreté et à lutter contre le réchauffement climatique.
Harmoniser les normes sociales.
Cependant, aussi grand que soit le budget européen, il ne pourra pas, seul, résoudre tous les problèmes et notamment ceux liés au « dumping social ».
La politique sociale est bloquée car les décisions sont prises à l’unanimité ou alors parce que les libéraux, y compris les socialistes, sont majoritaires. Il y a pourtant plusieurs pistes pour réformer l’Europe.
Tout d’abord, tout comme il existe une durée maximale du temps de travail en Europe (48h/semaine), il est possible et urgent d’harmoniser tout un ensemble de droits sociaux au niveau européen : durée minimale des congés annuels, du congé de maternité et de paternité par exemple ou création d’un salaire minimum et d’un revenu minimum d’insertion (en fonction du niveau de vie du pays).
À terme, et après un changement de Traité, on ne pourra pas éviter la création d’un socle minimum de sécurité sociale européenne qui pourrait prendre la forme suivante : tout européen au chômage devrait toucher, au moins, 50% de son dernier salaire pendant, au moins 12 mois, où qu’il ait travaillé et où qu’il vive en Europe. Cette assurance- chômage socle serait financée par un impôt sur les bénéfices des entreprises européennes. Chaque État et nation/région pouvant aller au-delà des 50 % et des 12 mois qui seraient des seuils minimaux européens.
L’économie doit être au service des peuples et non l’inverse. La relancer doit donc servir un projet de société dans lequel tout le monde peut trouver sa place. La promesse de solidarité doit être tenue.
Première partie ici
Roccu Garoby,
Vice Président de l’ALE Jeunes