« U gruppu ùn hè fattu, ma oghje u caminu hè apertu è cuntatti impurtanti sò pigliati. Avvene pè i territori, adattazione pè a lingua, ligame cù l’Auropa… Eccu frà tanti altri sughjetti studiati, e nostre dumande. Suluzione puliche pè a nostra Corsica !»
sur ces quelques mots, mardi, avant d’entrer dans l’hémicycle du Palais Bourbon pour siéger pour la première fois, avec ses amis Michel Castellani et Paul André Colombani, Jean Félix Acquaviva donnait les dernières informations quant aux contacts entamés depuis dimanche pour réaliser un groupe «Démocratie, Solidarité, Territoires». Les trois députés de la Corse ont fait sensation à leur arrivée à l’Assemblée Nationale, escortés de plusieurs dizaines de militants, bandere more et Diu vi Salvi Regina entonné, pour leur ouvrir la voie! Ils ont impressionné aussi dans les coulisses, durant ces trois jours de négociations où ils ont tenté de convaincre pour la constitution d’un groupe autonome. Les députés ont le choix de siéger dans un des grands groupes, de droite ou de gauche, mais le règlement de l’Assemblée permet aussi la constitution de groupes dits «minoritaires », ne se rattachant ni à la majorité présidentielle, ni à l’opposition. Un groupe neutre où les membres sont libres de leur vote dans l’hémicycle, et se regroupe pour des raisons purement techniques de fonctionnement du groupe.
Nos élus ont souhaité aller un petit peu plus loin que ces raisons opportunistes, et ont donc tenté de constituer un groupe avec une base politique minimale, plaçant le «curseur» sur la défense des territoires, des langues, de l’environnement, de la démocratie… Il fallait être 15 pour y parvenir, bien plus d’une quinzaine se sont montrés intéressés, des ultramarins aux socialistes «orphelins », en passant par des députés au profil «écolo», au breton Paul Molac ou au rural Jean Lassalle, jusqu’aux députés radicaux de gauche également séduits par le discours d’ouverture de nos élus… Malheureusement, le temps a manqué pour conclure, mettre d’accord sur les détails techniques les uns et les autres, les accords n’ont pu aboutir dans le temps imparti par le règlement de l’Assemblée. Nos députés siègeront donc pour l’heure dans les « non-inscrits », remettant à plus tard la suite de cet important débat qu’ils ont su initier. Les choses vont encore bouger dans l’hémicycle, la vague macroniste a pesé jusque dans la constitution des groupes, mais bien des «mouvements » vont s’opérer dans la majorité. «Un groupe de travail a été constitué, rien interdit de pouvoir dans l’avenir constituer un groupe parlementaire, mais surtout rien interdit d’élargir notre influence et faire ce pourquoi nous sommes ici, poser de manière pleine et entière la question corse, la question des nations sans Etats, la question des territoires par rapport à la République et de faire en sorte que nous ayons enfin un chemin politique clair » a dit Jean Félix Acquaviva.
«Un certain nombre de relais d’influence aujourd’hui sont prêts, il se passe quelque chose d’important qui va se poursuivre. La trajectoire n’est pas terminée» a rajouté le député corse. Le travail de lobbying portant la voix de la Corse à Paris a commencé. Ventu in puppa !