«Attention le silence ou le cercueil. » Une menace insupportable sur un courrier adressé aux agents de la Réserve naturel de Scàndula… Et voilà notre île qui replonge dans les pratiques d’un autre âge.
Voilà plusieurs mois que les agents de la Réserve et du Parc Naturel Régional de la Corse sont la cible de ces menaces, anonymes bien sûr. Les observateurs y lisent une réaction à la dénonciation de la sur-fréquentation touristique du site classé au patrimoine mondiale de l’Unesco et ses conséquences sur les écosystèmes. C’est le cas notamment pour la réintroduction du balbuzard pêcheur, qui, si elle a été une réussite, est depuis quelques années, remise en question avec l’absence de nichée. Pas de petits = menaces sur les écosystèmes et donc sur l’avenir même de la réserve. Les agents – et pas seulement eux d’ailleurs, les associations et les élus des communes concernées, notamment Osani – ont dénoncé cette sur-fréquentation. Rappelons que les associations de défense de l’environnement, dont U Levante, ont saisi le Ministre de la Transition écologique pour réclamer la mise en place d’une « zone d’interdiction totale de toute présence humaine dans la réserve ».
Pour François Alfonsi, maire d’Osani, qui apporte son soutien aux agents du Parc, « il faut en finir » avec ces tensions, « il faut réguler par des licences et faire ainsi baisser le nombre de vedettes de passagers. L’État doit s’impliquer enfin, car en mer, lui seul est compétent ».
Gilles Simeoni, Président du Conseil Exécutif de Corse, a également apporté son « soutien total » aux agents. Et Jean Félix Acquaviva, député au Palais Bourbon, secrétaire national de Femu a Corsica, dans un tweet, porghje u so « sustegnu tutale à tutti l’agenti è amichi chì travàglianu senza piantà per mantene è prutege u ghjuvellu di Scàndula, patrimoniu cumunu di a Corsica. Saremu sempre à fianc’à elli ».
La concomitance d’une réunion de travail entre tous les acteurs le 10 avril dernier, socioprofessionnels, services de gendarmerie, Parc Régional, Office de l’Environnement, a-t-elle un lien avec ces menaces ? François Sargentini, Président de l’Office de l’Environnement de la Corse, souligne le travail réalisé sur la réserve pour concilier les enjeux, à la fois environnementaux et économiques.
Les auteurs des menaces anonymes oublient une chose. Scàndula a d’abord été créée il y a 40 ans, pour protéger la ressource. Faire en sorte de la régénérer, pouvoir transmettre ce site exceptionnel intact aux générations futures.
En bonne intelligence, il est possible néanmoins d’y développer des activités touristiques, mais la priorité doit rester à la préservation du site, et à la protection de sa fragilité. Ne pas rompre ses équilibres est indispensable. Et rien ne doit faire dévier de cet objectif.