La vraie place de la Corse

Parce que nous ne sommes pas un coin (en bas à droite) de l’hexagone !

Les jacobins français ont fait croire aux Corses qu’ils n’étaient que le coin en bas à droite de l’hexagone, alors  qu’ils sont leur propre centre. Il est temps de se réapproprier notre espace naturel !

La force des centralistes,  qu’ils soient  jacobins ou impérialistes,  voire les deux, a été de faire croire  pendant des décennies, si ce n’est des  siècles, que nous, nations sans État,  étions des coins sur leurs cartes.

Condamnés à être les périphéries des  centres, à errer dans les coins d’une  carte, nous devions tout à l’État, la  Capitale : le Centre, niant ainsi notre  propre existence et notre capacité à  nous émanciper.

«Aux quatre coins du monde ». Qui n’a  jamais entendu cette expression, si courante  ? Et pourtant ! Par définition, sur  un globe, forme géométrique parfaite  par excellence, il n’y a aucun –absolument  aucun– coin. On peut chercher  encore et encore. Il n’y a pas un seul  coin à l’horizon sur notre bonne vieille  planète.

De cette condition, être un coin de  l’hexagone, généralement mal placée –  ce qui donne l’impression que la Corse  est au large de Marseille — quand elle  n’est pas carrément au large de  Bordeaux, en plein océan Atlantique !  (dans d’anciens livres scolaires), nous  sommes restés trop longtemps emprisonnés,  dans nos têtes comme dans nos  échanges économiques, sociaux ou  culturels.

 

Parce qu’on vient de là !

Non, la Corse n’est pas – et ne sera  jamais – le coin en bas à droite de (la  carte de) l’Hexagone. Elle est une île au  milieu de la Méditerranée occidentale,  voisine de la Sardaigne, à la croisée des  chemins entre l’Europe et l’Afrique et  entre les péninsules italienne et ibérique.

Bref, elle est son propre centre. Et la nation corse, de par son histoire, sa  géographie, sa langue, sa culture et tout  ce qui a fait ce qu’elle est aujourd’hui, est  une nation méditerranéenne et européenne.

Elle n’a pas à choisir entre un  pays et un autre, elle n’a pas à renier  un héritage ou un autre, elle a à être  elle-même, sans nier ses origines et  sans renier ses voisins et notamment  les plus proches.

 

Nous sommes tous des centres !

Cette réflexion ne s’applique pas qu’à la  Corse, bien évidemment. À regarder la  carte de France, l’Alsace est un coin qui  a, par ailleurs, disparu par la création d’un machin appelé « Grand-est »,  nommé ainsi par rapport à Paris car  l’Alsace, au cœur de l’Europe, est un  pont entre la France et l’Allemagne,  entre la Suisse et le Bénélux et non pas  une « terre orientale » ce qui est totalement  absurde.

De même, est-ce que la Bretagne est  véritablement le « Finistère français » ou  un territoire au cœur du monde celte et  au centre de la façade européenne de  l’océan Atlantique ?

La Martinique est-elle vraiment un territoire  d’outre-mer ou est-ce Paris qui est  outre-Atlantique vis-à-vis du peuple  martiniquais ?

Trop longtemps, nous avons accepté  d’être le coin des autres au lieu d’être  notre propre centre. Il est temps que  nous, nations sans État, redessinions  nos propres cartes à partir de nous-mêmes.

Ainsi, notre vision du monde  sera totalement changée et nous pourrons  enfin retrouver notre place.  Cet exercice n’a pas pour but de « cornériser  » l’autre, ce serait absurde de  reproduire un schéma que nous combattons,  mais de retrouver tout simplement  notre espace naturel afin de pouvoir  nous émanciper librement.

La Corse est une nation à construire et  sa place est en Méditerranée et en  Europe. U nostru Guvernu corsu travaglia  per ricustruì u nostru spaziu naturale  à fianc’à i pòpuli di u mare mediterraniu  è ind’è l’Auropa. Emu dà  cuntinuà, è a strada sarà longa mà hè a  strada di l’autodeterminazione.  

 

Roccu Garoby

Vice-Président de l’ALE Jeune.

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