Femu a Corsica

Parti « unique » ? Non. Unifié, oui.

Le terme de parti unique sonne mal, il donne l’impression d’une organisation caporalisée. Or il n’est pas question de faire un tel parti soumis à un Chef et/ou à un petit groupe.

 

Le débat actuel qui agite les natios porte sur la nécessité de fusionner des organisations autonomistes qui n’ont aucune différence pour sauver le Peuple Corse ni sur l’analyse des causes : le centralisme jacobin qui sévit depuis le début de la présence française dans l’île, ni sur la voie démocratique à suivre pour écarter ce fléau, ni sur l’alternative institutionnelle qu’est l’autonomie la plus complète possible. D’ailleurs l’ARC dans son livre programme AUTONOMIA de 1974 puis dans la mise à jour de l’UPC de la 2e édition de 1991, l’ont définit parfaitement. L’accusation qui est faite de courir après des réformes institutionnelles est erronée. En effet le but est clairement exprimé par écrit depuis 40 ans. Les différents statuts octroyés (Defferre, Joxe, Jospin processus Matignon), étant insuffisants, l’usage en a fait la démonstration, la poussée des autonomistes a continué et continuera avec la semence jupitérienne de l’Assemblée Unique.

 

Le compte n’y est pas. Il est loin d’y être.

Nous sommes tenaces mais pas inconséquents, ni discoureurs : sur la couverture de AUTONOMIA de 1974 une mention en médaillon « pour que vive le peuple Corse ». Le procès qui nous est fait de ratiers institutionnels vient de l’ignorance de l’histoire de notre lutte ou de la mauvaise foi.

Nous avons usé le clanisme, contribué largement à rétablir le suffrage universel ce qui incombait à l’Etat.

 

Les poussées constantes autonomistes depuis (CEDIC 1964) et natios en général après Aleria (1975) ont amené la gauche arrivée au pouvoir avec Mitterand en 81-82 à céder une série de statuts « particuliers » sans les moyens de l’Autonomie.

Cette lutte change brusquement.

Les partis de gauche et de droite qui alternaient à l’Élysée disparaissent pour laisser le pouvoir à Macron et les natios s’emparant de la CTC, sortent donc de plus de 50 ans d’opposition sur les ruines des clans.

Le face à face Jupiter/natios est complètement asymétrique. Un pouvoir absolu pour le moment au sommet de l’État, un pouvoir local majoritaire de simple gestion d’alliances électorales.

Macron candidat laissait à penser, semblant peu impliqué qu’il était dans les gouvernements le précédant, qu’il était ouvert, et sans opposition, qu’il avait les mains libres.

Jupiter a commencé par faire des moulinets avec les Ministres visiteurs pour d’un seul coup frapper avec une masse forgée par Vulcain jacobin lors de la cérémonie expiatoire de la mort d’Erignac.

 

La situation est à gros risques. Blocage et hostilité du Président de la République.

Majorité d’une alliance électorale qui doit gérer une mise en place de l’Assemblée Unique sans savoir quelles seront ses compétences et ses finances. Elle doit aussi résorber les « erreurs » et les dettes du passé, en particulier le paquet des 5000 employés sur les bras qui ont été nommés par le clanisme séculaire et dont d’ailleurs quelques-uns s’emploient à saboter les efforts des natios.

Tout finit par se savoir en Corse.

Jupiter a réussi une manoeuvre qui aurait étonné Machiavel lui même.

Il piège les natios avec l’article 72-5. De la cage ils doivent gérer les urgences du présent, les déchets entre autres, ils doivent négocier les moyens de l’Assemblée Unique qu’ils ne connaîtront que quand Jupiter le voudra bien. Le système hérité, dans lequel les natios ont de grandes difficultés à surmonter, il les a aggravées à un tel point qu’il est devenu une machine d’usure accélérée. D’un côté, les besoins pressants du court terme et de l’autre des réformes structurelles à préparer que seule une autonomie réelle pourrait réussir.

Le tout avec une opinion qui ne peut pas bien s’y retrouver, qui aurait besoin d’être informée par une pédagogie tout azimut de qualité.

 

Les natios sont pressés, coincés de toute part. L’espoir qu’ils ont suscité fait place à de l’impatience, les critiques pointent dans le public des non militants, et elles sont amplifiées par les anti natios qui ont la partie belle pour manipuler, critiquer, questionner avec des airs d’innocents.

Mais il y a pire.

C’est quand, à l’intérieur des natios, on se comporte comme s’il n’y avait pas grand péril et qu’on jouait uniquement à se faire élire ou réélire. Attention, oui, attention à un possible naufrage.

 

Si on a pris la mesure du danger, l’heure est à la guerre, certes démocratique, mais c’est une vraie guerre qui nous est déclarée et on voudrait la préparer en chatouillant nos égos ?

La nécessité de regrouper les forces natios a été ressentie bien avant le coup de Jarnac jupitérien, elle a été différée par l’intérêt porté alors aux élections.

Mais après le Congrès de Corti la fusion votée à l’unanimité, il n’y a plus de raison de ne pas respecter l’engagement public pris par les composantes autonomistes toutes présentes. Peut-on penser que certains ne voulaient que profiter de la dynamique des élections de l’Assemblée Unique en décembre pour continuer en fait le jeu d’alliances et de partage des pouvoirs et non d’une force unifiée faisant confiance aux militants ?

Ce serait peut-être risible mais avec la déclaration de guerre de Jupiter cela devient dangereux.

Il est encore temps de se ressaisir sans dommage, mais il est compté en heures, au mieux en jours.

La mise en place de ce mouvement unifié doit se faire avec confiance, avec réalisme. Il faudra sûrement une période de transition bien conçue capable de convaincre et de rassurer toutes les parties. Sans confiance la meilleure des conduites restera un pis-aller.

J’ai quelques idées à cet égard que je formulerai dès la semaine prochaine si possible.

Max Simeoni.

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