Catalogne

Plate-forme de dialogue UE/Catalogne

Ils étaient trois députés européens invités par les trois députés corses, Jean Félix Acquaviva, Michel Castellani et Paul-André Colombani, et le député breton Paul Molac, pour s’associer à la plate-forme de dialogue mise en place au sein du Parlement Européen par des députés issus de tous les groupes du Parlement européen : Verts-ALE, Libéraux et démocrates, Gauche Unie Européenne, groupe des Conservateurs européens.

Trois d’entre eux étaient venus depuis Strasbourg : Ivo Vaigl, député slovène du groupe libéral, Mark Demaesmaker député flamand du groupe des conservateurs, et Jordi Solé, député catalan du groupe Verts-ALE.

Seuls deux députés autres s’étaient joints à la réunion, François-Michel Lambert des Bouches du Rhône et Martine Wonner d’Alsace, tous deux membres du groupe « la République en marche », mais plusieurs autres s’étaient fait représenter par leurs assistants.

 

Par ailleurs une délégation de l’Assemblée Nationale Catalane conduite par sa présidente, Elisenda Paluzie, et le bureau de Régions et Peuples Solidaires ont assisté à cette réunion qui a permis que le problème catalan soit posé dans l’enceinte même de l’Assemblée Nationale française.

 

Le renversement de Mariano Rajoy, et le rapprochement en Catalogne depuis une semaine de ces élus du gouvernement catalan en détention préventive, ne doit pas masquer l’essentiel : l’incarcération depuis plus de huit mois de responsables politiques de premier plan, à la moralité et au sens de l’action démocratique irréprochables, est tout à fait insupportable.

 

La solidarité s’organise, et, à Paris, plusieurs responsables de différents comités de soutien se sont concertés pour décider comment organiser un mouvement de solidarité à travers toute l’Europe, et surtout que s’exprime, au moment du procès cet automne, une réprobation à travers toute l’Europe.

La crise catalane vient de loin, et si les politiques espagnols imaginent que les centaines de milliers de catalans qui ont manifesté, voté, subi la répression pour leur pays vont bien tranquillement « rentrer à la maison », ils se trompent lourdement.

Seule la décision d’un dialogue d’égal à égal, favorisé par l’engagement au sommet de l’Union Européenne, peut débloquer la situation

En attendant il faut rassembler nos forces et venir hurler avec d’autres militants que l’incarcération des dirigeants indépendantistes catalans est une honte pour l’Union Europénne. Cet automne, leur procès sera celui de l’Espagne face à l’opinion publique européenne.

F.A.

 

Éléments de la crise politique en Catalogne

1/ Rappel historique

31 décembre 1979. La Generalitat de Catalunya, dissoute en 1939 par Francisco Franco, est rétablie.

Le Statut de 1979 définit la Generalitat comme l’institution chargée de gouverner la Catalogne, composée d’un Conseil Exécutif (dont le Président de la Generalitat), et d’un Parlement.

Le Statut de 1979 est un statut d’autonomie, reconnaissant la «nationalité catalane » comme composante de la nation espagnole, avec le catalan comme langue officielle, et instituant un partage des compétences entre l’Etat et le Generalitat, avec pouvoir législatif de cette dernière sur les compétences qui lui sont dévolues.

 

9 août 2006. Après 27 années, adoption d’un nouveau statut. Ce statut est issu de négociations engagées en 2003 avec le gouvernement socialiste de Zapatero. Il a été voté par les Cortes, puis par le Sénat espagnol, puis approuvé par un referendum en Catalogne même en juin 2006 par 73% des voix.

 

Été 2006. Le Partido Popular introduit un recours contre le nouveau statut devant le Tribunal Constitutionnel d’Espagne.

 

28 juin 2010. Le tribunal met quatre ans pour rendre son verdict. Il décide d’annuler 14 articles du nouveau statut, notamment : rejet du concept de nation catalane, refus d’un statut de « langue préférentielle » pour le catalan, refus du transfert d’une partie du pouvoir judiciaire.

10 juillet 2010. une première grande manifestation de protestation contre la décision du Tribunal Constitutionnel, appelée par Omnium Cultural, rassemble 1,5 million de personnes.

2/ Le processus actuel

10 mars 2012. Création de l’Assemblée Nationale Catalane, et montée en puissance rapide (80.000 membres en 2015). En lien avec Omnium Cultural, l’ANC co-organise chaque 11 septembre depuis 2012 de colossales mobilisations populaires en avançant la revendication d’indépendance, conséquence logique du rejet du statut qui avait été approuvé par referendum.

 

De juin jusqu’au 11 septembre 2012.

Plus d’un million de personnes participent à la «marche pour l’indépendance » entre Lleida et Barcelona.

 

11 septembre 2013. Chaîne humaine de plus d’1,6 million de personnes entre la frontière française et le sud de la Catalogne (400 km).

 

11 septembre 2014. 1,8 million de personnes forment le V pour « victoire » et « votons » en arborant les couleurs du drapeau catalan par leurs tee-shirts.

 

11 septembre 2015. Nouvelle manifestation monstre (1,5 million). Artur Mas, tête de la liste Junts pel Sì (ERC+Convergencia) promet un referendum d’autodétermination s’il le mouvement nationaliste gagne les élections.

 

29 septembre 2015. Les listes indépendantistes emportent la majorité absolue des sièges. Sur pression de CUP, parti d’extrême gauche indépendantiste, Artur Mas est remplacé par Carles Puigdemont.

 

1er octobre 2017. Convocation du referendum d’autodétermination décidée par la Generalitat de Catalunya. L’Etat espagnol essaie par tous les moyens d’en empêcher la tenue : perquisitions les jours précédant pour saisir les matériels de vote (bulletins et urnes), violences policières contre les files d’attente des électeurs, sabotage internet pour ralentir ou empêcher les opérations de vote, etc. Le referendum mobilise 42,4 % du corps électoral. 90 % votent Oui à l’indépendance.

3/ Répression et antidémocratie en Europe

En réaction à son échec pour empêcher le referendum du 1er octobre 2017, le gouvernement espagnol demande au Parquet de Madrid d’engager des poursuites pour « sédition» et « rébellion» passibles de trente années de prison. Il décide la mise en oeuvre de l’article 155 de la constitution espagnole (sorte «d’état d’urgence »), et met ainsi la main sur la Généralitat. Parallèlement des élections sont convoquées pour le 21 décembre 2017, et la loi prévoit la fin de l’article 155 une fois une nouvelle Generalitat installée.

Les présidents d’Omnium Cultural (Jordi Cuixart) et de l’ANC (Jordi Sanchez) sont aussitôt incarcérés, suivis 15 jours plus tard par les dirigeants de la Generalitat qui ont répondu à la convocation du juge Llarena, notamment Oriol Junqueras (ex-vice Président) et Joaquim Forn (exministre de l’Intérieur). Raul Romeva, Carmè Forcadell, Jordi Turull, Josep Rull, Carles Mundo, Dolors Bassa et Meritxel Borras ont été incarcérés à compter de février dernier. Tous sont des prisonniers politiques.

D’autres ont préféré partir en exil à l’instar du Président sortant de la Generalitat, Carles Puigdemont. Madrid exige leur transfèrement en Espagne en application du mandat d’arrêt européen lancé à leur encontre. Les tribunaux belge, puis allemand, ont rejeté cette demande l’État espagnol.

Les élections du 21 décembre 2017 ont été à nouveau gagnées par le mouvement catalan qui dispose de la majorité absolue des sièges. Après plusieurs tentatives aussitôt invalidées par le Tribunal constitutionnel espagnol, la Généralitat de Catalogne a investi le nouvel élu Quim Torra qui est en train de former un nouveau gouvernement.

N’ayant pas fait partie de la précédente Generalitat il est (provisoirement ?) à l’abri des poursuites judiciaires en cours.

4/ Solidarité européenne

Face à la répression en Espagne, un large mouvement de solidarité se mobilise en Europe. Le meeting de Bastia, le 27 mai dernier, s’inscrit dans ce mouvement de solidarité en faveur de la démocratie et des droits du peuple catalan, et pour le respect des peuples d’Europe qui luttent pour la reconnaissance de leurs droits. De même que l’initiative prise par nos trois députés au Palais Bourbon le 3 juillet.

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