Jean Michel Blanquer

Le Ministre qui veut tuer les langues régionales

L’avenir des langues corse, catalane, basque, occitane, alsacienne, mosellane, savoyarde ou bretonne n’est pas rose sur le territoire de l’Hexagone. Elles luttent pour leur survie. Mais grâce à des réseaux toujours aussi motivés autour de l’enseignement sous contrat de type Diwan (Bretagne), Seaska (Pays Basque), Calandretas (Occitanie), ABCM et FILAL (Alsace), Bressola (Catalogne), ou même dans l’enseignement public où la demande est toujours pressante de la part des élèves et de leurs parents, notamment en Corse, leur place dans l’éducation est toujours posée avec force.

Avant Jean-Michel Blanquer, rares sont les ministres qui ont infléchi la ligne jacobine qui règne en maître au sein du Ministère de l’Éducation Nationale. Mais sa déclaration du 21 mai dernier au Sénat, quand un sénateur l’a interrogé sur l’intérêt de développer l’enseignement par immersion pour de meilleurs résultats, puis les effets « linguicides » de la réforme du bac qu’il a fait passer au printemps dernier sont deux indications très nettes : le Ministre de l’Éducation aujourd’hui en poste veut accélérer la disparition de nos langues et de nos cultures.

Au Sénat, il a déclaré qu’il y a «une vraie question au sujet de l’immersion, sur le plan pédagogique » car « l’immersion est fondée sur le principe de l’unilinguisme».

Comme si la scolarisation par Diwan, Seaska ou d’autres avait eu pour effet de produire des élèves ignorant le français ! D’autant plus absurde que toutes les enquêtes montrent au contraire que les élèves issus de ces structures maîtrisent parfaitement le français et qu’ils sont même largement au dessus de la moyenne constatée ailleurs.

Puis, il se place aussi sur le terrain juridique en invoquant « la possible inconstitutionnalité de la méthode immersive».

Dès lors, les réseaux des écoles les plus actives dans l’enseignement par immersion, qui relèvent de l’enseignement privé, dont les résultats sont les meilleurs sur le plan linguistique, tandis que les taux de réussite des élèves dans les autres matières sont excellents, sont tous placés sous la menace de la rupture des contrats qui permettent à leurs enseignants d’être rémunérés par l’État.

Quant aux très rares expérimentations de l’enseignement par immersion dans l’école publique, notamment en Corse, elles seraient bien sûr condamnées à rester sans lendemain.

La réforme du bac quant à elle réussit l’exploit de diviser par cent le nombre d’élèves qui seront inscrit aux épreuves « langues régionales » lors de l’examen.

Ce qui n’empêche pas M. Blanquer et son administration de clamer que leur réforme offre une amélioration de la situation des langues régionales dans le système éducatif ! Le système totalitaire jacobin français n’a décidément rien à envier au système totalitaire d’avant la fin du rideau de fer.

 

Jeudi 12 septembre à Paris, dans les locaux du Parlement Européen, de nombreux acteurs des « langues régionales », secteur public et secteur privé, enseignement aux scolaires ou aux adultes, se sont rassemblés autour de François Alfonsi, déjà porteur au Parlement Européen d’un rapport « sur les langues menacées de disparition » voté à la quasi-unanimité des députés des 28 États-membres, et Paul Molac qui coordonne l’intergroupe des députés actifs sur ces questions.

La volonté de mettre en échec le plan de M. Blanquer, qui serait en quelque sorte la « solution finale» pour les langues et les cultures que nous défendons, a été approuvée par tous les délégués.

Une mobilisation s’annonce pour le mois de novembre, dont Arritti et la Corse seront bien sûr partie prenante.

À suivre.

ARRITTI.