L’Arcusgi

Quarant’anni di mùsica e di lotta di liberazione naziunale

Le groupe l’Arcusgi revient avec un neuvième album Eterna lotta comprenant douze titres, et avec une tournée évènement dans toute la Corse. Cet album a été enregistré dans les studios ATOM à Biguglia en novembre 2023 pour une sortie ce mois de mars 2024 pour les quarante du groupe.

 

 

Une empreinte musicale reconnaissable avec une constance des convictions et de l’engagement militant, c’est ce qu’est le groupe l’Arcusgi depuis maintenant quarante ans. Ce groupe majeur du paysage musical de l’île est né en 1983 dans la région Marana Casinca. Tout commence par des réunions entre amis sur les champs de foire au début des années 1980. À l’époque, Louis Franceschi écrit déjà des textes en corse et en français et sa rencontre avec Petru Lorenzi « Petrucciu » permet de formaliser un engagement musical militant, alors que d’autres groupes comme Canta u Populu Corsu ont déjà ouvert la voie du Riaquistu. En 1984, le groupe est nommé l’Arcusgi, faisant référence aux arquebuses utilisées par l’armée de Pasquale Paoli au XVIIIe, voulant rendre hommage à la figure des premiers combattants et aux morts de Ponte Novu. C’est donc au départ une motivation politique qui réunit les musiciens et chanteurs Louis Franceschi, Petru Lorenzi, Salvadore Dellapina, Ghjuvan-Marcu Camurati, Ghjuliu Filippi, Filippu Guerrini è Dumenicu Renucci, autour de morceaux abordant des sujets comme la défense du peuple corse, de la langue et de la culture, la lutte contre la drogue et la reconquête des droits nationaux. Depuis les débuts du groupe, plus d’une centaine de personnes se sont succédées dans le groupe et en quarante ans, le groupe l’Arcusgi a traversé et témoigné de tous les évènements majeurs de ces dernières décennies.

Au fil des albums, un public multigénérationnel adhère aux messages portés par le groupe : la volonté de défendre la langue, la culture, la terre, soit tout ce qui fait l’essence du peuple corse. Héritier du Riaquistu, l’Arcusgi se définit alors comme un groupe « politico-culturel ». De Resistenza, album éminemment revendicatif, en 1988 à Cantu, passioni, spartera en 2014 en passant par Sò Elli (1993) ou encore l’Arcusgi di Pasquale (2005), l’Arcusgi a su apporter sa pierre à l’édifice de la reconquête culturelle corse de la fin du XXesiècle. Au fil des ans, le groupe a également manifesté sa solidarité avec les autres peuples opprimés, comme en témoignent les multiples concerts donnés au Pays-Basque et les morceaux écrits pour les peuples minoritaires (Askatasunera, A tè Surella..). Certains titres de l’Arcusgi ont également marqué l’histoire de l’île comme Sò Elli (1993), morceau phare du groupe devenu un titre régulièrement entonné les soirs de match à Furiani.

Dans ce nouvel album, si les accords se sont quelque peu modernisés, les revendications restent constantes et nous rappellent que la lutte n’est pas finie. L’album se place tout particulièrement dans la continuité des liens fraternels entre les corses et les autres peuples en lutte comme les bretons ou les catalans. L’album rend également hommage à Yvan Colonna, assassiné dans la prison d’Arles en mars 2022, avec le titre éponyme Eterna lotta, faisant écho au titre Amicu Pastore sorti en 2002 :

« A strada ripiglia fiatu, versu a nostr’indipendenza, senti sta voce di l’ombra, quella di a to partanza, chì ci guida u caminu, chì mughja fora a francia » (Ricantu di a canzone Eterna Lotta). •

Pauline Boutet-Santelli

 

Pour les quarante ans du groupe, une quinzaine de membres et d’anciens membres se sont retrouvés sur scène alors que plusieurs concerts ont rassemblé des centaines de spectateurs les 8 et 9 mars dernier au Spaziu Carlu Rocchi à Biguglia. Le groupe sera en concert le 27 avril prochain au Palatinu à Aiacciu.
Per cumprà i biglietti : www.palatinu.corsica/evenement/larcusgi