La France et le monde ont vibré lors des Jeux olympiques 2024 à Paris, avec de nombreuses « premières » et des foules enthousiastes : des jeux au cœur d’une ville – inédit, et des compétitions mises en valeur par les prestigieux monuments de la ville, une cérémonie d’ouverture hors d’un stade, sur la Seine, carrément, et certaines épreuves ouvertes gratuitement au public (cyclismes sur route, triathlon, marathon, nage en eau libre, marche, voile, surf, et bien sûr cérémonie d’ouverture) et même partagées avec lui (Marathon pour Tous disputé la nuit qui lui était réservé) ! Pleine réussite donc, mais les Jeux Paralympiques qui ont suivi l’ont été encore plus avec un écho médiatique inédit et journalier à la télévision, ce qui est une première aussi (165 chaînes ont suivi les Jeux paralympiques) et contribue largement à leur popularisation, avec des pics d’audience « phénoménaux », faisant de Paris 2024, « les meilleurs jeux paralympiques de l’histoire » a dit le président du Comité international paralympique Andrew Parsons.
Le public a pu se rendre compte à quel point ces personnes sont de véritables athlètes et leurs performances égalent les personnes valides, parfois même les surpassent !
2,5 millions de billets vendus, des millions de téléspectateurs, les jeux paralympiques auront peut-être commencé à changer le regard sur le handicap. Espérons que cela perdurera. Car tout n’était pas rose non plus. Paradoxe de taille, certains sites étaient inaccessibles au public en situation de handicap, et malgré les annonces, le métro parisien n’était pas partout accessible non plus.
Les préjugés subis par les personnes en situation de handicap entraînent des discriminations dénoncées par l’APF France Handicap* qui se bat pour un égal traitement dans tous les domaines de la vie, accessibilité, éducation, emploi, santé, loisirs…
C’est seulement à la suite des revendications de mai 68, qu’est adoptée, le 30 juin 1975, la loi qui consacre l’intégration du handicap dans la société et érige le principe d’accessibilité.
Dans les années 90, le mouvement fondé par l’APF prend une envergure européenne, mais ce n’est que le 11 février 2005 que la loi sur l’égalité des droits et des chances est enfin approuvée en France. Malheureusement, ses bonnes résolutions se heurtent aux limites du budgétaire dans un pays en crise, et il faudra attendre encore pour une vraie reconnaissance du handicap en France… notamment au niveau économique et de la précarité dans laquelle sont souvent plongées ces personnes.
Le sport est heureusement un formidable vecteur d’inclusion sociale. L’attrait médiatique, les centaines de millions de téléspectateurs dans le monde, les prouesses des athlètes, leur joie, tout ceci contribue à vivre différemment le handicap.
Les premiers Jeux paralympiques de l’histoire se sont tenus en 1952 à Stoke Mandeville en Angleterre. Ils sont la suite de la prise en charge des grands blessés de guerre. Mais c’est en 1960, à Rome, que ce rendez-vous au début annuel est considéré comme les premiers jeux paralympiques avec 23 nations et 400 athlètes présents. Les industriels s’intéressent et le matériel de prothèse évolue au cours des années, des fauteuils de plus de 15 kgs jusqu’à ces stupéfiantes lames aujourd’hui pour les athlètes amputés. Leur exploit héroïque change le regard. Leur joie communicative crée du lien.
Espérons que ce ne sera pas seulement une « trêve paralympique » et que les efforts mis dans l’accessibilité au sport pour leur donner une chance de devenir athlète mais aussi dans la société pour leur rendre leurs droits, va se poursuivre et s’amplifier.
Enfin, retenons des messages politiques magnifiques. Zakia Khudadadi, jeune afghane de 25 ans médaillée de bronze en parataekwondo, qui a fui le régime des Talibans au péril de sa vie il y a trois ans, a décroché la première médaille paralympique de l’histoire des réfugiés qui représentent 120 millions de déplacés dans le monde pour des raisons politiques. Militante du droit des femmes, Zakia cumule les handicaps dans son pays, issue d’une minorité persécutée, les hazaras, elle est femme bien sûr, mais aussi mise au ban de la société afghane pour son handicap. Elle a dédié cette médaille « à toutes les femmes afghanes ». Magnìficu ! • F.G.
* anciennement Association des Paralysés de France créée en 1933 qui compte aujourd’hui plus de 85.000 adhérents et œuvre par des chaînes de solidarités pour soutenir les personnes en situation de handicap et leur famille, pour « une société plus juste, solidaire et inclusive » avec pour devise « risquer l’impossible ».