Ainsi va la politique, au fil quotidien des dossiers et des faits divers.
Faits divers
Les faits divers du quotidien sont autant de signaux qui doivent nous alerter sur les dérives de notre société, et nous inciter à la mobilisation et à la solidarité pour en conjurer les effets délétères.
Deux incendies criminels ont frappé des lieux emblématiques de l’action solidaire la semaine dernière. L’un en Balagne, l’autre au Fium’Orbu. Rien ne relie ces deux attentats, si ce n’est la « concordance des temps » – ils ont eu lieu à 24h d’intervalle –, et la nature de la cible choisie par leurs agresseurs.
En quoi une entreprise solidaire de réparation de véhicules comme celle qui a été visée en Balagne peut-elle attirer la vindicte d’un incendie criminel ? On peine à l’imaginer. Même raisonnement pour ces véhicules de la réserve communale de lutte contre les incendies du Fium’Orbu qui ont été eux aussi détruits intentionnellement sans qu’aucune explication ne puisse être avancée.
La volonté de destruction qui s’exprime par ces actes atteint bien plus largement que les responsables des associations visées. Elle s’adresse à toute la société et c’est avant tout un combat moral et éthique qu’il faut mener contre elle. Une sorte d’excommunication citoyenne doit être prononcée à l’encontre des auteurs : vous êtes les ennemis de tous, et pas seulement de ceux qui ont été visés. Une solidarité large et partagée est de nature à les isoler, et à les arrêter.
Arritti s’associe totalement aux réactions très nombreuses et très déterminées qui sont intervenues contre ces attentats. Elles peuvent créer un rempart face à ces dérives, et redonner les moyens de leur action solidaire à ceux qui en ont été privés. Et elles font entendre la réprobation de toute une société, ce qui finira bien par désarmer ceux qui s’adonnent à de telles exactions. •
François Alfonsi.
Faits politiques
La vie politique n’est pas limitée au compte-rendu des débats de l’Assemblée de Corse ou d’autres instances qui forment le cœur de la démocratie insulaire. Elle passe aussi par des dossiers bien concrets dont les difficultés renvoient à l’essentiel du problème corse.
Ainsi le dossier de l’attribution à 26 jeunes agriculteurs de lots pour leur installation sur l’immense domaine Casabianca à Linguizzetta, en liquidation judiciaire, dont la situation en proximité immédiate du littoral de la Plaine Orientale avait fait craindre qu’il ne soit détourné de sa vocation agricole par le jeu des enchères publiques. Il y a deux ans le dossier a été finalisé, chose remarquable, dans des conditions d’équité et de transparence qui avaient fait l’unanimité. Sauf que, depuis deux ans, tout est resté immobile, et les jeunes agriculteurs désespèrent de lancer leur activité car ils ne peuvent prendre possession du lot qui leur a été promis.
Car le dossier s’est entretemps enlisé dans les méandres juridiques et administratifs. La faute semble-t-il au liquidateur judiciaire du continent qui devait au préalable solder certaines situations. Il est probable que le traitement d’un domaine au prix du mètre-carré agricole soit beaucoup moins motivant pour cette profession que d’autres transactions sur l’île. Toujours est-il qu’une manifestation d’impatience et de mécontentement s’est révélée nécessaire pour réveiller la chaîne de décision. Le préfet de Haute-Corse a obtenu, nous dit-il, l’accélération des démarches en vingt-quatre heures.
Fussi ella puru ! Mais ce dossier soulève un problème très politique : pourquoi rien ici ne semble pouvoir arriver à son terme de façon simple et naturelle ?
Autre fait local à retentissement insulaire, celui du vote d’une instance méconnue mais décisive pour l’application du Paddduc, la CTPENAF, Commission territoriale de préservation des espaces naturels, agricoles et forestiers, qui a donné un avis négatif au projet de PLU de la commune de Monte dont le territoire va jusqu’à la mer par une étroite bande qui longe la rive droite du Golu. Sur cette partie du territoire communal, le projet municipal était d’accueillir sur des parcelles agricoles un centre de sur-tri projeté par le Syvadec, et, dans la même zone, construire une école, des logements sociaux et un centre commercial.
Sauf que ce centre de traitement des OM est prévu pour accueillir avant enfouissement 250.000 tonnes d’ordures brutes, autant ou presque que ce que toute la Corse produit. Même en admettant les performances déclarées de ce système de tri, sur des ordures brutes et mélangées, performances largement mises en doute, la cohabitation avec les autres constructions prévues sur ce même site ne pouvait qu’interroger. Les associations ont voté contre, et les représentants de la majorité territoriale se sont abstenus, provoquant un vote global négatif.
Le maire de Monte s’en est étranglé et a dénoncé un règlement de comptes politique en raison de sa présence sur la liste de Laurent Marcangeli aux dernières élections. Et, ce qui est le fait politique principal de ce dossier, le préfet Lelarge s’est aussitôt fendu d’un communiqué pour lui donner raison contre la majorité territoriale, et contre l’avis émis par la CTPENAF. •
François Alfonsi.
Lire par ailleurs les réactions de Femu a Corsica, Core in Fronte et PNC.