L’élection du nouveau Président du Conseil Syndical du Syndicat de l’Electricité de la Corse du Sud fait l’objet de fortes tensions entre l’Exécutif et une coalition hétéroclite qui associe un directeur omnipotent, des élus sortants de l’ex-majorité territoriale, principalement PNC, et d’autres d’obédience anti-nationaliste, issus de la CAPA que préside Laurent Marcangeli et de plusieurs « petites communes » du département.
Les statuts du syndicat prévoient que le Conseil syndical, composé de délégués de chaque commune et de ceux désignés par la Collectivité de Corse, doit être présidé par un des délégués issus du collège de la CdC, principal financeur. Cette disposition avait été introduite en 2018, quand, déjà, la droite voulait s’emparer de la Présidence au détriment de la majorité nationaliste sortie des urnes en décembre 2017. Elle avait permis de conduire à la Présidence Joseph Pucci, alors Conseiller territorial du PNC, et maire de Vighjaneddu.
N’étant pas réélu en juin dernier, il a perdu son poste de Président, et a donc été remplacé par le vice-Président Antoine Ottavi pour un intérim jusqu’à l’élection du nouveau Président.
Pendant ce temps, la Collectivité de Corse nouvellement élue a désigné ses huit représentants conduits par Jean Biancucci, candidat à la Présidence.
Mais à nouveau l’opposition cherche à s’imposer pour mettre la main sur cet organisme important en termes de financements et d’aménagement du territoire. Elle fait alliance avec le président sortant qui, n’ayant pas été réélu à l’Assemblée de Corse, souhaite être réélu Président du syndicat en sa qualité de maire. Mais pour cela il faut modifier les statuts du syndicat avant que l’élection de son nouveau Président n’intervienne.
Le branle-bas de combat est mené par le directeur qui, ne pouvant convaincre le Président par intérim de le faire, convoque l’Assemblée Générale en plein mois d’août pour modifier les statuts. Un peu comme si un secrétaire de mairie s’arrogeait le droit de convoquer un conseil municipal !
Lors de cette réunion surréaliste, les délégués présents ont décidé la modification des statuts souhaitée par ceux qui l’avaient convoquée. Délibération aussitôt déférée en justice, et que le tribunal a décidé d’annuler. Dans les jours à venir, le syndicat pourra donc se réunir et élire Président et vice-Présidents selon les statuts en vigueur.
Au-delà de cet épilogue attendu, l’épisode de cette élection est significatif de la situation politique nouvelle. En scellant une alliance avec la droite, selon un axe Portivechju/Aiacciu, le PNC, principal protagoniste de la tentative de « putsch statutaire » tentée avec l’aide du directeur et bloquée par la décision en référé du tribunal de Bastia, affiche sa volonté de faire chuter l’Exécutif sorti des urnes en juin 2021. Ce positionnement sera-t-il limité à cette désignation, ou se généralisera-t-il à chaque étape de la mandature qui commence ?
Ne pas faire partie de l’Exécutif de Gilles Simeoni doit-il conduire à adopter une posture d’opposant systématique prêt à toutes les alliances pour arriver à le contrer en prenant le chemin d’une opposition stérile ?
La question est posée aux militants et aux soutiens du PNC. Et aussi à tous les électeurs nationalistes qui se sont exprimés en juin dernier. La diversité du mouvement nationaliste est une réalité à prendre en compte. Prenons garde à ne pas la transformer en une fracture qui serait irrémédiable. •