Après une première défaite de l’armée russe qui s’est désormais totalement retirée de Kiyv, la guerre en Ukraine s’est focalisée sur les frontières de l’Est du pays, et, au sud, sur les côtes de la Mer Noire et de la Mer d’Azov. On sait peu de choses de la réalité des offensives et contre-offensives menées, mais aucune des deux parties ne semble vraiment dominer le théâtre d’opérations.
À Marioupol, la fin est proche. Dans leurs retranchements souterrains de la gigantesque aciérie Azovstal les soldats ukrainiens sont assiégés et n’ont plus aucun espoir d’empêcher la prise de la ville et de son port par les troupes russes. Mais en refusant de se rendre, ils mobilisent une partie des troupes russes, et les soustraient donc aux autres fronts, ce qui favorise l’armée ukrainienne.
Aux deux extrémités du front actif, à Kharkiv au nord, et aux alentours de Kherson à l’embouchure du Dniepr sur la Mer Noire, l’armée ukrainienne engage des contre-offensives et regagne du terrain. Au centre de cette immense ligne de front, il y a le Donbass proprement dit, selon un front qui a été figé en 2014 lors de la première offensive russe. Les fortifications y sont très renforcées, et ni les uns ni les autres ne font réellement bouger la frontière qui préexistait à la guerre déclenchée le 24 février dernier.
La prise du port d’Odessa sur la Mer Noire était un objectif clair de Vladimir Poutine. Un nouveau naufrage vient de frapper la flotte russe qui y était déployé à cette fin, et l’assaut semble désormais infaisable pour Moscou, même s’il pouvait déclencher l’intervention des soldats stationnés en Transnitrie, territoire moldave selon le droit international, mais sous le contrôle des forces prorusses.
De toutes façons, sur les autres fronts non plus, l’armée russe n’est pas à la fête. Elle fait du surplace dans le Donbass, elle recule manifestement à Kharkiv, et elle fait face à une guérilla dans les territoires qu’elle contrôle entre la Crimée et Marioupol.
Plusieurs signes clairs apparaissent qui montrent que certains commencent à croire à une possible victoire, au moins relative, de l’Ukraine. Jamais autant d’argent n’avait été débloqué pour armer les Ukrainiens. Les USA ont débloqué ainsi 33 milliards de dollars, décuplant les sommes qu’ils avaient jusqu’ici engagées.
Les armes fournies sont de moins en moins défensives et de plus en plus adaptées aux besoins ukrainiens, incluant des tanks, des avions, des véhicules de combat et même des canons longue portée qui permettent d’atteindre les bases de lancement des missiles russes au-delà de la frontière. Europe, USA, Royaume Uni, tous renforcent leurs aides et ils ne l’auraient jamais fait à ce point s’ils avaient eu le sentiment que la guerre était perdue d’avance.
En face, Poutine refuse d’envisager l’hypothèse même d’une défaite, et il jette de nouvelles forces et de nouvelles armes dans la bataille. La référence à l’usage d’armes nucléaires est évoquée, mais le risque d’un véritable passage à l’acte semble peu crédible. Cependant nul ne sait jusqu’où cette guerre peut aller.
Après bientôt trois mois, l’invasion de l’Ukraine par la Russie de Vladimir Poutine a tout chamboulé sur la scène internationale. Retour de la famine en Afrique, gaz de schiste américain, plus cher car acheminé par bateau, pour remplacer le gaz russe en Europe, portes ouvertes à l’Ukraine pour intégrer l’Union Européenne, etc. Jusqu’où cela peut-il aller ? •