Commission du Développement régional du Parlement européen

Pour un Pacte européen pour les îles

François Alfonsi est membre de l’intergroupe Searica au Parlement européen (Seas, Rivers, Islands and Coastal Areas, Territoires côtiers, insulaires, fluviaux et maritimes), dont une des priorités est de faire reconnaître la spécificité des îles par l’Europe. Ce qui est un impératif pour la Corse et c’était d’ailleurs l’un des thèmes forts de la campagne en Corse lors de l’élection européenne de juin 2019. Ce projet a connu une étape importante le 21 avril dernier par le vote à la quasi-unanimité (39 pour, un contre) de la Commission du Développement régional du Parlement européen du rapport présenté par son président Younous Omarjee appelant « à la définition et à la mise en œuvre rapide d’un Pacte pour les Îles ».

 

 

Si l’on veut se faire entendre par l’Union européenne sur une priorité qui n’est pas celle des États-membres, il faut peser dans des intergroupes dédiés et faire du lobbying ! Ainsi va le fonctionnement de l’Europe, où il faut avoir conscience que la question des Îles n’est par définition pas prioritaire en Autriche ou en Tchéquie ! Aussi, l’Intergroupe Searica regroupe les eurodéputés, de divers groupes, sensibles à ces problématiques insulaires ou côtières. Il a été reconstitué le 11 décembre 2019 sous la présente mandature. Il est appuyé par une centaine d’eurodéputés. François Alfonsi en est le vice-président en charge des îles*.

François Alfonsi siège également au sein de la Commission du Développement régional du Parlement européen (REGI) présidée par le député réunionais Younous Omarjee. Aussi, ces deux insulaires se sont employés à la prise en compte de la dimension spécifique des îles et de leurs difficultés.  Le commissaire en charge du plan de relance européen (750 milliards d’euros), Paolo Gentiloni, en octobre 2020, a répondu à leur sollicitation pour l’intégration d’un amendement spécifique aux « régions ultrapériphériques et insulaires » dans le fonds européen pour une transition écologique juste (Just Transition Found). En avril 2020, ils cosignent avec les autres eurodéputés insulaires* un courrier adressé à la présidente de la Commission européenne, Mme Von der Leyen, pour alerter sur la fragilité des îles « beaucoup plus impactées par la crise Covid19 ». En juillet, la présidente leur répond : « je partage pleinement votre évaluation de l’impact asymétrique de l’épidémie (…) en raison de leur dépendance à l’égard du tourisme ainsi que des transports aériens et maritimes, l’économie de ces régions est touchée d’une manière sans précédent ».

Paolo Gentiloni s’engage alors à cibler « les zones particulièrement affectées par la crise dont les îles dans la définition des plans de relance qui seront négociés par la Commission avec chacun des États-membres ».

Ce travail bien sûr est coordonné avec l’action de la Collectivité de Corse. Il a servi de phase préparatoire à l’élaboration d’un « agenda pour les îles » qui pourra déboucher, après un processus de plusieurs mois, sur la définition d’un « Pacte européen pour les Îles » à négocier entre le Parlement européen, la Commission européenne et le Conseil européen des États membres, pour que les futures programmations européennes, notamment les fonds dédiés à la Politique agricole commune et au Fonds de développement régional, incluent une véritable prise en compte des problématiques insulaires.

 

Ce 21 avril 2022, une première étape importante a été franchie : les eurodéputés de la commission du développement régional du Parlement européen ont adopté un rapport demandant à la Commission européenne de présenter un agenda insulaire et une politique européenne spécifique pour les îles, adossée à une véritable stratégie pour celles-ci. Ce rapport porté par le président de REGI, Younous Omarjee, a été adopté par 39 voix pour, un contre. « Nous proposons par ce rapport un saut qualitatif dans l’application de l’article 174 du traité et la prise en compte des spécificités des îles dans les politiques et les règlements européens », a expliqué Younous Omarjee qui a appelé à « un véritable pacte des îles ». Le vote quasi unanime en commission laisse présager un large soutien en séance plénière du Parlement européen. Ce qui serait une grande étape pour les îles et la reconnaissance de leur spécificité. Les eurodéputés attendent « des actions concrètes et adaptées à chaque situation spécifique des territoires insulaires en lien avec leur bassin maritime. Ils réclament en outre un Pacte pour les îles (Islands Pact), qui serait élaboré avec tous les acteurs concernés, à l’image de ce qui s’est fait pour le “Pacte urbain” et le “Pacte rural” » a commenté l’Agence de presse Europe.

Le rapport sera soumis au vote lors de la session plénière du mois de juin.

Pour donner plus d’ampleur à ce vote solennel, et engager dans les meilleures conditions les discussions qui suivront avec le Conseil, qui est la représentation des 27 États-membres à Bruxelles, et la Commission présidée par Ursula Von der Leyen, l’intergroupe Searica organise un événement sur internet, notamment à destination des gouvernements insulaires, durant lequel sera présenté le détail des propositions concrètes que le Parlement est en train d’adopter. La conjonction entre députés européens et exécutifs régionaux est nécessaire pour que les États-membres concernés (particulièrement l’Italie, la Grèce, l’Espagne pour les Baléares, la France pour la Corse) se mobilisent autour du « Pacte pour les îles ».

Il aura lieu sur Internet le jeudi 28 avril de 14h à 16h et il est organisé avec le concours de la CRPM (Conférence des régions périphériques maritimes). •

 

* En plus des eurodéputés corse et réunionnais, siègent au sein de la Commission des Iles de l’intergroupe Searica un eurodéputé sicilien, un croate des Iles d’Istrie, trois maltais, une députée des Îles Baléares, deux chypriotes, un suédophone de Finlande (îles Aland).

 

Pour plus d’informations et s’inscrire au webinaire : www.searica.eu