Comme nombre de corses et comme tous les ans, l’équipe d’Arritti s’est rendue à Bucugnà pour la fiera di a castagna. Au-delà de la châtaigne et de ses dérivés, farine, châtaignes sèches ou même encore la vente de jeunes plants de châtaigniers en coopération avec la pépinière territoriale de Castelucciu, on y retrouve des artisans, des maisons d’édition et des auteurs venus de toute la Corse. Le tout accompagné par les chants de Felì ou encore de la Scola di cantu fondée par Natale Luciani, leader de Canta u populu corsu, disparu tragiquement il y a de ça 21 ans alors qu’il revenait de la foire à laquelle il était très attaché.
La foire de Bucugnà c’est aussi et surtout, en cette période de Festa di a Nazione et à quelques jours de Noël, un moment de convivialité et de communion où des Corses de toutes les générations et de toutes les régions de l’île se retrouvent et partagent un moment ensemble autour d’une chanson, d’un verre et d’une part de gâteau… à la châtaigne bien sûr !
Arritti a pu échanger quelques mots sur le sujet avec Alexandre Filippi, président du foyer rural de Bucugnà « U Castagnu ».
L’affluence a-t-elle été bonne cette année pour la foire ?
S’il est pour l’heure difficile de tirer un bilan, ce que je peux vous dire c’est que vendredi a été une très bonne journée avec la venue de 650 élèves avec leurs enseignants et leurs accompagnateurs sans compter les personnes venues pour l’ouverture, samedi a aussi été une bonne journée, dimanche les aléas climatiques ont fait que c’était plutôt aléatoire et on a finalement été surpris par l’affluence ce dimanche, sur l’ensemble on peut estimer qu’on a eu une fréquentation, non pas exceptionnelle, mais très convenable.
Comment a été la récolte de châtaigne cette année ?
C’est une récolte qui est plutôt hétérogène, des endroits avec une très bonne récolte, des quantités très intéressantes et d’autres pratiquement rien.
C’est dû bien évidemment au changement climatique, avec des régions arrosées abondamment et d’autres beaucoup moins, notamment la région de Pianellu, Moïta et cetera, dans la région de Bucugnà on a une bonne récolte, mais la difficulté est que les fruits sont vite pervertis, l’accumulation d’eau crée des moisissures ce qui fait que la transformation de la châtaigne est beaucoup plus difficile, certains castanéiculteurs nous disaient qu’ils rencontraient, effectivement, beaucoup de difficultés à sécher les châtaignes.
Ce qui signifie que malgré la quantité de la récolte, la qualité ne sera pas forcément au rendez-vous.
Est-ce que selon vous la châtaigne à un rôle à jouer dans la redynamisation de l’intérieur ?
En tous cas, la foire de la châtaigne de Bucugnà n’a été créée que dans ce but et on se bat pour ça depuis maintenant 42 ans, et notamment la rénovation de la châtaigneraie, la réintroduction de tous les produits castanéicoles, c’est à dire tout ce qui tourne autour de la châtaigne dans le quotidien des Corses, puisqu’il y a eu dans les années 50 et 60 une très grande déperdition voire un abandon total de la châtaigneraie.
Donc on a œuvré à la remise en route de la castanéiculture et de la châtaigneraie elle-même puisque nous vendons sur la foire des plans de châtaigniers qui sont sains et exempts de maladie.
On tente en tout cas de faire œuvre de prospective, c’est-à-dire de voir le plus loin possible et on pense avoir eu une influence, certainement, de la foire de la châtaigne de Bucugnà sont nées les autres foires de la fédération des foires de Corse, on n’est pas pour autant des initiateurs on a nous même pris la suite, par exemple, de la foire des années 70 qui a permis effectivement de relancer la Châtaigneraie et on espère à l’avenir inciter de plus en plus de jeunes agriculteurs à se lancer dans la châtaigneraie. •