Voilà bientôt 40 ans, la relance du site des eaux thermales de Caldaniccia était au programme des candidats « Per un Avvene Corsu » aux élections municipales d’Aiacciu. La liste expliquait alors que ce site thermal était un des plus prometteurs de Corse, compte tenu de la qualité de ses eaux qui ont été exploitées durant des décennies lors des années glorieuses du thermalisme, quand nombre de maladies étaient encore non soignées par la médecine. La nature sulfureuse de ses eaux, comme à Brides les Bains ou Vichy, là où le thermalisme est un créneau économique toujours porteur, en faisait encore un site favorable pour une médecine douce. Ce qui n’est pas le cas par exemple des eaux ferrugineuses comme celles d’Orezza qui ont perdu tout intérêt thérapeutique depuis que l’absorption de quelques comprimés suffisent à compenser les carences en fer dans les organismes.
Plus encore, à l’heure où la thérapie par le soleil de maladies mal connues comme le psoriasis pouvait amener de nouvelles clientèles à ce site situé à deux pas de la mer, le pari économique était largement envisageable, d’autant que le seul investissement nécessaire sur le site lui-même est celui de l’établissement thermal, le golfe d’Aiacciu disposant largement de toute la capacité hôtelière nécessaire pour accueillir les curistes et leur offrir un cadre de station thermale complète.
Le site de Caldaniccia, situé sur la commune de Sàrrula Carcupinu en limite immédiate de la ville d’Aiacciu, n’a gardé de son passé thermal qu’une ruine éventrée et une fontaine dont l’eau qui en sort chaude est pleine de qualités thérapeutiques. Ceux qui la connaissent encore sont souvent des ouvriers du bâtiments aux mains crevassées par le ciment qui vont soulager leur mal en s’y lavant régulièrement au bout d’un tuyau en plastique posé à même le sol.
Mais, depuis 40 ans, le site de Caldaniccia, alors propriété du département, a subi les assauts de toutes les décisions à courte vue. Au tournant des années 80, le Conseil Général avait besoin de déplacer le parc de ses véhicules d’entretien de la voierie. Caldaniccia a été alors choisie pour accueillir le garage, le bitume, l’atelier de réparation et d’entretien, autant d’activités potentiellement polluantes placées dans le périmètre de protection de la nappe souterraine où se stockent les eaux chaudes sulfureuses.
Puis vint le tour d’un centre de déchets, à proximité immédiate, puis d’une zone commercialo-industrielle qui a depuis colonisé tous les abords du site en y implantant la plus grande surface commerciale de Corse et sans doute une des plus grandes de Méditerranée !
Que reste-t-il désormais de ce site au potentiel économique et sanitaire évident ?
Quelle possibilité pour son développement ? Tout est-il vraiment définitivement gâché par ces années de totale inconscience ?
La mairie de Sàrrula, la CAPA et la Collectivité de Corse ne devraient-elles pas lancer un audit pour en juger sur des bases éclairées, et faire tout ce qu’il est encore possible avant qu’un énième projet, un accès routier cette fois, ne vienne définitivement ensevelir un site qui comporte encore un espace préservé assez vaste pour son aménagement ?
Le Collectif Terra a soulevé avec raison cette question d’un patrimoine qu’on sacrifie sur l’autel des projets à courte vue.
Arritti les en félicite et espère que leur action aura enfin réveillé ceux qui agissent parfois par ignorance. •