Les mois à venir seront importants pour la cause nationaliste. Dans une Corse qui construit son avenir, il importe de privilégier les démarches politiques aptes à en relever les défis.
La majorité territoriale rencontre les difficultés de l’exercice politique qui est le sien : par définition, dans une institution privée de véritables pouvoirs et compétences, le divorce est grand entre les attentes que nous avons et les réponses que nous pouvons y apporter.
Quelques exemples peuvent être tirés de l’actualité. Disposer de Canadairs positionnés toute l’année en Corse prêts à intervenir quand la situation dérape, y compris en plein hiver ? La Collectivité de Corse le demande, mais c’est l’État, seul, qui en décide !
La place de la langue corse dans les cursus scolaires ? L’État fait une réforme nationale et agit à sa guise en modifiant les programmes et les critères dans le choix des matières pouvant conduire les élèves à la réussite scolaire. Et, quand la réforme « tombe », comme de bien entendu, ce n’est jamais du bon côté pour l’enseignement des « langues régionales » !
La question du pouvoir d’achat suit la même logique, autour de la conférence sociale dont l’Assemblée de Corse a adopté à l’unanimité les conclusions. Sur la question du prix de l’essence, cruciale en Corse où elle est beaucoup plus chère et où les alternatives sont inexistantes ou presque en matière de transports publics, les demandes mises en avant pour aligner la fiscalité corse sur celle en vigueur dans les autres îles françaises, comme par exemple aux Antilles, sera in fine une décision discrétionnaire de l’Etat. Et tout est à l’avenant !
Gérer la « frustration permanente » que cette situation génère, tout en rassemblant les forces politiques qui réussiront à la renverser pour aller vers une autonomie de plein droit et de plein exercice, telle est la mission dont la majorité absolue nationaliste a été investie en décembre 2017.
Elle doit bien sûr ne pas s’adonner à une surenchère de dépenses qui conduirait la Collectivité de Corse et ses faibles moyens au dépôt de bilan. Pour le coup, le poids politique qui nous a été confié en gagnant une majorité absolue serait rapidement remis en cause, et la marche vers l’autonomie aussitôt enrayée. La rigueur dans la gestion financière, image que l’Exécutif a gagné en rétablissant les finances d’une CTC mise en grande difficulté sous la précédente mandature, est un acquis précieux. Il appartient à chaque responsable de le comprendre et de le prendre en compte.
Par ailleurs, face à un pouvoir qui relègue le « problème corse » au second rang, ce dont témoigne l’annulation impromptue de l’entretien téléphonique annoncé entre Gilles Simeoni et Emmanuel Macron, il faut exploiter toutes les opportunités qui s’offrent à nous pour faire peser davantage le mouvement nationaliste en Corse.
Les élections européennes du 26 mai prochain seront importantes à cet égard. L’enjeu d’un député européen pour la Corse, à travers ma candidature retenue par R&PS, sur proposition de Femu a Corsica, pour figurer en place éligible sur la liste d’Europe Ecologie, fait partie de ces opportunités que le mouvement national ne peut absolument pas négliger.
F. Alfonsi