Covid 19

La crise continue

par François Alfonsi
De vague en vague, la contagion du coronavirus continue de rythmer notre vie quotidienne. Un an après le premier confinement de mars 2020, les « variants », connus ou encore inconnus, relancent la pandémie à intervalles réguliers, tandis que les vaccins, même s’ils semblent efficaces quand ils sont administrés, n’arrivent pas encore à endiguer l’épidémie faute d’une production suffisante. La reprise économique, sans cesse annoncée, est toujours reportée. Les élections territoriales, déjà repoussées une première fois de mars à juin, auront-elles finalement lieu ? Y aura-t-il une saison touristique 2021 ? Ou une demi-saison ? Ou pas du tout ? Le système de santé tiendra-t-il le choc face à ces vagues successives ? Ou n’est-il pas en train de s’effondrer ? L’incertitude domine, encore et toujours.

 

Vu de Corse, l’avenir n’est pas rose, mais nous vivons une crise moins aigue que sur le continent voisin, tant en Provence qu’en Italie, où la reprise épidémique est plus qu’inquiétante. Faut-il attribuer cette meilleure situation relative au green pass ? Il y a un an à peine, il avait fait couler beaucoup d’encre quand Gilles Simeoni en avait fait la proposition, sèchement refusée par l’État dans un premier temps. Mais il a finalement été mis en place à l’automne.

Force est de constater depuis que le virus n’a pas franchi la Méditerranée aussi facilement. Les indicateurs corses font état par exemple d’un taux d’incidence de 135 pour 100.000 habitants le 20 mars, contre près de 400 en Provence, et plus de 500 en région parisienne, qui sont les « régions contact » avec lesquelles nous sommes le plus en relation. Manifestement le « green pass » a eu une efficacité qui, pour l’instant, a permis à notre système de santé, moins dense que sur le continent, de résister, alors qu’il aurait été totalement débordé sinon.

Mais ce « bon point » ne suffira pas à préserver notre île de cette crise qui n’en finit pas. Une vie sans bistrot ni restaurant est devenue la norme, tout comme le couvre-feu le soir. Oubliés les sorties culturelles, les festivals, les matchs de football et tous les bons moments qui font le sel de la vie.

Chaque annonce d’une sortie de crise est régulièrement démentie dans les semaines suivantes. Dernière en date, celle de Thierry Breton, Commissaire Européen, qui a eu l’étrange idée de proposer le 14 juillet pour atteindre l’immunité collective dans l’Union Européenne, oubliant qu’il parlait depuis Bruxelles et non depuis Paris. Mais quelle fiabilité peut avoir son propos, alors que l’on découvre que l’Union Européenne fonde ses prévisions sur des contrats d’approvisionnement en vaccins dont les livraisons ne sont honorées qu’au quart des quantités signées ?

Quand bien même la Corse serait une « île verte » au cœur d’une Europe contaminée, elle n’échapperait pas à la crise. Car les touristes qui permettraient la reprise économique viennent bien de quelque part, et d’où viendraient-ils si ce n’est des métropoles surpeuplées où le virus se répand le plus ? Et cela ne concerne pas que le tourisme car les débouchés de notre petite industrie sont tributaires du dynamisme économique de leurs marchés aujourd’hui à l’arrêt comme par exemple l’aéronautique.

Pendant ce temps qui passe, la crise accumule ses effets négatifs. La perfusion étatique est encore présente, mais elle ralentit sensiblement. Et elle arrive elle aussi au bout de ses réserves malgré l’effort fait par l’Europe pour se donner les moyens de la relance. Mais de relance il n’y aura qu’à partir du moment où la crise sanitaire sera jugulée. On croyait en avoir pris le chemin le jour où la vaccination a commencé. On a vite vu que cela ne serait pas si simple. Et chaque jour qui passe apporte les mauvaises nouvelles d’un reconfinement rampant en France et ailleurs, comme en Allemagne et en Italie où l’on espérait en avoir fini.

La crise continue. •