Des morts par dizaines, des disparus par centaines, et le feu qui court encore une semaine après. Ce qui est advenu en Californie dépasse la notion de désastre.
Une sécheresse extrême qui a rendu la végétation plus inflammable que jamais, et un vent qui se lève soudainement en tempête : le feu parti à 6 heures 30 du matin était une heure plus tard déjà tellement violent que l’ordre d’évacuation des premiers quartiers de Paradise a été lancé. Mais le piège se referme alors sur ceux qui, voulant emprunter la seule route par laquelle l’évacuation aurait pu s’opérer, périront brûlés vifs alors qu’ils veulent quitter la ville, provoquant eux-mêmes de multiples embouteillages.
Le drame humain et écologique des incendies en Californie, Etat le plus puissant et le plus développé des Etats Unis, dépasse tout ce que l’on avait connu jusqu’à présent. Donald Trump, mettant d’abord en cause avec légèreté les services forestiers de l’Etat géré par les démocrates, a dû faire machine arrière et consentir, à propos du réchauffement climatique, « qu’il se passe quelque chose ».
Ce qui s’est passé en Californie donnera peut être un nouveau départ aux politiques mondiales de lutte contre les rejets de gaz à effet de serre. Mais l’ampleur de la catastrophe montre qu’il est déjà bien tard, alors que rien n’est acquis encore pour que le plus gros émetteur de gaz carbonique de la planète revienne coopérer au sein de l’accord de Paris.
Mais surtout il donne un avant-goût des désordres que le dérèglement climatique va générer au fil des décennies. Pour ce qui nous concerne, on a observé en cette fin d’été la « loterie » des déluges, des Baléares (13 morts) à la Sicile, en passant par l’Aude (11 morts) Venise la Grèce et l’Espagne, et maintenant la Sardaigne, après qu’Adrian ait affecté la Corse avec les lourdes conséquences que l’on sait. Les déluges tournoient tout autour du bassin méditerranéen, et, là où ils s’abattent, ils génèrent des inondations dévastatrices. Malgré la tempête Adrian, la Corse n’a pas été la plus mal lotie. Et pourtant les dégâts sont considérables, avec un littoral jonché de bateaux fracassés, des établissements de plage balayés par les vagues, des digues et des fronts de mer déstabilisées, etc…
Certains ont déjà tout perdu, après une nouvelle inondation de leurs maisons construites imprudemment trop à proximité de l’écoulement des crues et régulièrement atteintes. Leurs biens n’ont plus aucune valeur, et ils devront même payer pour leur destruction, et chercher à se reloger ailleurs, sans que les assurances ne compensent les pertes, loin de là.
Quand on essaye de calculer les conséquences économiques du recul du trait de côte, de la montée du niveau de la mer qui accroît d’autant la zone d’expansion des crues quand les éléments se déchaînent, et des quantités d’eau lâchées par des tornades d’autant plus fortes que la température de l’eau de mer en fin d’été est de plus en plus chaude, donnant des phénomènes d’évaporation, et donc de précipitations, accrus : on commence à percevoir concrètement les premières conséquences du réchauffement climatique, et ce qui était jusque là une abstraction devient jour après jour une réalité bien concrète que les citoyens perçoivent de plus en plus nombreux.
Y compris aux USA, et la colère populaire s’en prend désormais aux dirigeants irresponsables qui, comme Donald Trump, ont tourné la tête aux messages d’alerte lancés par la communauté scientifique internationale.
Il a manifestement dû ravaler les tweets goguenards qu’il avait pris l’habitude de répandre contre les tenants du réchauffement climatique, et contre les démocrates qui, avec Barack Obama, avaient bien davantage pris conscience de l’importance des phénomènes à venir.
Car la colère monte, et elle pourrait bien être celle qui ébranlera la gouvernance imprévoyante et imprévisible de celui qui, par se positions climato-sceptiques, fait peser une menace sur l’ensemble de la planète.
François Alfonsi.