Le premier tour des élections législatives a renforcé le leadership de Gilles Simeoni en Corse. Le second tour pourrait, lui, renforcer encore les positions nationalistes face à Paris, à la veille de négociations historiques avec le pouvoir. Nous en avons le moyen à portée de main : réussir le « grand chelem » en réélisant nos trois députés sortants et en gagnant aussi à Aiacciu !
Les élus nationalistes sortants Jean Félix Acquaviva, Michel Castellani et Paul André Colombani ont dépassé 33 % des voix. Ce qui est déjà une excellente performance collective qui confirme le quitus donné par les Corses à leur premier mandat au Palais Bourbon. Paul André Colombani fait un peu plus car il a bénéficié de ne pas avoir de concurrence de la part de Femu a Corsica dans sa circonscription, alors que Jean Félix Acquaviva a été concurrencé par Lionel Mortini et Michel Castellani par Petr’Antone Tomasi.
Dans la quatrième circonscription à Aiacciu, Romain Colonna, investi par Femu a Corsica, a devancé assez largement Jean Paul Carrolaggi soutenu par le PNC et Corsica Lìbera. C’est donc à lui qu’il revient de tenter de battre le favori Laurent Marcangeli en réussissant un bon report des voix entre les différentes composantes qui devraient se rapprocher pour renverser le macroniste en chef de la Corse.
À ses 17,5 % du premier tour, Romain Colonna devrait pouvoir ajouter le report des 12,7 % obtenu par Jean Paul Carrolaggi. Ce socle nationaliste à 30 % le rapprocherait d’emblée des 33,4 % obtenus par Laurent Marcangeli. Parmi les autres candidats ayant atteint un score notable, Michel Mozziconacci a rassemblé plus de 9 % des suffrages. Homme de gauche aux tendances autonomistes, il était présent sur la liste soutenue par Femu a Corsica lors des municipales ajacciennes de 2020. Son score constitue donc un réservoir de voix. À l’opposé, le Front National a réalisé 12,5 %, mais la détestation nationale de cet électorat contre Emmanuel Macron, et aussi celle qui s’exprime localement contre le Maire d’Aiacciu, devrait limiter considérablement les reports en faveur de Laurent Marcangeli. Pour le reste, différentes listes totalisent presque 10 %, LFI, communistes, socialistes et on imagine mal que leurs électeurs se fassent une priorité de gonfler les rangs des partisans d’Emmanuel Macron au Palais Bourbon.
Mais le jeu des reports n’est qu’un volet. L’autre enjeu est la participation. La victoire semblait acquise à Laurent Marcangeli, et beaucoup d’électeurs se sont démobilisés, y compris dans nos rangs. La campagne de l’entre deux tours doit réussir à les mobiliser.
À ces conditions, la victoire peut être obtenue, y compris à Aiacciu, avec un retentissement prévisible considérable autour de la table de négociation qui va s’ouvrir à Paris. C’est là une occasion à ne pas manquer !
La réélection des sortants est plus que probable dans les trois autres circonscriptions. Jean Félix Acquaviva a cinq points d’avance sur un surprenant François Xavier Ciccoli, et les 18 % réalisés par Lionel Mortini sont un réservoir de voix dont le report se fera en grande partie sur lui. Quant à Michel Castellani et Paul André Colombani ils ont pris une avance très importante dès le premier tour sur leur rival de second tour : +20 % pour Michel Castellani devant Julien Morganti, +10 % pour Paul André Colombani devant Valérie Bozzi. On ne voit pas comment ils pourraient être rattrapés.
D’ici dimanche les Corses ont donc une occasion unique de renforcer très significativement ceux qui iront porter la revendication d’une autonomie pour la Corse. Il faudra négocier rapidement car la fenêtre pour une révision constitutionnelle ne durera que dans les premiers mois de la mandature. La majorité difficile que l’on prévoit pour Emmanuel Macron implique que la réforme constitutionnelle devra s’appuyer aussi sur un appui de l’opposition. Il faudra réussir à la convaincre de voter elle aussi, au moins en partie, pour l’autonomie de la Corse. La sensibilisation menée durant cinq années par les trois députés corses sortants a déjà bien préparé le terrain. Mais ils ne seront pas trop de quatre pour gagner la partie contre le camp jacobin qui ne manque jamais de partisans au sein de l’Assemblée Nationale sur les bancs de la droite comme de la gauche.
Cher ami électeur, dimanche ton vote comptera double ! •