Le mois d’août 2020 ne déroge pas à la règle de la trêve estivale annuelle, malgré les circonstances exceptionnelles de la crise sanitaire générée par le Covid-19. Puis septembre reviendra, et on devine que bien des nuages menacent cette rentrée 2020.
La crise sanitaire, qui a beaucoup impacté la Corse à son commencement, puis qui a été jugulée de haute lutte en ramenant notre île une des premières en « zone verte », continue à bas bruit à se faire entendre au rythme d’un cas nouveau détecté chaque jour qui passe. Ce n’est pas beaucoup, et ailleurs en France, en Europe et dans le monde, le virus circule bien davantage. Mais il circule ici aussi, il n’est pas éradiqué, et le pic des mouvements de population que représente le mois d’août pourrait bien accélérer sa propagation. Pour septembre, c’est encore l’épée de Damoclès : nous ne serons pas entrés dans « l’après-Covid », malgré l’espoir que l’on avait d’en avoir fini après trois mois de confinement drastique. Y aura-t-il un nouveau pic sanitaire ? Comment l’éviter ?
Le pic de la crise économique, lui, est certainement pour cet automne. On craignait pour la Corse une saison blanche ; cela ne sera pas le cas. Mais elle ne sera pas non plus une saison véritable, pas même en demi-teinte. L’avant-saison avortée par le confinement ne se rattrapera pas en septembre, les indices liés aux réservations nous le disent déjà. L’engrenage de la récession menace l’économie corse comme celles de tous les espaces insulaires en Europe. Avec un risque réel d’effondrement car la vulnérabilité des Iles est très grande face à cette crise.
Pour autant les urgences sont là qu’il faudra savoir affronter. En décembre prochain, la Réserve de Scàndula aura-t-elle perdu son Diplôme Européen délivré par le Conseil de l’Europe, ou bien aura-t-on su faire en sorte d’obtenir sa réattribution ? L’importance de ce site emblématique est ressentie dans toute la Corse pour qui la valeur patrimoniale de ses espaces naturels est le meilleur de ses atouts économiques et le plus précieux de son cadre de vie. Encore faut-il savoir mériter la reconnaissance d’un territoire d’excellence environnementale autrement que par des cartes postales. C’est une des clefs de l’avenir de notre île, et, à Scàndula, nous jouons notre crédibilité à cet égard.
Enfin il est un bruit de fond que nous entendons chaque année un peu moins, celui de la langue corse qui, si nous ne réagissons pas vigoureusement, ne bercera plus l’enfance de ceux qui vont naître en Corse à l’avenir. La chaîne de la transmission naturelle s’éteint progressivement, et rien n’est en place pour résister et renverser cet inexorable cours des choses. Alors qu’ailleurs en Europe, au Pays Basque ou en Pays de Galles par exemple, les militants, les institutions, les grands parents, les parents, les enfants nous apportent la preuve que c’est possible. Il y a urgence à secouer l’immobilisme qui nous engourdit et qui nous condamne à être la génération qui n’aura pas su sauver la langue héritée de ses ancêtres.
Voilà le sommaire de cette édition d’Arritti de l’été 2020. Prenez bien des forces cet été. En septembre, nous en aurons besoin.