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Député européen… Pourquoi faire ?

Max Simeoni
Max Simeoni
Alors que cette semaine, au vu des déclarations faites de part et d’autre, écologistes et « régionalistes » qui regroupent sous cette appellation, les partis autonomistes ou indépendantistes de la Fédération Région & Peuples Solidaires, semblent mettre fin à leur alliance de près de 30 ans pour peser ensemble dans les institutions européennes… cet éditorial de Max Simeoni, rédigé au lendemain de son élection au Parlement européen le 18 juin 1989, témoigne de la maturité du mouvement autonomiste corse de l’époque, conscient de l’importance de l’Europe dans le combat. Ne pas peser de toutes nos forces dans ce scrutin serait une erreur magistrale.

 

Député européen… Pourquoi faire ?

par Max Simeoni

 

Je suis député européen, et après ? Le titre par lui-même n’a, pour moi, aucune valeur. C’est l’usage de la fonction qu’on peut en faire qui, seul, compte à mes yeux et aux yeux des militants nationalistes qui l’ont permis.

Député, pour l’essentiel, du nationalisme corse de « Avvene Corsu », c’est la politique d’Unione qui reste maître de son action. D’autres Corses, non nationalistes politiques, ont voté ce 18 juin. Ils ont fait confiance, il faut en tenir compte. Tous les peuples minorisés de l’hexagone ont soutenu, il faudra savoir être leur porte-parole.

Un axe sans équivoque apparaît depuis le début de cette aventure : savoir être le représentant avec d’autres déjà sur la brèche, des Peuples en difficulté, menacés par la logique de l’Europe des marchands et des États centraux. Le champ est vaste depuis l’Irlande jusqu’à l’Est et peut-être demain à l’Oural.

Ne sommes-nous pas déjà en relation avec les Sardes, les Catalans, les Basques, les Valdotains, les Frioulins, les Frisons, les Écossais, les Irlandais, les Néerlandais…

Il faut rassembler les forces de ces quarante à cinquante millions d’Européens des Peuples sans État, des peuples malmenés. Sur trois cent dix millions, c’est loin d’être négligeable. Nous avons, avec eux, besoin d’une Europe des Peuples.

Un deuxième axe d’action est tout aussi clair : parmi les peuples minorisés, ceux des îles d’Europe comptent quatorze millions d’insulaires dont l’insularité doit être prise en compte.

La grande aventure de l’écologie politique démarre dans l’Europe et dans le monde. Pour nos peuples malmenés, elle est une promesse. « Les Verts » veulent l’Europe des Régions naturelles et peuples solidaires.

La démarche « nationaliste » des petits peuples est le versant historique de la résistance à la domination économique, culturelle, technique et démograhique du productivisme de droite ou de gauche. L’écologie en prend le contre-pied complet et propose une autre solution. Nous ne pouvons qu’être preneurs.

Il reste évident toutefois que la vie, et à plus forte raison la survie d’un Peuple, ne peut dépendre que de lui-même. Si le combat nationaliste doit obligatoirement relayé par des forces de progrès, le préalable à tout est bien sa volonté de vivre, de se donner les moyens de faire les choix pour le destin auquel il aspire.

Cette élection est une étape et un espoir, un espoir avec d’autres qu’une lutte de plusieurs années a permis de se concrétiser.

La lutte continue avec plus d’ardeur encore. Peut-elle marquer le pas ou cesser ?

Non ! •