Législatives 2017

Le contexte et le fond

Contexte. Attendre le 1er tour pour savoir si triangulaire ou non au 2e tour. Attendre le 2e tour pour connaître les hauts parleurs de l’île dans la capitale et si les natios auront un ou deux députés mégaphones. Attendre pour voir les couleurs du camembert de l’hémicycle, majorité nette de marcheurs tout de blanc vêtus, coalitions bariolées…

 

Le suspense ne mérite pas qu’on s’excite trop car l’effondrement électoral des partis alternant vient de loin même si aucun oracle ne l’a vu venir, comme pour la crise financière de 2007-2008.

Les cohabitations de la Ve République déjà étaient des dérives.

Les candidats font campagne pour fixer le plus possible de votants. Leur charisme selon l’expression à la mode est utile mais non déterminant. Bien des facteurs en amont interfèrent pour du conservatisme ou du changement, le plus souvent comme des mises à jour en fonction du contexte. Les axes de fond sont plus longs à s’infléchir et le plus souvent moins perceptibles.

 

La tête parisienne de la pyramide est chamboulée. Macron a été élu comme grand réformateur de la République. On peut douter non pas tant de ses intentions mais à cause de la résistance de la nomenclature à tous les étages. Elle avait congédié De Gaulle à deux reprises qui avait fondé le Rassemblement du Peuple Français (RPF) en avril 47, « après sa traversée du désert », de retour en 1958 avec le putsch d’Alger, quand il veut par référendum réformer le Sénat et faire la régionalisation en 1969, il est renvoyé à Colombay les Deux Églises.

Si le nouveau Président réussit, lui, le « rassemblement » et la réforme en profondeur, on peut espérer une meilleure prise en compte de la spécificité de la Corse.

Les natios doivent réussir au mieux cette élection contre les clanistes et les anti-natios (ils s’affichent d’ailleurs moins depuis l’arrêt de l’action clandestine), mais sans se faire d’illusion sur la portée de ce jeu électoral dans des institutions qui barrent leurs projets : sauver le Peuple Corse menacé, sur sa terre et dans sa culture. Il est impératif d’accéder à des institutions adéquates. Ne rien attendre du système jacobin.

L’action doit être constante dans tous les domaines de vie sociale, économique, politique, la pression accentuée contre le système quel que soit le contexte local et parisien qui doit céder puis qu’il s’agit de survivre. La vie d’un Peuple dépend de luimême avant tout. Il ne saurait donner procuration. La priorité des natios est donc sur place au sein de leur Peuple. Agir de partout, dans le cadre institutionnel mais d’avantage dans la vie réelle économique, culturelle, événementielle, européenne, mondiale… les fluctuations de scrutins sont en relation avec le contexte immédiat et l’emprise émotionnelle. Ils ne peuvent être des marqueurs fiables que sur une courbe ascendante de long terme. Chronologiquement l’effondrement des clans qui avait précédé celui des partis alternants de Paris a pu donner l’impression d’une percée décisive des natios. Leur majorité CTC s’est faite avec un nombre de voix stationnaire dans un contexte favorable occulte qui demain peut changer. Mais baisser la garde, se laisser distraire, se faire promener peut devenir suicidaire si le contexte se durcit.

 

Donner toute son énergie dans des élections pour investir des institutions insuffisantes en regard du combat historique peut devenir plus qu’une erreur, une faute dangereuse. La survie du Peuple est une guerre totale soumise à la loi du tout ou rien, une guerre démocratique certes.

Elle se gagnera sur le terrain et pas seulement dans des fauteuils ou sur des strapontins.

Il suffit de repenser aux propositions que Hollande avaient demandées. Le Padduc mûri et voté, a été éludé après Hollande par tous les candidats sérieux de la présidentielle. Le grand réformateur élu pour rétablir une France malade, le Président Macron, peut-il vu de Paris considérer le problème corse comme une urgence. On continue à attendre ? À l’attendre qu’il trouve toutes ses marques, qu’il gère au quotidien, traite les urgences internationales, réforme la Constitution quand il le pourra… et que son ministre de la cohésion des régions, en butte à des poursuites d’un procureur de Brest, s’en sorte ou soit remplacé.

 

Si le problème corse est traité par-dessus la jambe c’est, selon moi parce qu’il n’est pas propulsé par une force politique capable de l’imposer au pouvoir central, une force grandissante populaire. Laissons passer la fièvre de ces législatives et vite réglons nos contradictions stupides comme le retard à fusionner des trois composantes modérées, retard dû en partie aux arrières-pensées de calculs pour figurer en zone d’éligibilité sur les listes des territoriales de décembre.

Et dans le même temps, préparons dans la transparence les bases d’une organisation de terrain à la hauteur du projet de sauvetage de notre Peuple. En temps utile, bien avant l’accès de fièvre suivant, je dirais comment je pense pour ma part qu’il faudrait procéder.

Max Simeoni.