I messaghji d'Edmond Simeoni

Resistenza

edmond simeoni

Comment Edmond Simeoni aurait-il commenté la crise du Covid19 ? Avec l’âme et la générosité du médecin qu’il était, certainement. Mais aussi, et surtout, avec son regard de « résistant ». En ces périodes confuses où il nous faut aussi préparer l’avenir, il est bon de se replonger dans les réflexions qu’il nous a laissées. En 2017, il publiait un livre aux Editions Sammarcelli, distribué par DCL, « De la résistance à la résilience ». « Il m’a semblé utile – disait-il – de remettre dans leur contexte les principaux évènements mais aussi d’affirmer cette volonté de s’ouvrir sur l’avenir. Un avenir de construction commune, un avenir de paix avec l’ensemble des Corses. Ce pays ne pourra se réaliser que dans une démarche collective. » C’est probablement ainsi qu’il nous faudra envisager « l’après » de la crise actuelle, de manière collective et solidaire. Voici ce qu’il disait de son livre à notre confrère Corse-Matin le 15 décembre 2017. Extraits.

 

«Il trouve sa place dans un processus de communication qui dure depuis bientôt 50 ans. D’entrée, j’étais convaincu qu’une communication argumentée était une arme redoutable et qu’elle était nettement préférable aux bombes en termes d’éthique, bien entendu, mais aussi d’efficacité (…) La société civile a commencé à bouger. Une Corse nouvelle a émergé, ce qu’a confirmé le scrutin des 3 et 10 décembre 2017. J’ai pensé que le moment était venu de revenir sur les cinq décennies écoulées et, par conséquent sur les luttes que j’ai menées avec d’autres. (…) Il n’est à aucun moment question de vengeance ou de polémique. Il n’est pas non plus, question de dessiner le camp des bons et des mauvais. À mon avis, pour qu’il y ait partage, et in fine réconciliation, il faut absolument savoir d’où on vient et admettre les erreurs que nous avons pu commettre les uns et les autres. J’ai toujours été animé par le souci de l’unité des Corses, c’est-à-dire par une volonté de vivre en commun, de partager, d’avoir une culture ou de l’acquérir. En définitive, l’expression communauté de destin, me semble bien convenir. La Corse a toujours fabriqué des Corses. La résistance fait référence à l’histoire de la Corse depuis les invasions barbaresques jusqu’à nos jours. La résilience est un concept que j’ai appris à connaître et à pratiquer auprès de Boris Cyrulnik, l’éminent éthologue, psychiatre, neurologue et psychanalyste. J’ai eu l’occasion de travailler à plusieurs reprises avec lui, en particulier à à L’Île-Rousse. La résilience ou « comment renaître de sa souffrance », s’applique à un individu et par extension, à une société, à un pays, une communauté, une ville. Quatre statuts particuliers se sont succédé. Tous illustrent une certaine frilosité. Ces approches n’ont jamais permis d’aborder le fond du problème. L’État a privilégié un traitement dilatoire de la question corse. Il a adopté une position attentiste et de gestion de crise. L’État a continué à entretenir le système claniste qui s’est approprié les nouvelles institutions mais sans rien changer du tout. La vraie rupture est intervenue en 1981 avec François Mitterrand. Il est le premier à rompre le dogme de la France intangible, unitariste (…) Ceux qui ont mis le feu [à la Corse], ce sont ceux qui ont toujours voulu s’imposer ; les barbaresques, les Pisans, les Génois, les Français, les fascistes. Tous à un moment donné de l’histoire ont suscité une réaction de résistance assortie d’une volonté de préserver son identité, parmi la population. Je ne suis que l’héritier de ces générations qui n’acceptent pas l’injustice. »