Lezzioni di a storia, Max Simeoni

Autunumia, 1991 (première partie)

Un an avant Aleria, en 1974, le livre rédigé par l’ARC Autonomia reste la référence du mouvement autonomiste, après une décennie de lutte sur le terrain. 17 ans après, Autonomia de juin 1991 prend sa suite pour répondre à un besoin de clarification (diversifications, crises de la LLN, rupture de la politique d’Unione en 1990…).

Le gouvernement socialiste, suite à la trêve du FLNC, fait une ouverture, insuffisante. De 1970, affirmation de la notion de peuple corse, et le vote de sa reconnaissance par le Parlement français en 1991, l’annulation par le Conseil constitutionnel n’inquiète pas, elle semble comme un dernier baroude jacobin.

Les bases autonomistes sans changement après avoir été réprimées sont à l’avant-scène quand l’Europe se cherche et que l’identité des peuples s’affirme. Reconnaissance du peuple corse, maîtrise de son destin par une autonomie interne complète. Elle ne prétend pas être la seule ou la meilleure pour sauver le peuple corse. Le moment est crucial où il convient de réfléchir pour une deuxième manche dans la confusion où la LLN hésite et l’État central tergiverse. Sur le long terme, l’honnêteté gage d’efficacité impose un effort de lucidité et de transparence.

Autonomia de 1991 comporte quatre chapitres. Le chapitre I fait un état des lieux, éclairage historique, bilan économique et social, bilan culturel et politique, statut particulier, rupture de l’Unione (Per un Avvene Corsu), éclatement de la LLN.

Le chapitre II édicte les fondements de la démarche de l’UPC, démocratie, droits de l’homme et des peuples, justice sociale, l’écologie pour la vie, pour un peuple, pour sa terre. La reconnaissance constitutionnelle du peuple corse.

Il allait de soi que la critique devait s’accompagner de propositions à ce stade d’un projet pour la Corse quand elle sera autonome.

Ce sera dit au chapitre suivant III, et le IV fera la proposition d’un projet de loi pour un statut d’autonomie interne ; ce dernier a supprimé le chapitre des compétences à exercer en commun. À l’État les droits régaliens, à la Corse autonome toutes les autres compétences, économiques et culturelles. Pour le contrôle de l’application du statut un délégué permanent au nom du gouvernement central, pour la Corse un membre désigné par le gouvernement autonome.

Une procédure est prévue pour les litiges.

Voici quelques extraits… Pour cette semaine notamment, un rappel sur l’état des lieux et les besoins pour le développement de l’île. •

 

 

Construire une économie à l’échelle et au service du peuple corse.

Ressources potentielles avec 1.000 km de côtes (tourisme, pêche), montagne, 100.000 hectares de plaines irrigables, des ressources en eau, sa forêt, ses étangs, etc., importantes en rapport avec sa population. Son sous-développement est dû aux mécanismes politico-économiques. Mais elle est propice aux excès d’un développement touristique démesuré… accessible en quelques heures par la population de l’Europe ! (« rente de situation ») et préservée comparée aux autres sites. En regard de Chypre, Malte, Baléares, Côté d’Azur, l’économie libérale y mettrait des sommes… pour les berges en béton. Peuple corse noyé, patrimoine écologique détruit…

D’où pour éviter ce déferlement, rester à l’écart l’échelle du peuple corse et maîtrise de son économie. Nouvelles Baléares, développement le moins désastreux, un million d’habitants de plus sur 350.000 hab. si on ne tient pas compte de la réalité démographique du peuple corse.

La maîtrise de la terre est essentielle. La Corse est un espace convoité qui a une économie faible.

Un Code d’investissement est nécessaire, qu’utilisent les économies faibles. Nous reparlerons des « friches touristiques » comparables aux « friches industrielles ». Le tout tourisme tue le vrai tourisme. Les capitaux extérieurs sont à rechercher et réglés par le Code des investissements.

Maîtriser la terre insulaire où individu et communauté ont toujours marqués l’histoire.

Ces 30 années, ce problème a été essentiel. 1958 contre les essais nucléaires à l’Argentella, 1968, contre la Somivac au Fium’Orbu, 1971 contre le Schéma d’aménagement du tout tourisme et la Setco, 1973 les boues rouges, 1975 Aleria, etc.

Un premier moyen, le Code des investissements (en Suisse : 5 ans de résidence principale).

Une agence foncière pour la Corse : déjà expliquée dans Autonomia de 1974. Nous reviendrons sur ses modalités pour faire obstacle à la spéculation, « conservation des sites, aménagement des zones sensibles, la vocation agricole, la création d’un domaine forestier. »

Les priorités du développement, finalité première. Autocentré, l’autarcie absurde mais le libre-échange tout autant Donc reprendre des parts de son marché.

Un développement équilibré : le déséquilibre de la saisonnalité entraine des surcoûts exagérés. Les investissements publics qui ne fonctionnent à plein que trois mois sur douze (adductions d’eau, épuration… à rembourser). Trois mois aussi pour les producteurs locaux d’où les produits importés, précarité de l’emploi et Statut dévalorisé, le commerce de distribution (stockage, parc automobile…) et vie plus chère, chômage… le rééquilibrage consiste en un tourisme proportionnel en développant les autres secteurs, artisanat, industrie, agriculture et pêche.

Un intérieur à développer pour une meilleure répartition sur le territoire. Différentes zones, établir un « indice synthétique ». Diminuer le rôle dominant du Grand Aiacciu et du Grand Bastia.

Insérer l’île dans son environnement européen et Méditerranéen. Casser le filtre de l’État, sinon un projet français en Corse de la Datar à Bruxelles. Les fonds européens à Paris qui les répercute d’où une maîtrise de sa politique européenne. La concertation constante avec l’État. •

À suivre…