« Le présent article a été rédigé avant le « coup de tonnerre » de la mise en garde à vue du préfet Bonnet. Ce qui n’altère par le commentaire », écrivait Max Simeoni en préambule de cet éditorial, tout début mai 1999… au lendemain de l’affaire Bonnet. Connaître la véritable nature et tout le potentiel retors du jacobinisme, était l’un de ses bons conseils constants auprès des nationalistes… Il n’est pas inutile aujourd’hui de rappeler cette leçon dans le contexte où d’autres types de barbouzeries tentent bien quelques déstabilisations à un moment crucial de notre avenir…
Barbouzes et fiers de l’être !
par Max Simeoni
« L’enquête confirme les soupçons qui pèsent sur les gendarmes, les mobiles des incendiaires restent flous »(Le Monde du 30 avril).
Le Monde est prudent, mais soyons sérieux.
Les flammes de la paillote ont éclairé à giorno la nature du GPS qui a été créé à la demande expresse du Préfet Bonnet. Comment imaginer qu’il ait versé allègrement, à peine né, dans l’action barbouzarde, alors qu’il est constitué de « militaires » formés à n’obéir qu’aux ordres, et écrits la plupart du temps ?
Le ridicule de cet échec ne doit pas amener à sous-estimer la gravité qu’il révèle. Inattention ? Inexpérience ? Sans doute : la mission « paillote » paraissant aux incendiaires sans grand risque. Si le pot aux roses n’avait pas été connu si tôt, si ces pandores avaient eu le temps de se roder un peu mieux, ils auraient pu d’une provocation à l’autre, nous faire battre entre nous et d’un règlement de comptes à l’autre, ils auraient lancé et entretenu la toupie de la guerre civile larvée. Leur existence aurait paru encore plus nécessaire, leurs pouvoirs exceptionnels et leurs moyens décuplés. On aurait fini peut-être avec l’article 16 de la Constitution. Le but recherché est bien d’éloigner pour toujours une solution politique du problème et d’imposer « l’État de droit » jacobin.
Pour le pouvoir le souci est de travailler et placer le fusible le plus bas possible. L’échelon minimum pour l’heure se situe au colonel Mazères et à quelques officiers sous ses ordres ou en relation avec lui. Il n’est plus possible en regard des faits connus d’en rester aux seuls « rambo » en zodiac.
L’échelon au-dessus, je dirais plutôt à côté, est le préfet lui-même, « père biologique et légal » du GPS. S’il saute, son ministre, le premier ministre été le gouvernement ont des comptes à rendre. De toutes façons leur responsabilité politique est en cause même pour des faits qu’ils auraient pu ignorer.
Dans une véritable démocratie, où la séparation des pouvoirs est réelle, ils auraient, du moins certains d’entre eux, des comptes à rendre à la justice. Un Watergate même petit ne se verra jamais en France, car la « raison d’État » à la française est le filet de protection des funambules jacobins. Ils ne risquent rien.
Le jacobinisme est porteur d’un gène totalitaire qui se manifeste quand l’environnement le sollicite. La République française est née de la guillotine. Elle est prête à redresser des échafauds si besoin, les coups « tordus » sont des coups nécessaires contre qui conteste la nature de l’État républicain : c’est un ennemi intérieur qu’il faut réduire à tout prix. Il s’agit d’un devoir, d’une mission sacrée… Ceux qui hésitent sont des irresponsables, des humanistes farfelus, ou des alliés conscients ou non de l’anti-France, en un mot de la graine de traîtres. Le peuple, la nation, l’État unitaire sont une trinité en une seule et même personne comme la trinité divine. Qui en doute est un hérétique à qui il convient d’appliquer l’inquisition.
L’Unité de leur France intégrationniste n’est qu’un intégrisme qui perçoit toute différence comme une maladie mortelle, et comme un péché capital.
Les jacobins sont intégristes. M. Barre est dans cette sensibilité. « Dedans ou dehors » du système. « Toutes les lois de la République ou larguez les amarres ! » Il l’assortit d’une menace de chantage à la coupure de toutes les aides. « Fini le pognon ! » On a envie de lui dire : chiche ! Le peuple corse peut ailleurs trouver d’autres fonds plus utiles et moins d’assistance. Apprentis sorciers ceux qui croient qu’on peut indéfiniment monnayer les besoins matériels d’un peuple contre sa soif de liberté et de dignité !
Depuis 40 ans, la barbouzerie n’a pas cessé en Corse. Les deux violences, celle des clandestins comme la leur, s’alimentent. Mais la gravité est majorée pour celle de l’État car « l’État de droit » ne doit jamais utiliser ce genre de moyens illicites. Son arsenal normal est assez bien pourvu pour lutter contre la clandestinité. Les moyens barbouzards tendent à fausser le jeu des combats des idées. Ils sont une perversion de « l’État de droit » et du jeu démocratique.
Nous avons eu déjà des préfets qui ont couvert, voire susciter des réseaux barbouzards : Bertolini chef du service incendie, Francia avec leur bénédiction et ceux des grands élus, des commissaires de police dans ces réseaux, des contre-attentats avec recherche d’escalade intentionnellement mortelle, etc. : il y aurait de quoi écrire un feuilleton sur 40 ans.
Infiltration, manipulation, coups tordus n’ont jamais cessé. Juridictions spéciales : Cour de Sûreté de l’État sous la droite et 14e chambre avec la gauche, DNAT et gendarmerie hors des normes, sans compter les services habituels RG et services spéciaux.
L’Histoire de la Corse avec Pasquale Paoli n’a pas de leçon de démocratie à recevoir et elle peut en donner. Certes, on est passé avec la philosophie des Lumières, du sujet au citoyen, mais infirme et privé de toute dimension culturelle et historique : la table rase.
La France est une démocratie qui est restée naine. Tout jacobin est un barbouze potentiel et fier de l’être. •