E riflessioni di Max Simeoni

D’abord la reconnaissance juridique constitutionnelle de l’existence d’un peuple

Max Simeoni
par Max Simeoni

 

Le mois de mai est suspendu à l’instance judiciaire les 3 et le 11 mai suite à un recours. La réponse ne va pas surgir. D’autres peuvent advenir, et annuler, cela revient à refaire un processus institutionnel (motion, commissions, délibérations des Parlements, examens des amendements, vote, navettes…). Le temps file, temps perdu pour les autonomistes et les nationalistes qui n’existent que pour sauver le peuple corse dont le déclin démographique augmente par une politique colonialiste masquée dont trop d’autochtones n’ont pas conscience.

 

 

Les Corses se croient malins, en gros ils le sont. Mais ils ont du mal à mesurer l’exploitation dont ils sont des victimes plutôt inconscientes.

Pendant 95 ans, ils ont subi la loi douanière, de 1818 à 1913 qui les a coupés de toute relation qu’ils avaient avec les villes-États de la Péninsule et les comptoirs de l’Afrique du Nord pour rendre leur territoire insulaire entièrement dépendant de l’Hexagone républicain. Ils ont cru à sa générosité et à l’esprit de justice arboré aux frontons de ses Institutions (liberté, égalité, fraternité). Les autorités de cette République les ont convaincus que l’île « belle, sauvage… » n’était qu’un caillou stérile. La promotion individuelle passait par l’exil et l’école de la République.

L’exil apparaissait comme une issue à l’enfermement sur l’île.

En 1962 quand j’installe mon cabinet médical à Bastia, Il n’y a que 160.000 habitants en Corse. Le Général De Gaulle signe à Évian l’indépendance des trois départements « français » d’Algérie. C’est l’acte ultime de la fin de l’Empire colonial.

Un autre destin historique se présente : le début de la construction de l’Europe unie politiquement, La « métropole » doit se recentrer sur elle-même sur ses frontières pour participer aux échanges socio économiques à venir, l’Europe politique étant précédée par les traités concernant le charbon-acier, l’énergie…  comme l’avaient préconisé les fondateurs.

Dès 1958, des plans d’action rgionale sont mis au point par l’État au moyen de sociétés mixtes (capitaux d’État associés aux privés). En Corse, la Somivac pour l’agriculture, la Setco pour une chaîne hôtelière, et la société sylvopastorale qui, elle, n’a jamais vue le jour, étant moins rentable spéculativement. Elles sont présentées comme des outils au tourisme de masse et la promesse d’un devenir plus aisé pour tous.

 

Cependant la vérité, celle d’un cynisme d’État, va vite apparaître. Le Général De Gaulle  espérait à Évian en 1962, garder dans le Hoggar un site pour mise au point de la bombe nucléaire et un regroupement de ressortissant, une minorité qui ne pouvait ou ne voulait pas être « rapatriée », autour d’Oran, je crois. Le FLNA a refusé. D’où, en catastrophe, l’Argentella pour les essais souterrains non acceptés par toute la Corse et ce fût Mururoa dans le pacifique qui dépanna !

Quant à la Somivac, la plaine Orientale accueillit 18.000 Pieds Noirs. Les autorités républicaines se servirent des fonds prévus pour la Somivac au détriment des jeunes agriculteurs insulaires qui, eux, furent squeezés. Ce tour de bonneteau vite connu, la colère des jeunes agriculteurs du Fiumorbu se manifesta par des plasticages de résidences. Une solidarité plus ou moins ouvertes s’en suivi. C’est là que je fus amené à prendre la parole en public à la demande des organisateurs sans connaître qui que ce soit. Je leur ai dit que la Somivac créée pour l’agriculture insulaire servait à accueillir en Corse une partie des Pieds Noirs rapatriés !

Ainsi l’île non développée, liée au centralisme jacobin n’a servi de 1818 à 1913 que de réservoir d’hommes pour l’Empire, pour les guerres. Vidée, 160.000 habitants en 1962, elle offrait pour l’économie Hexagonale, une base de rentrée de devises (l’euro monnaie unique ne verra le jour qu’en 2000).

Le corset institutionnel était rigide et serré. Les maires devaient s’adresser  aux conseils départementaux (ex-conseils généraux) pour obtenir des aides de Paris. Peu nombreux les insulaires, ne pouvaient guère influencer directement un scrutin, une élection sur listes hexagonales. Mais issus de l’île, se connaissant, leur influence se faisait entre hommes en dehors des structures officielles.

Un exemple : un condamné à mort proche de son exécution attendait en prison sa grâce. Ses amis, ses parents, savaient qu’un coiffeur cortenais avait rasé le Président de la République en fonction et qu’une sympathie avait germé entre eux. Ils lui demandèrent de parler de la demande en grâce. Elle fût accordée vite sans tambour ni trompette.

Un autre exemple pour illustrer le rôle limité des coalitions électorales. Les quelques élus de LR ont annoncé qu’ils ne faisaient plus partie du regroupement menés par Gilles Simeoni. Ils voulaient échanger avec Paris seuls pour faire connaître leurs projet et propositions.

 

L’avenir du peuple corse dépend directement des Corses et non de coalitions électorales. Il n’est pas question d’avenir ou de carrières pour des mandats locaux « qui ne font pas la loi ».  Nous avons eu quatre statuts particuliers (Defferre, Joxe, Jospin, Cazeneuve) et aucun n’a pu freiner le déclin démographique du peuple corse sur sa Terre. Il nous faut sans rechigner trouver autre chose.

Pour moi c’est simple. Le pouvoir politique gravite dans le local, comme dans un bocal ! Il doit être libéré et fonctionnel. D’abord la reconnaissance juridique, constitutionnelle de l’existence d’un peuple corse et ensuite les moyens légaux, l’autonomie interne, pour cette entreprise historique. C’est là la priorité d’un changement salvateur. Le préalable !

Comment s’y prendre pour initier un tel processus ?

Je vais devoir sous peu le dire. •