L’île perd toute possibilité d’un destin maîtrisé par sa communauté historique • L’habilité du Président Macron a transformé l’Assemblée unique en un énorme piège • Regroupons les autonomistes. Lançons Femu a Corsica dans la contre-attaque. Le retard est risqué. Il devient coupable. • De notre vivant, dans notre génération, arrachons la coofficialité.
Le joli mois de mai, les ponts, un vrai aqueduc, la ronde des navires chargés de visiteurs, de camions, de caravanes, pour une saison trop courte qu’on s’acharne à vouloir prolonger; des sables devenus “bronze fesses ”, des persiennes de village qui s’ouvrent, des parasols qui poussent, des amplis qui hurlent, des discothèques aux éclairs de lasers… bref l’île s’apprête à vivre l’illusion du tourisme de masse, “moteur du développement économique”.
En fin de saison resteront les bilans, le plus souvent mitigés et quelques réalités dont les brûlures des incendies et des déchets malodorants qui s’entassent dans les rues et les sentiers…
Pourtant, les plans ne manquent pas : ils ont toujours foisonné.
Ceux de l’État sont depuis toujours de nature colonialiste. Il en fut ainsi de la loi Douanière qui a étranglé, un siècle durant toute production insulaire. Nous n’en sommes pas remis ! Ce fut également le cas de la mise en valeur agricole de la Corse par la Somivac et du Schéma d’aménagement touristique. Les plus récents projets ont été mis en échec par les “natios” (Aleria et divulgation du rapport secret de l’Hudson Institut).
Il n’y a plus besoin de plan.
Mais dans la situation de dépendance complète dans laquelle nous a mis la politique jacobine, il n’y a même plus besoin de plan.
Il suffit de laisser les choses se poursuivre. Et l’île s’enfonce dans l’exploitation au profit des intérêts extérieurs. Elle perd toute possibilité d’un destin maîtrisé par sa communauté historique.
Le dernier épisode s’illustre par un article figurant sur le site de la préfecture lequel révisait l’Histoire de la Corse. Une volonté de délivrer l’Histoire officielle ?
Certes, devant la montée au créneau du président de l’Assemblée territoriale, le texte fut retiré. Mais le signe est inquiétant. Il pourrait indiquer la volonté exacerbée des jacobins d’effacer toute référence à un passé de conquête, par les armes, d’un Peuple qui se voulait libre.
Quant aux plans des natios, leur projet vise à changer le cours des politiques d’un État jacobin qui ambitionne de faire disparaître le Peuple Corse par une politique d’assimilation forcée. Et, ainsi, de disposer de son exceptionnel patrimoine naturel.
Le refus désormais exprimé d’une manière abrupte de toute coofficialité de la langue Corse ne peut laisser aucun doute sur cette volonté de génocide culturel.
La coofficialité est en effet un préalable incontournable pour pouvoir mener une politique de sauvetage de la langue. Le bilinguisme octroyé par les jacobins est un marché de dupe. Bien sûr en attendant de pouvoir arracher la coofficialité, il faut que les premiers intéressés, nous les Corses, fassions des efforts de chaque instant pour parler notre langue.
N’en déplaise à ceux qui pensent que cet effort pourrait suffire, ils se trompent gravement. Soit ils ignorent les mécanismes linguistiques sur le long terme, soit ils se laissent manipuler par la désinformation.
La lecture du rapport de l’Unesco1 (2002-2003) traitant des langues en danger devraient les convaincre.
Je pense surtout à certains de nos culturels qui militent, écrivent ou chantent dans notre langue et s’en tiennent au seul volontarisme.
Ce dernier ne saurait suffire dès lors qu’une majorité d’entre nous a été conditionnée à vivre sans avoir besoin de cette langue. Dans ce contexte, ce n’est qu’une question de temps pour que la langue s’éteigne.
Il serait certes injuste de ne pas prévoir un temps d’adaptation, il n’en reste pas moins que la coofficialité est la seule mesure qui revalorise la langue et qui autorise une politique de sauvetage avec l’accord d’un nombre croissant d’insulaires.
Accrochons-nous donc à notre langue. De notre vivant, dans notre génération, il faut arracher la coofficialité pour sa survie.
Le patrimoine naturel de la terre du Peuple Corse est traité, par le jacobinisme républicain, à l’instar de la coofficialité. Ainsi, puisque le Peuple Corse n’est pas légalement reconnu, le statut de résident doit être conforme à la loi républicaine.
Aucun droit spécifique ne peut avoir cours et la protection d’une nature insulaire dont la beauté est de renommée mondiale est assurée par les lois ordinaires de la République (c’est ce qu’on nous dit. Ils nous prennent pour des idiots).
Il est un seul domaine où la France, et les autres États européens (ou non) ont besoin de garantie sûre, c’est sa sécurité militaire. Autonome ou indépendante la Corse ne doit pas être un danger pour la France sur sa façade sud. Il faudra cette garantie ferme, et définitive autant qu’on puisse l’imaginer.
L’Assemblée unique, héritage de Hollande, supprime les Conseils départementaux, ce qui nous apparaissait une avancée vers moins de clanisme et plus d’autonomie. L’habilité du Président Macron l’a transformée en un énorme piège. Sous pré texte de ne pas manquer la fenêtre de la réforme constitutionnelle, il a, en un mois, fait foncer nos élus dans un art.72- 5 à la mesure d’une camisole de force. Les voilà maîtrisés.
Le consensus, auquel ils ont sacrifié pour parler au nom du Peuple Corse, au-delà de leur majorité absolue, est en morceau.
Rongé par les clanistes, les opportunistes, les impatients de jouer un rôle. Il y a là tous les avatars d’un marécage, si ce n’est encore ceux d’une retraite. Le coup de gueule de Gilles face aux inspecteurs généraux dénonce la manoeuvre. La réponse du préfet rappelle qu’il s’agit bien de la volonté du chef de l’État de voir le préfet reprendre la main.
Nos élus devront donc gérer depuis la cage 72-5. Pour le moment ils doivent faire au mieux et supporter leur impuissance relative, tout en négociant quelques moyens supplémentaires qu’ils ne pourront mettre en action qu’aux conditions de temps et de fond qui conviendront au pouvoir jupitérien. On peut se demander si notre majorité absolue ne subit un rapt et une séquestration. Nos élus seront-ils capables de mobiliser les forces potentielles des militants en attente dispersée? Et de là celles disponibles du Peuple ?
I Guardiani sonnent l’alerte. Ils pointent l’inertie. Il faut regrouper les autonomistes. Les conditions sont à l’urgence. Urgence imposée par les jacobins. Le retard peut être néfaste, il est risqué. Il devient coupable.
Aussi, commençons par là où nous le pouvons : par la fusion politique nécessaire à lancer Femu a Corsica dans la contre-attaque à l’agression.
Il convient d’oublier les égos, les listes, les élections qui seules ne servent à rien face au pouvoir central tant qu’on n’aura pas la reconnaissance du Peuple Corse et l’autonomie pour le sauver.
Max Simeoni.