E riflessioni di Max Simeoni

Il faut lucidité, entraide et détermination

Max Simeoni
par Max Simeoni

 

Lundi 17 avril. Ce soir le Président Macron s’est adressé aux français pour ce qu’il en est des « réformes » en pleine crise « sociale » selon les uns, « démocratique » pour d’autres, les deux conjuguées pour un grand nombre. J’ai attendu son discours pour rédiger mon article, pour le cas où notre royal Président élu ouvrait des perspectives pour sortir de la crise qui est européenne, voire mondiale !

 

 

Le Président Macron vient de faire son allocution. Il a tenté de redonner confiance aux citoyens en colère pour qu’ils puissent compter sur lui pour redresser la barre. Le ton était bon, mais je pense qu’il en faut bien plus pour qu’il ait un retour de crédibilité.

 

L’île s’est crue à l’abri des « pollutions » extérieures. Les fumées industrielles et les sables du Sahara que des vents rabattent, les plastiques qui jonchent les fonds des mers, les bateaux de plaisance qui ratissent au mouillage les tapis de posidonies, les villas luxueuses qui constellent le Piedmont… l’île n’est plus préservée par son isolement insulaire. Mais l’a-t-elle jamais été, ou plutôt non développée volontairement car, pour la République, elle était un réservoir d’hommes pour ses guerres intra européennes et l’encadrement de son Empire. Sa propagande pour se justifier a martelé qu’elle n’était qu’un rocher stérile sans possibilité d’avoir un tissu économique productif local et d’échanges commerciaux à l’externe. Les Corses pour la plupart ont fini par en être convaincus. Les mères disaient à leurs enfants « parti o mo figliolu, chì quì un ci hè nundu da fà ». En 1962, l’île avait 160.000 habitants. Les Corses faisaient des carrières hors de l’île en exil mais reconnaissant que leur spécificité de peuple ne soit pas un certain handicap à leur promotion. Ils étaient devenus des autocolonisés zélés !

En fait, ils réalisaient des destins individuels hors sol de leur terre au service d’autres peuples dominants et participaient à la disparition du leur ! La fatalité ? L’île a été vidée de ses occupants et de nos jours ce processus sournois de colonisation ne peut plus être stoppé. Il faudrait un sursaut de tous les Corses pour s’en dégager…

Ce n’est pas une délégation d’élus locaux non homogène sans le béton patriotique, qui veulent être reçus, c’est-à-dire reconnus, à Paris qui y parviendra ! Reconnus comme les bourgeois de Calais ?

 

On voit poindre une organisation de jeunes dans la clandestinité qui détruisent des maisons, des villas. Inquiets et sceptiques ceux qui, comme moi, avaient vécu le FLNC, sa division en « canal historique » et « canal habituel » et les morts entre frères militants. Cette nouvelle clandestinité semble être surtout portée par des éléments jeunes, étudiants, lycéens…

Elle s’attaque aux biens d’allogènes et de Corses. Elle leur reproche, semble-t-il, des menées spéculatives pour s’enrichir ? On ne voit pas d’autre motif pour agresser les habitations de Corses.

Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, est devenu Monsieur Corse, sa fonction l’y amène naturellement. Mais il nous joue un numéro de stand de foire, il apparaît sur scène ici ou là et disparaît aussitôt !

On a compris depuis longtemps qu’il tâte le terrain, calme un peu l’impatience mais ne fait que ce que le Roi républicain dans son antre Élysée désire. Un fusible !

 

La Corse encaissera toutes les conséquences des crises dans sa position géographique immuable. N’est-ce pas Clémenceau (je crois) qui a dit que pour qu’il n’y ait plus de problème corse, il faudrait que l’île plonge un quart d’heure sous l’eau ? N’est-ce pas le Maréchal Lyautey qui a déclaré que les Corses partaient en 1914 au front par bateaux pleins et qu’il suffisait de quelques chaloupes pour ramener les survivants !

L’île sera impliquée directement ou non.

Ne serait-ce que comme base d’appui. Solenzara, les dernières manœuvres en Balagne entre Saints Cyriens et Légion étrangère, ou dans le golfe de Portiveccju pour mettre au point une « exfiltration » de civils. La base de Solenzara sert d’appui aux avions français qui survolent le Moyen Orient, l’Afrique et l’Océan Indien… L’île a été précieuse pour la trajectoire de l’armée d’Afrique qui devait libérer la France et tenir tête à Mussolini, pour pilonner le front de guerre stabilisé à Cassino, pour un débarquement en Provence. La tenaille Nord-Sud se fermait contre le Reich.

La guerre en Ukraine fait partie de la stratégie de l’Occident cherchant à contenir la poussée de la Russie, État continental voulant un accès à la Méditerranée par le détroit des Dardanelles, et de la majorité des ukrainiens préférant l’Europe et l’Otan au rêve d’un Poutine d’une Union soviétique URSS !

Qui peut donc nous garantir qu’un conflit usant de l’arme limitée atomique nous épargnera, que l’île avec sa base de Solenzara, le REP, etc., seront hors conflit ?

Les syndicats unis, fait rare, vont-ils continuer à manifester ? Si oui, les institutions de la Ve République ne reflètent pas leur légitimité et donc vivement une VIe République, plus démocratique ou faute de mieux un référendum ?

« La vie chère » dans l’île devient un surplus de charge pour la région des plus pauvres de France et de Navarre : 60.000 précaires aujourd’hui, combien demain ?

Cet épisode ukrainien va-t-il s’arrêter ? Quand et comment ? L’espoir en Europe est que Poutine soit renversé par son Peuple. Encore du rêve ?

On peut mieux comprendre si on comprend que la Corse est surexposée aussitôt à tous les effets extérieurs néfastes et que si quelques aubaines surgissent elle perdra du temps pour en tirer parti.

 

Les Corses qui restent doivent avoir prise sur le destin du peuple. Il leur faut lucidité, entraide, détermination pour arracher la reconnaissance de leur peuple et l’autonomie interne pour le construire.

Ils doivent ne pas prendre les problèmes immédiats de la ménagère faisant son marché volant d’une étiquette de prix à l’autre en fonction de son porte-monnaie. Les prix sont fixés ailleurs, plateformes de distribution, de Marseille notamment, et bien en amont à partir des terres agricoles.

Subir dans l’immédiat la plus grande charge par des aides minimes et ponctuelles et prendre l’autonomie pour créer et gérer une base économique locale et un avenir au peuple corse sur sa terre.

Le court terme économique et démographique est le reflet du colonialisme, un terme plus lointain d’un avenir possible de ce peuple en voie de disparition passe par sa reconnaissance et l’autonomie interne. •