E riflessioni di Max Simeoni

La Corse, une colonie ?

par Max Simeoni

 

Bien des Corses ont du mal à admettre cette évidence historique. Et pourtant un survol de la présence française depuis le 9 mai 1769 l’atteste sans aucun doute. Date qui vit la défaite des troupes de Paoli contre celles du Comte de Vaux, général d’un Roi absolu de droit divin. Puis la Corse est déclarée comme faisant partie de l’Empire…

 

La position de la Corse, proche de l’Europe du Sud, l’empêche de penser à une indépendance qui serait une hypothèse non sécuritaire pour les États méditerranéens et d’abord pour ceux du sud et de l’ouest.

Cependant son statut réel est colonial. Il n’y a aucun hasard, aucune fatalité de l’Histoire.

D’abord un réservoir d’hommes. Il en faut pour encadrer le vaste empire colonial qui a pied sur tous les continents, sur bon nombre d’îles au nord et au sud du globe terrestre, parsemant les océans pour la défense des intérêts français impériaux, relais des navires (les transports aériens sont venus plus tard pour une part !).

L’île est vidée, en 1962 elle a 160.000 habitants, lorsque je visse ma plaque de médecin à Bastia. Elle voit arriver 18.000 Pieds-noirs, les rapatriés qui investissent la plaine orientale. Ils sont installés avec l’argent prévu du Plan du développement agricole pour l’agriculture de Corse. Les jeunes Corses sont écartés habilement par les technocrates (soit ils n’ont pas les connaissances d’un diplôme pour l’agriculture, soit ils n’ont pas de réserve pour payer les banques créancières…), les Pieds-noirs disposent de moratoires, de crédits spécifiques pour leur retour. Cette colonisation de l’île continue pour les intérêts de Paris et de l’Hexagone.

Cette colonisation est consciente, voulue. Des documents en apportent la preuve.

 

L’ARC publie le rapport de l’Hudson Institute en 1973-74, qui a été commandité par la Datar pour évaluer les possibilités de développement de l’île et assurer le bien-être de tous. Des quatre scénarios proposés par l’Hudson Institute, Paris a choisi le plus néfaste pour la survie du peuple corse. Il vise à faire disparaître tout lien d’un résident autochtone avec sa terre natale ou celle de ses parents et ainsi disposer d’un territoire développé au seul profit de la « métropole ». Le renouvellement de sa population rapide, (5.000 arrivants chaque année dont beaucoup restent), laissant les mains libres pour une économie au profit des plateformes d’achats et de redistribution de France, du port de Marseille notamment.

Résultat : la vie est plus chère même avec des productions locales. L’île importe plus de 97 % de tout ce dont elle a besoin pour se nourrir et s’habiller et elle est parmi les plus pauvres des régions de l’Hexagone.

 

L’ARC publie, lors de l’assaut des forces de l’État par plus de 1.500 gardes mobiles CRS à Aleria, le document COVIREP qui apporte la preuve de la mainmise de quelques négociants Pieds-noirs qui se sont associés pour tirer parti de cette évolution des vins trafiqués et qui dominent un marché captif. Le préfet tente de discréditer l’ARC en disant que Jean Mannarini, dirigeant de l’ARC, était compromis dans la COVIREP car il faisait partie de la Maison Mattei que le financier Borghetti venait de racheter aux héritiers. Il ignorait que l’ARC détenait ce document. Il resta silencieux…

Après l’assaut d’Aléria, deux gendarmes morts, un militant avec un pied fracassé, on a entendu cette invocation « plus rien ne sera comme avant ! »  L’ARC, avec quelques militants, occupe la cave d’Aleria, une fabrication de vins spéculatifs, sur une latifundia de 600 hectares, l’État jacobin envoie une armée pour les encercler. Disproportionné !

 

Des statuts particuliers furent instaurés : Déferre, Joxe, Jospin, Caseneuve. Le Président Macron fût élu et fit une cérémonie à la mémoire d’Erignac, ce préfet assassiné dans la rue et sans garde du corps. Il imposa un cérémonial humiliant à la délégation Corse et particulièrement à Gilles Simeoni.

Or toute la Corse avait défilé pour réprouver cet homicide.

Le jeune Président, nouveau en politique, pris une jaunisse de gilets jaunes à tous les ronds-points. Il en perdit un peu de sa superbe !

Après l’agression mortelle contre Yvan Colonna, le risque d’émeute par les jeunes lycéens, les étudiants, etc., amena le pouvoir via Darmanin, ministre de l’Intérieur à offrir une discussion « sans tabou » pour trouver une solution avec la Corse. L’assassinat d’Yvan Colonna à la prison d’Arles des détenus sous haute surveillance a eu l’effet d’une bombe à retardement.

Le ministre Darmanin n’a pas de meilleurs arguments pour donner espoir, ne rien faire et recommencer.

La coalition des élus insulaires a du mal à assurer une cohérence face aux allées et venues du ministre. Elle semble en voie de dislocation car récemment le parti des républicains s’en est retiré et entend exprimer ses vues directement à Paris.

Darmanin est de retour, il va réunir pour discuter, attendons quelques heures pour savoir s’il y a du nouveau.

Ce qui me frappe, ce sont les deux lignes rouges à ne pas dépasser. L’une de ne pas sortir de la République, l’autre de ne pas instituer deux catégories de français sur l’île.

On va voir venir ? •