La campagne électorale des Territoriales est bien lancée. Elle est pour le moment plutôt morose et peu dynamique.
La campagne électorale des Territoriales est bien lancée. Dans le Sud, avec Laurent Marcangeli qui espère être le candidat officiel de la Droite et en position de ramasser tous les antinationalistes de Droite ou de Gauche et nombre de déçus. Avec Jean Charles Orsucci, autonomiste au début et se déclarant pour Macron qui n’a rien dit, mais ne l’a pas intronisé. Avec Jean Christophe Angelini, qui est sorti du peloton en gagnant l’étape clef de Portivechju. Avec, dans le Nord, Gilles Simeoni sans opposant classique, mais soumis à des tiraillements internes perçus par les électeurs non militants. La conséquence est une morose absence de dynamique.
L’avenir immédiat est incertain. On verra, avant la sortie des listes Territoriales, comment les uns et les autres abattront leurs atouts, tricoteront leurs polémiques, organiseront des rapprochements, des coalitions au premier, au second tour et… au troisième pour ceux qui seront élus.
Il est évident que pour l’heure, il n’existe pas, hors Marcangeli, de tête de liste pour s’opposer à Gilles S. ou dans la « famille » natios un leader pouvant prétendre le remplaçer. On n’est plus à l’époque longue où les Rossini, Bozzi à Aiacciu, les Pasquini à Isula Rossa et évidemment les Rocca Serra dans la cité du sel, les Giacobbi de Venacu et Jean Zuccarelli de Bastia, pêchaient par abondance avec leurs grappes de Maires aux clientèles fidélisées.
Il est évident qu’au départ tous les leaders des organisations natios ou clanico-centralistes ont un dénominateur commun : affaiblir le Président de l’Exécutif pour l’amener à concéder une plus grande part du gâteau c’est-à-dire postes, fonctions missions ou le battre un jour…
L’État jacobin va dans le même sens. Macron Président de la République, néophyte grisé, après sa royale cérémonie de l’anniversaire de l’assassinat d’Erignac, après les ronds-points occupés par les gilets jaunes et les premières difficultés d’exercice du pouvoir, a baissé le ton pour calmer le jeu. Il a dans l’esprit de consolider ses positions et de rendre moins impopulaire son image de marque. Son gouvernement et ses Ministres l’accompagnent pour ce faire. Il prépare sa réélection de 2022, il doit le faire en maîtrisant au mieux, entre autre, la course d’obstacles électoraux d’ici là.
Il réunit à Aiacciu les États Méditerranéens de l’Europe ce qui gratifie Laurent Marcangeli et fait un saut à Bonifaziu pour honorer de sa présence le Maire Orsucci qui tient colloque avec le Ministre chargé du tourisme. Sans oublier la création de l’Assemblée des Maires pour ne pas les laisser en face à face avec le pouvoir « local » des natios majoritaires, ni le Préfet qui est empressé de les recevoir à leur demande. Tout cela au prétexte de la proximité malmenée par la suppression des Conseils départementaux (ex Conseils généraux). L’institution a longtemps fonctionné en un seul Conseil général. Puis Giscard en a fait deux. Il a ainsi répondu à la demande de Bastia frustrée (l’éternelle tension entre les deux villes : Bastia « capitale économique », Aiacciu impériale et préfectorale). Et en conséquence d’avantage d’encadrement administratif (trois Préfets et des Sous Préfets, d’avantage de circuits administratifs d’État et de la Collectivité Territoriale, d’avantage d’élections clientélistes, bref d’avantage de pulitichella et de dépendance au centralisme jacobin républicain.
Les quatre statuts spéciaux (Defferre, Joxe, Jospin et Caseneuve le dernier en cours) ne sont pas des statuts qui, à petits pas, vont vers plus d’Autonomie. Ce sont des statuts de gestion sans pouvoir pour des réformes qui peuvent changer la situation de dépendance coloniale de la Corse et la disparition programmée de son Peuple. C’est la poursuite du rapport de prospective en vue du développement touristique demandé par la Datar à l’Hudson Institut qui y a énoncé quatre stratégies, deux sans la spécificité Corse, deux autres favorables à celle-ci. En comparant ce rapport avec le Plan d’aménagement de la Corse pour 1971-1984, on voit sans ambiguïté que l’État a choisi le pire : un développement massif de 250 à 300.000 lits à construire en 10 ans et la venue de 70.000 techniciens du tourisme. Or la Corse est pauvre et vidée, en 1962 elle ne comptait que 160.000 habitants. Elle n’avait aucune école hôtelière. L’exil sévissait toujours et les premiers apports de population ont été l’exode de 18.000 Pieds Noirs pour traiter l’un problème franco-français avec la Somivac au détriment de l’agriculture des Corses. Rocard a déclaré au Parlement que l’ordre était venu de Paris d’attribuer 90 % des lots aux rapatriés.
Ces rappels itératifs, je les fais pour qu’on n’oublie pas le traitement colonial qui est fait à la Corse par la République des jacobins. Pour aussi qu’on cesse de croire que notre destin de Corses sur leur Terre peut être résolu avec des statuts spéciaux qui sont surtout spécieux et illusoire pour le sauvetage historique du Peuple sur sa Terre comme le sont les mandats d’élus « locaux qui ne font pas les lois » aux dires du Président à l’anniversaire de la mort d’Erignac. Or précisément il faut pouvoir faire des lois pour remplir notre mission historique de sauvetage de Peuple sur sa Terre. Le combat primordial est d’obtenir l’Autonomie interne et la coofficialité de la langue. Ceci revient à demander au système jacobin Républicain de se remettre en cause. Or il s’est cru détenteur des valeurs universelles ce qui lui a servi d’alibi pour se tailler un empire colonial. Cette idéologie est la structure des élites administratives sortant des grandes écoles et de tout ou presque de l’arc-en-ciel politicien. Ceci pour dire que le combat est à peine entamé, c’est David contre Goliath. David doit être lucide, déterminé, adroit, intelligent pour s’imposer.
Les dissensions électoralistes entre natios, et encore plus entre autonomistes sont grotesques, désastreuses et coupables. Leur responsabilité est sans excuse. Ils doivent en fonction de leur mission redresser la barre.
Je pense qu’un Parti uni des autonomistes peut servir de garantie à toutes les expressions nationales insulaires dans la mesure où elles ont renoncé à la violence armée clandestine et qu’en démocratie toutes les expressions ont droit à la parole. Or dans l’enjeu des élections « locales » qui tétanisent hélas actuellement les partis natios, ceux-ci ne sont pas en état d’en discuter, de l’élaborer et un tel organisme a besoin d’un temps de rodage et d’un suivi attentif pour lui faire prendre sa course. Il me reste à attendre la fin de l’exaltation électoraliste pour dire comment on pourrait le concevoir. En espérant que le passif du temps perdu ne l’empêchera pas de naître.
Pour le moment il n’y a rien d’autre à faire que des élections pour les gagner, faut de ne pouvoir faire l’essentiel.