par Max Simeoni
Le Covid19, avec son peloton de mutants, mène la course et nous, derrière, nous tirons la langue.
En bandeau sur toute la Une, Corse Matin du 14 mars affichait « Tourisme, une nouvelle saison vers l’inconnue » et en sous-titre « Pâques arrive, mais les professionnels du tourisme n’ont ni visibilité ni perspectives ». Il a été dit aussi que nos PME et TPE avaient d’avantage souffert que celles du continent.
Plusieurs labos ont mis au point des vaccins mais ils ne peuvent pas en fournir suffisamment à l’échelle mondiale et chaque pays vaccine par tranche d’âge, les plus âgés d’abord car ils font plus facilement des complications et encombrent plus vite le peu de lits qui restent disponibles. Chaque pays a hésité à confiner, de un peu moins à un peu plus, et inversement… les frontières, moins ouvertes, risquent de se fermer. Paris capitale est plus qu’infiltrée, presque envahie… ce lundi 29, on vient d’apprendre que les services de réa sont saturés… il va falloir sans doute retarder des interventions, des soins, dégager des lits… ira-t-on jusqu’à mettre les centaines de milliers de fonctionnaires des ministères et des administrations centrales en télétravail en province pour les protéger ? Il faut compter aussi avec les soignants de réa qui sont en plein effort depuis un an et en burn out… Quelques-uns craquent et/ou démissionnent. Or, il faut du temps pour former un soignant apte à diriger en continu les soins complexes et la machinerie sophistiquée des box de réa…
Bref, le virus a commencé à nous désorganiser sévèrement, il pourrait nous sidérer si on n’accélère pas assez la fabrication des vaccins ou si les firmes pharmaceutiques tardent trop pour mettre au point et pour distribuer un traitement efficace.
Le tout tourisme « moteur du développement économique » de l’île, voulu secrètement par l’État jacobin colonial, la rend dépendante à 97 % pour tout ce qu’elle consomme. Les activités commerciales ou de services sont soumises à un sens unique dominant. Nos petits commerçants sont généralement revendeurs de produits importés et fabriqués ailleurs, lesquels bénéficient de plus de la DSP, ex-continuité territoriale instituée pour « soulager le panier de la ménagère »… or la vie est plus chère ! Bien des insulaires cependant en vivent, mais « le moteur du développement », qui représente plus de 30 % du PIB insulaire, a profité à qui ? Certes, la crise sociale et économique de cette pandémie est, on peut dire, mondiale. La vocation touristique du patrimoine naturel de l’île est incontestable. Le problème est celui de la maîtrise de ce tourisme. Il est évident que l’île est un marché captif exploité de l’extérieur. De ce fait, la crise surprise du Covid aura en Corse des conséquences plus graves. Elle fera croître la masse des 60.000 précaires et tous ceux déjà prêts à les rejoindre, des autochtones pour l’essentiel.
Le choix secret délibéré du tout tourisme a été fait à la fin de l’Empire colonial français (1962 Accord d’Evian et indépendance de l’Algérie) pour l’Europe à ses débuts (traités CA, CEA…). Il fallait rentabiliser la Corse, réservoir d’hommes vidé (160.000 habitants) pour l’armée et l’Empire, non développée (un siècle de loi Douanière, de 1818 à 1913). La Datar consulte en secret l’Hudson Institut, organisme de prospective renommé. Elle retient un scénario que l’Hudson Institut ne conseille pas, la fin de la communauté historique, les 160.000 habitants restants, le gouvernement l’adopte dans le Schéma d’aménagement de la Corse de 1971-1984 (plus de 200.000 lits à créer en dix ans et 70.000 employés spécialistes pour le fonctionnement) et présente comme bénéfique pour tous. Dévoilé par l’ARC, rejeté par tous, l’État fait mine de laisser tomber mais il poursuit ce but en douce. Il est près du but : noyer ce qu’il reste de Peuple pour faciliter l’appropriation de l’île et son exploitation coloniale. Une population importée d’environ 5.000 arrivants par an depuis quelques décennies, le nombre d’habitants passe de 160.000 à 330.000. Il a doublé par ces apports extérieurs. Le dégrèvement de 30 % des charges des constructions à valeurs locatives font de l’île la région où elles ont foisonné bien plus que dans les autres régions touristiques.
On voit bien que l’État français est a découvert. Le Président Macron tout nouveau, flanqué de l’ex-ministre Chevènement, l’avait pris de haut avec arrogance au cérémonial de l’assassinat du préfet Erignac. On aurait pu penser qu’il avait peut-être mis un peu d’eau dans son vin, la période de grâce finie. Il n’en est rien. La suppression des conseils généraux suite à l’Assemblée Unique, oblige l’État à jouer plus directement contre la majorité « absolue » des natios. Les ministres, les préfets, ses administrateurs sont mobilisés. Le préfet Lelarge couvre le terrain. On voudrait un tarif résident ?
À quoi bon puisque « tous ceux qui vivent ici sont chez eux ! » J’ai peut-être l’esprit tordu mais j’entends « qu’il n’y a pas de Peuple Corse. » Plus on en fait venir et plus il y a de Corses ? Non, des habitants dans l’île, le Peuple Corse nié n’existe pas. Ce bon préfet républicain va à Lugu di Nazza se promener dans le village et caresser les maires de l’Alta Rocca. Il balise la venue du Président Macron par une fanfare de 160 millions à Aiacciu et à Bonifaziu par une autre d’une soixantaine. Il n’a pas peur du vertige, même en téléphérique.
Les opposants des natios aux élections Territoriales de juin reprennent du poil de la bête, ils se regroupent, ADN de Droite ou de Gauche, avec le seul désir de réduire et de chasser si possible la majorité des natios qui, eux, ne font rien, pour qu’ils en doutent, en plongeant dans un électoralisme qui les éloignent de leur mission historique. C’est à pleurer. Peuvent-ils se ressaisir ? Peuvent-ils ériger le parti capable d’obtenir en priorité la reconnaissance du Peuple Corse et l’autonomie ? Il ne nous reste qu’à prier et espérer ? Non, je ne puis m’y résoudre. •