E riflessioni di Max Simeoni

On a un Président : le même !

Max Simeoni
par Max Simeoni
En Corse, l’abstention a augmenté entre le 1er et le 2e tour. Marine Le Pen est largement en tête, elle distance Emmanuel Macron de plus de 15 % des votes. Aiacciu et Bastia et les villes littorales à part Proprianu et Saint Florent/Calvi, Isula Rossa, Bonifaziu, Ghisonaccia pour Marine et de même celles du centre, Corti et Sartè. Le rural villageois désertifié aussi pour Le Pen.

 

La Corse a voté comme les autres îles des Caraïbes et La Réunion. Les îles du Pacifique ont voté pour Macron.

Le RN n’a jamais brillé électoralement en Corse. Les partis d’avant, PS et Droite de l’après Gaullisme, se sont évaporés, est resté un LR dont le tour de piste de Valérie Pécresse a ressemblé à une oraison funèbre.

Si on revoit l’arrivée et le parcours d’Emmanuel Macron, on peut dire qu’il n’a fait qu’occuper un vide laissé par l’implosion de tout le système électoral de la Ve République voulu par De Gaulle qui pour enterrer la « chienlit » de la IVe République avec un Parlement où les jeux des partis charnières faisaient tomber les gouvernements, comme des quilles, à peine en place. De Gaulle décide le référendum de 1969 pour mener des réformes, en particulier celle du Sénat. Il y a mis en préalable sa démission en cas d’échec. Il le perdit et démissionna sur le champ.

Ses héritiers pratiquèrent la cohabitation, et la chienlit se manifesta entre les dirigeants de chaque parti, avec les primaires pour désigner leur candidat. L’électoralisme les empoisonna.

Macron a pu surgir.

 

L’arrivée de Gilles Simeoni à la tête d’une coalition nationaliste avec la prise de la mairie de Bastia puis la majorité « absolue » à la tête de la CdC avait précédé celle de Macron. Certes, il était celui reconnu pour mener ce combat de regroupement des nationalistes et même un peu au-delà. En fait, lui avant Macron a bénéficié de l’effondrement du système claniste, il a été visible en premier un peu comme une secousse tellurique qui précède un vrai tremblement de terre… les clans étaient en chute libre sans parachutes parisiens auxquels ils se rattachaient depuis toute la tutelle française après Ponte Novu.

La Corse vote fortement à contre-courant. Elle n’a pas le choix, elle pousse un cri. Le PS n’a aucune consistance. Le LR touche le fond. LRM piétine. Le maire de Bonifaziu, qui s’en réclame, n’a pas été suivi par ses électeurs qui ont choisi massivement Marine. Laurent Marcangeli, maître d’Aiacciu, joue Édouard Philippe qui constitue un parti pour l’avenir mais demeure fidèle au Président.

 

Gilles Simeoni a fait une OPA sur la majorité « absolue » afin de conduire un dialogue sans être entravé par les composantes de la coalition ; mais à peine entamé avec Darmanin, ministre de l’Intérieur, les fortes turbulences déclenchées par l’assassinat d’Yvan Colonna à la prison de Haute surveillance d’Arles, il se retire et exige le calme pour les reprendre. Macron est réélu sans « période de grâce » et la Corse est sans perspective et doit attendre. Le Président doit tout réinstaller, le gouvernement et des aménagements à son programme comme il l’a promis, les retraites notamment. Ce qui implique des consultations et des négociations avec les syndicats, les socio professionnels, etc. Le problème Corse attendra. Jusqu’à quand ? Après les législatives de juin ? Ou les calendes grecques ? Il n’y a pas de force politique insulaire pour s’imposer au pouvoir parisien et le contraindre.

Les jeunes étudiants et lycéens ont surestimé leur impact quand ils ont vu la levée du statut de DPS et le retour d’Alessandri et de Ferrandi en Corse à Borgu. Le Président devait calmer le jeu en période de réélection. D’autant plus que l’administration pénitentiaire était responsable de la fin terrible d’Yvan Colonna. Ces jeunes ont des fins d’année importantes pour eux (examens, orientations, etc.). Difficile de revenir dans la rue quand des députés nationalistes doivent se présenter à nouveau.

 

Bref, la plus grande incertitude pèse sur l’avenir à court et moyen terme. Personne ne maîtrise quoi que ce soit. Pas de parti organisé, pas d’opposition non plus, des nationalistes en difficulté devant se ressaisir…

La dépendance au tout tourisme comme moteur du développement entraîne une dépendance des importations (plus de 97 % de ce que l’on consomme). C’est la marque d’une colonisation. Que faut-il pour faire évoluer ce tourisme ?

Mélenchon est parvenu à faire un 3e bloc derrière Marine et Macron. Il mise sur les législatives pour avoir assez de députés à l’Assemblée Nationale. Or, il est difficile de savoir quel sera la composition des groupes et, en conséquences, leurs possibilités de peser et/ou de soutenir  l’Exécutif LRM. Tout est incertain, y compris un blocage et une dissolution. Les législatives devraient nous éclairer d’avantage du moins sur le court terme.

 

Les élus insulaires de tous bords paraissent favorables à une reprise du dialogue avec Darmanin qui serait ministre dans ce nouveau gouvernement où Castex ne serait plus Premier ministre, d’accord pour relancer avant même les législatives de juin, pour participer en préalable à une concertation pour convenir un langage commun de la délégation. Mais des bribes flottent de temps à autre du genre « il y a des sujets importants à prendre en considération au-delà de celui des institutions ». Autrement dit, il n’est pas la priorité et on laisse le champ libre à l’État, le temps de tergiverser, de lâcher des os à ronger.

Si on veut être réaliste, à la hauteur de l’enjeu historique d’un peuple corse qui est en passe de disparition, son territoire insulaire livré à la spéculation et aux plus offrants, l’autonomie pour son avenir est l’impératif qui s’impose. La position géopolitique de l’île en Méditerranée est immuable et elle ne saurait être une potentielle menace pour la France et pour l’Europe.

L’autonomie pleine et entière pour décoloniser, oui.

Et pour la paix. •