Les natios sont en joie, les deux sièges de Haute Corse sont à portée de main et ils serrent d’assez près Camille dans son bastion. Un seul siège serait déjà le signe de la poursuite de leur dynamique. On peut attendre sans stress sept jours pour sabrer le champagne ! La logique électorale impose de faire le plein de voix entre temps.
Une interrogation: le record des abstentions. Les natios ont, à de rares exceptions, voté. Le paquet abstentions a ses irrécupérables, il y a aussi des anti natios sans cadidat à affichage déclaré. Les trois piliers du Padduc (coofficialité, résidence, fiscalité) ont été votés par une large majorité à la CTC et la clandestinité ne peut plus servir de prétexte pour écarter d’un revers de main toute proposition venant des natios. Il reste donc un nombre difficile à évaluer d’électeurs soit déçus par la déconfiture des candidats traditionnels, soit hésitants à s’engager de crainte de l’être à nouveau.
Ils peuvent basculer, selon un espoir voter n’importe qui ou de colère voter sanction. Le succès des natios (mairie de Bastia, CTC) va de paire, comme sur le continent, avec un puissant désir de changer le système et les hommes qui l’ont incarné, il est général.
Les électeurs de l’hexagone les ont balayés. Les néophytes nombreux d’En Marche investis ont été propulsés à ce premier tour pour donner une majorité massive au Président Macron qui sera confirmée et peut-être accrue au deuxième tour. À ce niveau, du jamais vu.
Le PS réduit à sa plus simple expression doit ramasser ses restes pour survivre avant de chercher à se reconstruire. La gauche de Mélenchon ne saurait le remplacer totalement. Toute la gauche est disloquée pour le moment.
La droite comme la garde impériale à Waterloo serre les rangs mais ce lundi 12 juin elle serait divisée en deux entre prêts à collaborer et prêts à en découdre.
Tous les symptômes d’une crise de fin du régime politique et institutionnelle sont là. Macron devra enterrer la Ve République et faire naître la VIe. Le Peuple, faute de mieux, lui a laissé sa chance. Il a pu démarrer mais pourra-t-il passer les vitesses. À voir.
En Corse les natios ont combattu et usé le système des clans mais leur effondrement est dû surtout au pourrissement de la tête parisienne de la pyramide républicaine.
Les clans se sont trouvés largués, sans accrochage, en chute libre.
La victoire au second tour qui se dessine pose question aux natios. Si le taux d’abstention dans sept jours diminue largement à leur profit, les corses seraient donc disposés à leur donner une chance aux territoriales dans six mois. Il leur resterait à maintenir ce capital de confiance en demeurant disponibles, vigilants, transparents et en gérant au mieux le quotidien en attendant les réformes entamées par Macron pour réagir.
Si ce taux d’abstention reste élevé par trop, il pourrait être vu comme signe de dangers potentiels, une épée de Damocles à écarter. Il conviendra de l’analyser pour essayer de le traiter à notre profit avec pertinence.
Bref pour gagner la confiance et faire partager les objectifs natios : Peuple, langue, terre. Une guerre démocratique pour un sauvetage historique que l’on gagne ou que l’on perd.
Pour la mener avec succès elle implique la prise de conscience claire du danger des mécanismes économiques, politiques qui nuisent pour induire la quête avec détermination des moyens qui permettront de gagner victoire après victoire sur tous les fronts, la liberté et de la dignité, de la solidarité. Une solidarité active et non seulement de principe, sans laquelle il y a des populations mais pas un Peuple en difficulté qui sombre plus vite si c’est le chacun pour soit.
L’établissement d’une démocratie authentique pour être responsables de son destin et sortir des dépendances aliénantes ou des dominations masquées.
Après ce deuxième tour, on verra comment l’Exécutif présidentiel envisage la demande Padduc votée par la CTC précédente que la majorité natio actuelle renforce comme approuvée au-delà des partis par une majorité d’insulaires. Nos élus devront le rappeler au nouveau pouvoir central en continu pour qu’il ne remette la « question » à un plus tard extensible.
Le ministre de la cohésion des régions va-t-il être libre de toute entrave judiciaire personnelle ou alors remplacé ?
Rappel par la CTC, par député(s), par des concours populaires.
D’ailleurs les thèmes constants, Padduc et autres, animeront la campagne électorale des territoriales d’ici la fin de l’année, prévue par la loi instaurant la mise en place de l’Assemblée Unique en Corse. Bien des élus vont être bousculés dans leurs perspectives de carrières ou gênés pour le financement de projets. Ils voudront faire voter en décembre selon leurs préoccupations.
Les natios élus devront négocier pour que Paris accepte des dispositions transitoires afin de faciliter la transition, en prenant l’opinion à témoin, transparence oblige.
La tâche historique est énorme. L’île ravagée à la merci ou presque du tout tourisme spéculatif, dépendante, quémandante, sans maîtrise, soumise à toutes les variations de flux économiques et migratoires et d’options égoïstes personnelles. Dès lundi 19 juin, il convient mettre de l’ordre et de cohérence dans la « famille », de regrouper les troupes derrière un seul fanion pour mener la bataille des territoriales dans cinq mois.
La victoire est belle et exalte l’espoir.
Encore ne pas s’endormir, ne pas laisser « l’ennemi » se regrouper le premier, mais exploiter la victoire pour poursuivre plus vite et plus loin vers l’objectif historique et de victoire en victoire gagner la guerre contre l’injustice imposée à ce Peuple, le notre.
Max Simeoni.