La campagne des municipales est montée d’une vitesse. Les premiers meetings, les larges lignes des programmes, des listes publiées, quelques unes prêtes à l’être, des affiches, des tracts dans les boîtes aux lettres… les signes habituels mais tout compte fait peu de militants… la vitesse enclenchée n’arrache pas.
Sans doute plusieurs raisons.
L’indolence des villes tient au fait que le maire sortant a, certes, des opposants divers mais qui ont du mal à se regrouper faute d’un candidat qui s’impose dans leur propre « famille ». Et c’est la fenêtre ouverte à toutes les imaginations, à tous les fantasmes pour le deuxième tour, à toutes les arrières pensées pour les Territoriales….
Et pourtant, le mécontentement est général. L’électeur de droite comme de gauche, s’il vote, ce sera en proximité, pour l’homme, faute de pouvoir se projeter sur un parti bien cadré. Une manière entre autre de choisir un moindre mal.
Dans l’hexagone, il reste la rue.
Elle a été occupée par les gilets jaunes, jaunes de rages pour leurs retraites réformées et par les syndicats pour les salaires et les crédits sociaux rétrécis, par les soignants des hôpitaux, urgentistes en tête, chefs de services prêts à démissionner… mais aucune force traditionnelle de gauche comme de droite pour sonner la charge, aucune force décelable en position de prendre le relais. La République en marche (LREM) majoritaire fait du sur-place. Tout est du ressort de l’Élysée qui actionne par le Gouvernement.
Sur l’île, l’espace laissé par les natios sonne creux. Les héritiers du système de la Ve d’avant Macron sont sans boussole. Il est difficile à des « élus locaux » de lui faire ostentatoirement allégeance. Ils déplairaient à beaucoup de mécontents et notamment aux natios majoritaires qui auraient le motif de les sanctionner suite à la commémoration de la mort du Préfet Erignac. Ils attendaient plutôt que le Président Élyséen leur donne le premier quelque moyen d’exprimer leur reconnaissance. Mais il a d’autres chats à fouetter !
L’occasion pour les natios était et reste des plus favorables, elle est à saisir. À condition de ne pas se fourvoyer dans les élections municipales en ne les considérant que comme marche pied des Territoriales.
La Collectivité de Corse n’est pas à négliger. Il faut commencer par les municipales et bien s’inscrire dans le calendrier des élections à venir. C’est le jeu imposé. Mais il ne débouchera pas sur un rapport de force suffisant pour amener l’État jacobin à accorder et à mettre en place une autonomie complète nécessaire au sauvetage du Peuple Corse reconnu dans ses droits pour maîtriser son destin. Le rapport de force passe par la mobilisation civique des Corses qui a besoin d’un catalyseur puissant en son sein, le parti nationaliste pour arracher l’autonomie.
Sauver le Peuple Corse, c’est préserver sa terre des pollutions le mieux possible. L’insularité ne suffit pas. Les boues rouges, les plastiques, la radioactivité – risquée à l’Argentella et réelle de Tchernobyl. C’est aussi d’échapper à la dépendance presque totale, à 97% minimum, de notre consommation, qui rend la vie encore plus chère, ne serait-ce que par le prix que nous coûtent les déchets et malgré la Continuité territoriale, rebaptisée DSP pour les compagnies qui se la disputent.
Sauver, c’est obtenir la coofficialité.
Elle est indispensable pour mener une politique de renouveau de notre langue (morta a lingua, mortu u populu). L’action des associations culturelles est utile, elle permet de freiner la disparition et de faire une action concrète qui entraîne plus que de beaux discours (en français), elle donne un exemple et une volonté qui réveillent. Mais si on se réfère au rapport de 2002- 2003 de l’Unesco, pas de salut sans la coofficialité. Le salut ne serait assuré que si la langue est transmise dès la naissance. C’est vrai pour toute langue vivante.
Elle est d’abord des sons, une musique naturelle que l’école va expliquer et enrichir.
Autonomie et coofficialité pour qu’un Peuple existe. C’est un combat juste, qui n’a rien d’archaïque. Il est au sommet des valeurs humanistes quand il est mené par un petit Peuple qui refuse d’être sacrifié par le pouvoir des plus forts. Ce qui est le cas.
Conquis par les armes, soumis à une loi douanière un siècle durant pour le contraindre à n’avoir que des échanges à sens unique, non développé pour être un réservoir d’hommes pour les guerres et l’Empire, les colonies perdues, l’Argentella, et finalement terre vidée destinée au tout tourisme pour être rentabilisée, en faire un marché captif comme débouché des circuits hexagonaux (rapport de l’Hudson Institut), repeuplement par immigration dépassant les possibilités d’accueil… le nationalisme politique est apparu il y a plus de 50 ans pour faire pièce à ce génocide et déciller tous les autocolonisés.
Le Peuple Corse est comme tous les Peuples, il a ses bons, ses tordus. Il est petit et il a des droits comme tous les autres et le droit de ne pas subir la loi du plus fort. Mais on ne sauve pas un Peuple par procuration et donc par des « élus locaux » qui ne font pas la loi. Pour sauver et laisser une terre d’avenir à nos descendants, il faudra parvenir à faire la loi démocratique de justice et du respect des hommes. Ce faisant on est à l’avant garde du progrès, du vrai. On s’éloigne de la dépendance, de l’assistance, des trafics de primes ou de subventions. On gagne en fierté d’être plus libre de construire.
Max Simeoni.