Dialogue avec l’État

Quelle suite au processus ?

Max Simeoni
par Max Simeoni
Gilles Simeoni, président de l’Exécutif CdC, dans une page entière de Corse-Matin a déclaré il y a quelques jours qu’il serait prêt pour présenter, avant fin 2023, un projet complet des besoins insulaires et l’autonomie, entière de plein droit et de plein exercice. Une réforme constitutionnelle en 2024 prévue pour d’autres motifs antérieurement par l’État républicain est fixée, et on pourrait y glisser celle que nécessite l’autonomie de la Corse.

 

L’idée d’un dialogue n’a jamais été abandonnée par l’État, même si elle a été perturbée à plusieurs reprises pour des raisons d’ordre public (par exemple, l’assassinat d’Yvan Colonna à la prison d’Arles qui reçoit des détenus sous haute surveillance, etc).

 

Côté pouvoir central, deux lignes rouges – ne pas créer deux catégories de citoyens, ce qui est une atteinte aux valeurs universelles de la République ; la langue corse enseignée mais pas d’obligation de l’apprendre, aucune coofficialité en conséquence ; aucun droit spécifique de résidents autochtones fussent-ils de longue date, le patrimoine familial sur le marché de l’offre et de la demande.

Pire, une loi récente dégrève de plus de 20 % toute construction à valeur « locative » ! C’est une loi qui renforce donc la pression financière sur l’aliénation du patrimoine naturel, un environnement exceptionnel et préservé.

Quelques nantis corses une minorité pourront en bénéficier, la majorité empêtrée dans l’absence de partage sur plusieurs générations rendu difficile par les arrêtés Miot, pèsent peu devant des acquéreurs extérieurs qui ont l’argent sans entraves réglementaires. Les conséquences chiffrées mesurent ce phénomène : la Corse investit dans le tourisme pas plus que les autres régions les plus touristiques, moins de 6 à 7 % mais elle tire 20 % au moins de son PIB de l’activité touristique. On doit comprendre qu’elle n’a pas de structure économique. C’est donc le tout tourisme du schéma secret de l’Hudson Institute qui est à l’œuvre. La Datar a passé la main aux circuits financiers bancaires. Leur moisson est élargie, diffuse, plus lente mais tout aussi rentable (les délais de 15 ans pour 250.000 lits à édifier sont passés au double, 30 ans à ce jour). Les nouveaux propriétaires y séjournent ou louent au prix fort, souvent alternent les deux modes d’occupations. L’île est une proie facile pour les spéculateurs, les fraudeurs fiscaux… qui ouvrent la porte à la spéculation sans foi ni loi, à l’enrichissement facile, aux comportements mafieux… condamner la mafia est un vœu. Ceux qui en font partie le sont à titre moral mais on ne les gêne que si on s’attaque à la cause économique qui les provoque, c’est-à-dire à l’enrichissement facile pour peu qu’on ait une moralité élastique !

 

Quand l’île était vidée, en 1962 l’indépendance de l’Algérie par les accords d’Evian signés par De Gaulle, l’exil des autochtones n’a guère cessé (la population de l’île était de 160.000 habitants) Les derniers Pieds Noirs prêts à se regrouper pour rester, ce que le nouveau gouvernement de l’Algérie a refusé. La plupart alors quittent l’Algérie. Accueillir ces derniers colons de l’Empire français est l’obligation qui s’impose aux autorités de l’état. Il les aide à s’installer en Métropole. 17 à 18.000 se fixent sur l’île pour en fait inaugurer le renouvellement de la population, pour dans l’urgence régler un problème franco-français. Les fonds de la Somivac y pourvoiront. Ils étaient prévus selon le schéma d’aménagement pour l’agriculture en Corse. Ils ont laissé les agriculteurs corses le bec dans l’eau !

Un plan de solidarité allait de soi. Personne à ma connaissance n’y voyait rien à redire. Il convenait d’en avoir deux : ce dernier pour une solidarité naturelle, l’autre pour une agriculture capable d’installer des jeunes pour développer l’agriculture de l’Île.

Solidaire certes, participer à l’effort commun, faire une place, cela se comprend mais pas pour la laisser à d’autres ! C’est d’ailleurs dans le périmètre de Ghisunaccia où un vaste territoire dont usaient cinq communes issues de la Terre des Communs qu’il a fallu les partager entre ces cinq communes pour qu’elles soient conformes au droit républicain qui n’en avait aucune pratique juridique. Puis partager chacune entre les habitants pour les soutenir à créer cette agriculture nouvelle en Corse selon le plan de développement, à deux mamelles, l’agriculture et le tourisme.

On a, du côté du pouvoir d’État jacobin à Paris, le souci de rentabiliser l’île au moment où l’Europe à construire est décidée, en débutant par les régions délaissées, la façade atlantique, le Sud Ouest. L’Empire avait un trajet : Paris-Lyon-Marseille avec une branche par Gibraltar et l’autre par le canal de Suez. L’une pour avoir accès à l’Atlantique Sud et ses équateurs, l’autre vers l’océan Indien et ses comptoirs. Désormais il faut se débrouiller avec ses anciennes frontières suites aux guerres européennes et les peuples qui les chevauchent, bousculés, malmenés.

Les États d’Europe ont dû s’abriter sous le parapluie USA face au danger de Staline. Danger passé, le mur de béton démoli, ils ont initié le comportement nouveau « amis-amis » et ne parlent plus des tranchées et des millions de morts pour la patrie.

 

Un autre grand tournant est amorcé. Chacun veut sa bombe atomique. Leurs armées de conquérants ont été réduites en force de dissuasion gérées par des ingénieurs spécialiste de l’atome et des fusées. Les arsenaux pleins de ces bombes ont été vidés du sur plein. Des bombinettes se trouvent au marché noir ! Le club nucléaire a des difficultés à maîtriser la prolifération.

Décidément, l’homme n’a pas la maîtrise des conséquences de ses découvertes techniques car ses rapports entre eux sont dominés par la force politique. Sur une telle voie à sens unique, on peut subir mais jamais reculer.

L’ascension au Paradis ou la chute dans l’Enfer ? •