E riflessioni di Max Simeoni

Sortir du piège

par Max Simeoni

 

Ce lundi 18 avril, beau temps pour la traditionnelle dînette. Bien des enfants la feront, pour les parents le cœur n’y est pas.

 

La cherté de la vie va augmenter du fait de la curieuse guerre d’Ukraine, est-il annoncé par les prévisionnistes en tout genre. L’île est parmi les régions où la vie est la plus chère, retraités, pensionnés, personnages âgés sont plutôt des Corses d’origine et leur pouvoir d’achat est des plus bas. Ils vont donc souffrir, nombre d’entre eux risquent de rejoindre la cohorte importante des 60.000 habitants considérés dans la misère suivant les critères officiels.

Les nationalistes ont une majorité absolue, d’abord en coalition puis autour de Gilles Simeoni, seul. Il l’a voulue sans doute pour être débarrassé de la pesanteur des composantes et avoir les mains plus libres pour établir un dialogue avec le pouvoir central. Ce qui parût fonctionner.

 

Devant une agitation croissante, le gouvernement envoie le ministre de l’Intérieur Darmanin pour calmer le jeu avant le 1er tour proche des présidentielles. Il annonce un dialogue sans tabou y compris l’autonomie interne pour traiter les problèmes de l’île. Il ménage la première rencontre avec Gilles Simeoni pour marquer sa volonté d’échanger avec les élus et sans doute effacer la fameuse déclaration dédaigneuse « des élus locaux qui ne font pas la loi… » de la période de grâce suite à son élection de 2017.

L’irruption des jeunes étudiants, jeunes lycéens et autres, violente dans la rue, s’en prenant aux symboles de l’État (les services fiscaux à Bastia, la préfecture étant bien gardée…). Une violence à l’aspect insurrectionnel entend t’on dire. Le dialogue est suspendu par Darmanin. Il ne peut avoir lieu que si le calme revient. Il est revenu mais pourquoi ? Pour permettre une reprise du dialogue ou pour ne pas inquiéter les adultes qui étaient à leur côté, approuvant cette colère déclenchée par l’assassinat d’Yvan Colonna, à la prison d’Arles de haute surveillance ? Pour permettre les élections présidentielles et conserver le front unis de tous les adultes qui les soutiennent ?

 

Après le second tour, si le calme persiste, le dialogue devrait  aboutir à un projet pour la Corse avec un statut d’autonomie comme prévu avant la fin de cette année ? Ou voudront-ils reprendre les actions de rue même si à la fin de l’année scolaire et universitaire les passages de classes et les orientations vont préoccuper beaucoup d’entre eux ? Différer ces actions, la colère de tous, jeunes et moins jeunes tombée peut tout désamorcer. Mais la publication des enquêtes en cours parlementaire et administrative fera-t-elle toute la transparence sur l’assassinat d’Yvan Colonna et l’État sera-t-il en mesure de prendre l’engagement officiel qu’un tel scandale ne puisse plus avoir lieu ? Si le doute persiste, la confiance ne peut pas être et les violences seront de retour.

On voit d’autre part des attentats nocturnes, incendies, explosions contre des maisons de continentaux, des résidences secondaires de-ci de-là. La menace de « nuits bleues » ? Une nouvelle clandestinité qui se prépare et est prête à s’intensifier ?

Le transfert des deux autres membres du « commando Erignac », Alessandri et Ferrandi vient d’avoir lieu à la prison de Borgu. Vite et bien.

 

La semaine dernière dans mon article, j’ai dit d’emblée ma surprise et ma satisfaction de voir les jeunes s’insurger en masse contre l’injustice de la mort d’Yvan Colonna à Arles, prison de haute surveillance. Depuis, des informations que j’ai pu connaître sont venues me troubler tant soit peu.

Des groupes de jeunes lycéens auraient affirmé qu’ils n’étaient pas nationalistes ! Leur colère vient de quoi ? D’un simple et grand malaise provoqué par une incertitude, par une absence de perpective pour se projeter, par le fait qu’il sont proches par l’âge d’étudiants qu’ils ont connus au lycée et à peine leurs aînés,  leurs propres géniteurs sans certitude pour les conseiller ou les rassurer ?

On aura un Président de la République en fin de semaine, les analyses et les critiques des   gagnants et perdants vont suivre durant quelques jours mais surtout en fonction des élections législatives dont le nouveau roi républicain élu fera au mieux pour s’assurer une majorité fidèle afin de gouverner sans marasme.

Dans un tel contexte évolutif dominé par les polémiques électorales et souvent électoralistes, les nationalistes s’abstiendront, ou voteront pour l’un ou pour l’autre. L’appréciation est personnelle.

 

La réalité du combat nationaliste, celle du sauvetage du peuple corse en déclin démographique pour n’avoir été qu’un réservoir d’hommes pour les besoins d’une République impérialiste mondiale, coloniale et les grandes guerres meurtrières, se situe au niveau de l’Histoire.

Il s’agit d’abord de faire reconnaître l’existence d’un peuple corse nié jusqu’à ce jour et de ses droits de peuple et de lui faire obtenir les moyens de sa gouvernance et de son devenir. Étant entendu que l’État français soit assuré que sa sécurité en Méditerranée soit garantie. La sienne et partant celle de l’Europe en construction difficile.

La priorité pour ce sauvetage passe donc par le pouvoir du peuple corse reconnu, de faire ou d’infléchir la loi. Le stade d’une régionalisation par décentralisation, déconcentration, est une illusion dans la mesure où le temps presse, le risque d’un peuple corse minoritaire sur sa terre, l’île de Corse. Ce risque s’accélère. Vidée, en 1960 elle ne comptait plus que 160.000 habitants et elle a doublé par des apports extérieurs dont le rythme est élevé, plus de 4.000 nouveaux venus chaque année.

Dépeuplée, non développée (loi Douanière pendant un siècle 1818/1913), la rentabiliser pour l’État devient possible par un tout tourisme. Il en fait un marché captif qui importe plus de 97 %  de tout ce qu’il consomme. Plus de monde la visite où y habite, plus elle lui rapporte. Le rapport voulu secret de l’Hudson Institute commandité par la Datar, adopté en Conseil des ministres sous forme d’un schéma d’aménagement de la Corse en 1971, dévoilé par l’ARC qui se l’était  procuré, paraissait abandonné.

Il paraissait abandonné suite au tollé général une fois rendu public. En réalité, il se poursuit mine de rien derrière un discours soit disant économique moderne: la vocation touristique de la Corse est indéniable, l’île est attrayante et dépeuplée et la demande forte est au plus offrant, dopée par une fiscalité de dégrèvement de 30 % de taxe pour les constructions à valeur locative. Spéculations et comportements mafieux pour l’accaparement des terrains s’en suivent.

Les mandats des élus nationalistes de la CdC n’y peuvent rien mais majoritaires ils portent la responsabilité aux yeux des citoyens.

 

Il faut sortir de ce piège. Seul un mouvement au sein du peuple corse conçu pour un combat où l’urgence est d’obtenir l’autonomie et la coofficialité de la langue est à forger dès les législatives de juin terminées. Arrêter la mort programmée de notre peuple et avec abnégation remettre en place ses fondations. C’est l’outil à se donner pour se donner confiance et donner l’espoir à ce qui reste de peuple corse sur l’île. C’est le cadeau qu’on peut laisser à nos enfants d’une vie meilleure. •