par Max Simeoni
La Corse une est une colonie française et son peuple est menacé de disparition. C’est la raison historique de l’existence du nationalisme et, en conséquence, de la volonté de sauver le Peuple Corse sur sa terre.
La position géostratégique de la Corse en Méditerranée occidentale a conduit les peuples riverains à s’y intéresser de tous temps. Sans remonter à la Préhistoire, les découvertes archéologiques récentes vont dans le même sens. La France royale alliée de Gênes s’en empare après la bataille de Ponte Novu en 1769. Quelques années pour la pacifier, en 1789 la Révolution, retour de Pasquale Paoli exilé à Londres accueilli par Robespierre le saluant : « vous vous êtes insurgés contre la tyrannie alors que nous nous n’y songions même pas ! » Le centralisme dictatorial l’a amené à s’éloigner. Il a été menacé, il a joué l’Angleterre pays de l’habeas corpus, période du royaume anglo-corse de Sir Elliot, reconquête par la France et exil définitif de Paoli en Angleterre, la Restauration, Napoléon Ier, Napoléon III… Et la République justifie son impérialisme en Afrique, en Asie… dans le monde, aux peuples attardés au nom des valeurs universelles dont elle se dit l’exemple achevé.
En Corse, la France impose 95 ans la cynique loi Douanière, de 1818 à 1913. Elle la coupe de tout, sauf de la France qui, ne la développant pas, la fait régresser et s’en sert comme d’un réservoir d’hommes pour encadrer son vaste Empire et ses guerres. 1914-18 voit une saignée de ses procréateurs, 12.000 morts et sans doute autant d’estropiés.
En 1962, aux Accords d’Evian avec l’indépendance de l’Algérie, il ne reste que 160.000 hab. et les jeunes partent toujours. Deux documents révélés par l’ARC vont apporter la preuve de colonialisme des jacobins de la République.
Le premier document concerne un rapport secret commandité à l’Hudson Institute vers 1970/71 par la Datar alors directement rattachée au Premier Ministre concernant le développement du tourisme dans l’île. Parmi les quatre scénarios possibles de l’Hudson Institute, deux vont plus ou moins dans le sens de la préservation du patrimoine de nature de l’île et de la culture de ses habitants. Mais parmi les deux autres, un qui évoque – mais déconseille – un développement rapide par la construction de 250.000 à 300.000 lits et la venue de nouveaux arrivants pour renouveler le peu de population qui reste. La Datar le fait entériner en Conseil des ministres. Le gouvernement mène une campagne pour persuader l’opinion que le tourisme est le « moteur du développement économique », la prospérité et le bien-être pour tous ses habitants. L’ARC en a connaissance à ce moment et rle évèle publiquement. L’État est pris la main dans le sac. Il ment effrontément ; ridicule, il va jusqu’à dénigrer l’Hudson Institute qui est tenu au secret par contrat. Pitoyable.
Le deuxième document est à l’origine des modalités de l’occupation de la cave d’Aleria. La bataille contre la vinasse. Des caves et des autorisations de plantations en vigne limitées par la loi, des facilités accordées aux Rapatriés en lots et en subventions, les excès et les dérives qui s’en suivirent, étaient connues de tous et dénoncées par l’ARC. Jean Mannarini, cadre commercial à la maison Mattei, nous fait part d’un document qui met en cause quelques gros négociants Pieds Noirs qui sont associés dans la Covirep, ils font les prix mais aussi ils sont escrocs car ils pratiques des traites de cavalerie. Le moment est donc venu de crever cet abcès du vin chimique. La cave d’Aleria est occupée le 25 août 1975. Poniatoski fait donner l’assaut. Le préfet Gilli ignore que nous détenons le document Covirep et cherche à nous confondre en impliquant Jean Mannarini et la maison Mattei qui vient d’être racheter par Borgheti pour lui-même, directeur financier de la régie Renault, la spéculation des terrains Mattei constructibles l’intéressant d’avantage que de fabriquer du Cap Corse. Je révèle à toute la presse, y compris internationale accourue à Aleria, la preuve de l’escrocquerie.
Quoique dénoncé, ce colonialisme s’est poursuivi plus soft. Les chiffres à charge sont éloquents.
L’île est la première pour les résidences secondaires. La loi de remise de 30 % pour les « constructions à valeur locative » a amplifié la tendance. Le tout tourisme est lancé, impossible à maîtriser sans pouvoir règlementaire réel ni législatif. Ce tourisme est pour 30 % dans le PIB insulaire soit trois fois plus que les meilleures régions à vocation touristique ce qui signale la faiblesse des autres secteurs économiques. L’île est un marché réservé pour des intérêts de productions extérieurs à elle même. Elle importe plus de 97 % de tout ce qu’elle consomme par les plateformes de Marseille essentiellement qui nous revendent au prix fort ce que nous produisons. La clémentine, qui approvisionne la grande partie de l’Hexagone, nous revient comme consommateurs au double du prix coûtant. Ainsi de suite.
Beaucoup d’insulaires vivotent de ce tourisme, quelques-uns s’enrichissent. Tous des prisonniers.
L’île est une des régions les plus pauvres, la vie y est la plus chère, 60.000 précaires et autant à la marge. Le piège est refermé.
Avec sa majorité « absolue » nationaliste d’une coalition rompue et dévolue au seul Gilles Simeoni, l’espoir du sauvetage du Peuple Corse en voie de disparition se joue dans les seules élections de mandats et de postes d’un 4e statut particulier (celui de Cazeneuve après ceux de Jospin, Joxe et Defferre). Ils sont des pièges aménagés pour donner l’illusion d’un pouvoir. La preuve a été donnée. Comment peut-on oublier que la République a refusé la Charte des langues régionales et minoritaires proposée aux États par le Conseil de l’Europe ? Ou que son Conseil Constitutionnel a refusé le vocable de Peuple Corse que j’avais réussi à faire insérer par Joxe lors des entretiens dans les échanges préalable à son statut nouveau (« la bande des quatre » : José Rossi, Laurent Croce, Henri Antona et moi-même). Pour changer la Constitution, il faut une volonté politique qui est incompatible avec la philosophie des jacobins républicains.
C’est un rapport de force politique historique. Les réformes de statuts, les espaces de gestion partielle octroyés, sont des illusions. Le renouvellement de la population insulaire s’est accéléré ces 30 dernières années par des apports extérieurs : 330.000 hab. aujourd’hui, elle a doublé depuis 1962.
La campagne des Présidentielles, à 10 mois du premier tour, va s’accélérant. Les engagements pris par les futurs candidats, l’élu ou les autres, n’offrent aucune garantie. Lundi 31 janvier, Jadot en compagnie de François Alfonsi semble sur la voie de l’autonomie et s’il est élu Président, encore faut-il qu’il dispose d’une majorité au Palais Bourbon qui le suive sur l’autonomie pour la Corse.
Pour sortir des pièges jacobins, il faut un outil en capacité d’ouvrir les cages : le parti conçu pour cette libération au sein de notre peuple. À la fin de ce cycle électoral, il faudra aller vite. •